Sujet :

 L'anglicisation du Québec

Date :

29/02/2008

Envoi d'Aleks Kadar (courriel : aleks.kadar(chez)free.fr)     

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Voici un article que ne renieraient pas nos Darcos, Pécresse, Attali, Minc, et j'en passe parmi nos élites anglomaniaques.

Et le pire est qu'il nous vient du Québec !

Le Québec est-il alors vraiment le dernier bastion de la défense du français ?

Que penser de cette conclusion faite par les auteurs ? : « En refusant par deux fois de se donner un pays, et ce, dans un contexte où les retombées des mesures d'aménagement linguistique seront toujours insuffisantes, les Québécois ont déjà plus ou moins consciemment fait le choix de l'anglicisation ».

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AK

 

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Opinion

Angliciser le Québec

La situation du français au Québec inquiète. Le débat oppose les tenants d'un renforcement de la Charte de la langue française à ceux qui souhaitent favoriser le bilinguisme des Québécois dans le but de faire du Québec un point de rencontre entre les cultures anglophone et francophone. Mais personne n'a jusqu'ici soulevé l'intérêt d'une troisième voie, celle d'une anglicisation portée par un réseau scolaire anglophone unique accueillant tous les jeunes Québécois.

Reconnaître la défaite

Depuis la Conquête, l'attrait qu'exerce le français sur les nouveaux arrivants n'a jamais suffi à permettre aux francophones de maintenir leur poids démographique au sein de la société canadienne. Majoritaires jusqu'au milieu du XIXe siècle, les francophones ne constituaient plus que 29 % de la population canadienne au recensement de 1951. La chute subséquente de la natalité a contribué à accélérer ce déclin, le Canada comptant actuellement presque autant de francophones (22,1 %) que d'allophones (20,1 %). La relégation des francophones canadiens au rang de minorité ethnique est inévitable. Le multiculturalisme prôné par Pierre Elliott Trudeau passera ainsi du statut de politique à celui d'état de fait.

Certes, jamais autant de personnes n'ont parlé français. Cependant, le vieillissement de la population rend inévitable une baisse prochaine de ce nombre. De surcroît, notre poids politique s'amenuise constamment, et Montréal, coeur culturel de la francophonie canadienne, s'anglicise graduellement, sans que des mesures en faveur du français puissent réellement inverser cette tendance.

Le Québec coupé de Montréal

L'anglicisation de Montréal, sans celle des régions, imposera un retour à la situation qui prévalait dans le Québec d'autrefois. En effet, ce déclin du fait français s'opère de façon asymétrique; marqué à Montréal, il est presque inexistant dans le reste du Québec. Puisque Montréal constitue le principal point d'arrimage du Québec au monde, la locomotive de son économie, le lieu de vie et de travail de ses professionnels, artistes et chercheurs, nous verrons inéluctablement un retour à la situation qui prévalait dans le Québec d'antan. Parler français ne sera plus qu'une manifestation de repli sur soi, fruit d'une stratégie de survivance anachronique, un facteur d'isolement et un frein à la réussite économique.

À cette « louisianisation » qui attend les Québécois des régions, la mise en place d'un enseignement uniquement en anglais constitue toutefois une solution. Le maintien d'un réseau scolaire en français favoriserait en effet indûment les jeunes Montréalais, qui, étant plus naturellement bilingues que leurs concitoyens des régions, bénéficieront seuls des opportunités offertes par notre métropole anglicisée. Un système scolaire anglophone éviterait ainsi une discrimination basée sur l'origine géographique, en accord avec les valeurs québécoises de justice sociale et d'équité interrégionale.

Un renouveau culturel

Au-delà de ce constat, il convient cependant de voir en quoi l'anglicisation peut être l'occasion d'un renouvellement radical de la culture québécoise, porteur d'un épanouissement sans précédent. Évidemment, l'anglicisation du réseau scolaire déboucherait sur celle de la société tout entière. Toutefois, à force de constamment présenter l'anglicisation sous le seul angle de l'abandon d'un héritage linguistique, on en vient à oublier les avantages, pourtant bien réels, que tirerait l'expression culturelle québécoise de ce processus.

Adopter l'anglais, ce serait préférer une langue parlée au sein d'une multitude de nations dynamiques et influentes, et dont les locuteurs admettent volontiers la multiplicité des accents et des usages. [...]

