Sujet :

 L'anglomanie aux JO de Pékin

Date :

21/08/2008

Envoi d'Aleks Kadar  (courriel : aleks.kadar(chez)free.fr)     

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

Faut-il être québécois pour s'inquiéter de l'anglomanie des JO de Pékin ?

Un article qui tranche avec toute la série d'articles plutôt rassurants quant à la place du français à Pékin.

La France a de la chance : son nom s'écrit pareil en FR et en EN ! On ne peut pas la soupçonner d'anglomanie, de trahison de sa propre langue, à la simple lecture de ses maillots.

Malheureusement, d'autres signes ne trompent pas. Voir l'article suivant de L'Express.

On voit ici la différence flagrante entre les médias québécois ou les associations défendant le français et les grands médias français acquis à la cause du tout-anglais, de la France bilingue français-anglais.

Ainsi pour cette journaliste de l'hebdomadaire français L'Express, il y a un problème de communication en Chine entre athlètes étrangers et locaux,
mais uniquement car les Chinois ne parlent pas assez bien anglais.

Les autres langues n'existent pas. La seule chose qui préoccupe L'Express, c'est le niveau en anglais des Chinois. Comme si c'était aux Français de de s'inquiéter du niveau d'anglais des Chinois !

On constate qu'il reste à faire un énorme travail de sensibilisation à la politique linguistique en France. Pour expliquer que le tout-anglais pour tout le monde, s'il peut contribuer à une meilleure communication, a aussi et surtout des conséquences politiques, financières, symboliques, non négligeables.
Que l'apprentissage par tout le monde à haute dose de l'anglais, s'il  peut procurer quelques avantages à certains, a un coût important pour tout le monde, sauf on-sait-qui.

À Pékin, « tout est bon pour s'exprimer » en chinois et surtout en anglais. On voit que le problème des langues reste actuel dans certains endroits du monde. Et que l'utilisation d'une langue de communication neutre et efficace apporterait beaucoup. Remarquons encore les commentaires, dont certain(s) sont désolants de carpettisme, d'auto-flagellation, de masochisme.

AK


 

L’anglomanie aux JO de Pékin

 

« Belgium », « China », « Finland », « Japan », « Russia », voilà comment ces pays se présentent eux-mêmes à la face du monde aux Jeux olympiques de Pékin, comme on le constate en lisant ces dénominations sur les vêtements et survêtements de nombre de leurs athlètes. Le français, le chinois, le finnois, le japonais et le russe ont bonnement été remplacés par l’anglais.

Cela fait un peu penser à ces vieux films hollywoodiens dans lesquels le héros voyageur tombait sur un panneau avec le nom d’un pays étranger écrit dessus en anglais. C’était rassurant. Mais Pékin n’est pas Hollywood, c’est la réalité.

Je vous le demande : pourquoi faire un tel cadeau à une langue qui ne fait pas de quartier dans le monde ? Déjà qu’il est choquant que le slogan « One World, One Dream » n’ait pas été traduit en français, ce qui est faillir à l’égalité du statut de l’anglais et du français aux JO et faire offense à Pierre de Coubertin (la figure marquante derrière la renaissance de l’olympisme moderne).

Heureusement que des pays comme le Brésil (« Brasil »), la Grèce (« Hellas »), l’Italie (« Italia », avec des caractères joliment stylisés à la chinoise pour faire honneur au pays hôte), les Pays-Bas (« Nederland ») et la Serbie (« Srbija ») n’ont pas succombé à l’anglomanie ambiante.


Sylvio Le Blanc
 

Source :temoignages.re, le 20 août 2008

http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=31780

 

 

 

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Pékin à l'heure du « chinglish »

À Pékin, chacun se débrouille, c'est cocasse. Mime, onomatopées, cartes de visite d'hôtel... tout est bon pour s'exprimer.

 

Pour éviter le syndrome de l'Occidental déboussolé à la Bill Murray dans Lost in Translation, le film de Sofia Coppola, la délégation française s'est offert les services de 11 interprètes.

Les médias travaillent aussi en sous-titré. L'équipe de Canal+ menée par l'ex-défenseur des Bleus vainqueur de la Coupe du monde en 1998, Bixente Lizarazu, ne tourne jamais sans sa traductrice. Comme Jean Galfione, champion olympique de saut à la perche à Atlanta (1996), reconverti en reporter à Pékin : « Les Français baragouinent un anglais de meeting d'athlétisme et les Chinois, leur propre dialecte ».

Pas évident d'insuffler le bilinguisme à une nation qui fut longtemps rétive à l'assimilation du b.a.-ba de son rival capitaliste. Dans les années 1970, une génération d'écoliers articulaient « Vive le président Mao ! »  en cours de langue. Aujourd'hui, les manuels scolaires regorgent de « I'm going to judo practice ».

L'un des pionniers de l'apprentissage de l'anglais en Chine s'appelle Mei Ren Yi. Il dirige aujourd'hui le centre d'études américaines à l'Université des langues étrangères de Pékin. Le chercheur a été l'un des premiers à décrocher une bourse aux États-Unis, en 1982. « Dès la fondation de la Chine nouvelle, le pays n'avait besoin d'interprètes que pour ses relations diplomatiques, dit-il. Aujourd'hui, la nation signe des contrats avec le monde entier, l'anglais n'est plus une curiosité. Le niveau des étudiants s'améliore, mais on ne l'apprend pas en donnant quelques cours du soir aux chauffeurs de taxi ! »

Chez les sportifs chinois, on s'y met doucement. Faute de maîtriser l'idiome, les haltérophiles, les gymnastes, les tireurs restent souvent isolés. En tennis de table, la discipline n°1 du pays, un seul entraîneur parle anglais. De sa chambre du village olympique, le pongiste français Christophe Legout aperçoit les appartements de l'équipe chinoise. « Mais on ne discute pas vraiment, relève-t-il, les joueurs ne se déplacent qu'entourés de leur super grosse délégation ».

Projetées sur le circuit féminin WTA, les joueuses de tennis comme Jie Zheng se débrouillent mieux. « Mais, dès que je m'adresse à un officiel chinois, je parle plus lentement que si j'étais à Prague », souligne Patrice Dominguez, directeur technique national. Au début des Jeux, certaines conférences de presse ont viré à une succession de faux départs. Après sa victoire contre le Russe Tursunov, Roger Federer s'y est pris à trois reprises avant de pouvoir répondre. L'interprète n'en finissait plus d'interpréter. Le Suisse a mimé un geste d'impuissance : « Maintenant j'ai oublié la question »À Pékin, les JO riment avec « nai xin », « patience », en chinois.

 

 Marie Huret

 

Source : Lexpresse.fr, le 21 août 2008

http://www.lexpress.fr/actualite/sport/pekin-a-l-heure-du-chinglish_