En optant pour la lingua franca contemporaine, nous épouserions aussi une langue qui, solidement ancrée en terre d'Amérique, serait plus à même de décrire notre réalité. La langue populaire permet certes depuis longtemps aux Québécois de penser et de dire leur réalité, mais elle demeure incompréhensible pour les autres francophones. L'anglais, dont la norme est actuellement nord-américaine, nous offrirait cette même possibilité, tout en nous évitant le risque de créolisation et l'isolement que celle-ci entraîne dans le cadre francophone. En s'affranchissant d'une langue qui confine au repli, les Québécois pourraient enfin s'épanouir pleinement et se voir participer activement à l'essor du monde anglo-saxon, qui concentre depuis longtemps les plus grands scientifiques, intellectuels et artistes de la planète.

Un projet collectif

L'anglicisation de la société québécoise, assurée par l'instauration de l'éducation obligatoire en langue anglaise pour tous les jeunes Québécois, ne se ferait certes pas sans heurts. Il est en effet bien difficile d'abandonner le chemin qui est depuis longtemps le nôtre afin d'en emprunter un qui, recelant les plus grandes promesses, n'en demeure pas moins marqué d'une négation de ce que nous sommes aujourd'hui.

En refusant par deux fois de se donner un pays, et ce, dans un contexte où les retombées des mesures d'aménagement linguistique seront toujours insuffisantes, les Québécois ont déjà plus ou moins consciemment fait le choix de l'anglicisation. Ils peuvent dès lors assumer ce choix et ainsi profiter rapidement des bénéfices de son plein accomplissement, ou persister dans la voie, laborieuse et tortueuse, de l'anglicisation par inertie..

 

Roberto Campeón, Montréal
Emanuel Dion-Goudreau, Montréal

 

Source : Le Devoir.com, le jeudi 28 février 2008

http://www.ledevoir.com/2008/02/28/178055.html

 

 

 

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Réactions :

Votre article sur l'anglicisation du Québec est révoltant ! Une culture n'est pas un objet extérieur dont on peut jouir et changer à sa guise comme on ferait ses courses, c'est quelque chose de transcendant et de consubstantiel à des esprits d'aujourd'hui, d'hier, et de demain (sauf si on vous écoute. S'angliciser c'est trahir, c'est perdre un esprit, c'est renoncer, c'est être faible. Vous voulez vraiment sacrifier vos valeurs à vos intérêts ? Si oui, vous n'avez pas le sens des hiérarchies, et l'on trouve chez vous des ferments de collaborateur et de triste sire ! Vous êtes des champions de votre propre effacement.

Le drame des Québécois, des francophones, et de la majorité de l'Humanité, est aujourd'hui d'avoir à choisir entre leurs intérêts économiques (parler anglais, être anglophones, être anglo-saxons) et leurs valeurs (égalité des peuples, préservation de la diversité, refus des hégémonies injustes par essence, etc.) parce que l'anglais domine comme jamais une langue n'a dominé. Au lieu de soumettre la morale aux intérêts (ce qui se paierait tôt ou tard) en pratiquant l'opportunisme linguistique, c'est la domination de l'anglais qu'il faut remettre en cause radicalement au lieu de s'y résoudre par stupidité et par faiblesse ! 92% de l'Humanité y a intérêt, ne serait-ce que pour clouer le bec aux collabos de votre espèce et les privant de tentations et d'occasion de trahir !

Pour sortir de la logique de la force dans le domaine des langues comme les pays européens sont sortis entre eux de la logique de la force, il faut une langue commune de droit, et celle-là ne peut être que neutre et anationale. L'Espéranto, ou la latin simplifié, vous connaissez ?

Quant au système scolaire Québécois, qu'il reste tout en français, évidemment ! Cela ne pose pas non plus de problème d'équité entre Montréal et le reste du Québec ! Que l'anglais s'apprenne comme langue étrangère, avant de devenir aussi facultatif que l'espagnol ou l'allemand une fois que sa domination aura été sapée.

Parce que survivre n'est jamais anachronique.

Jérémie.

 

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J'avoue être éberlué de voir qu'un tel article figure dans un journal qui a toujours été à la pointe de la lutte pour les droits des Québécois. Que se passe-t-il à la direction du journal ? Le Devoir a-t-il été racheté par un groupe anglo-saxon ? par Rupert Murdoch ? par la CIA ?

Charles Durand
 

 

 

 

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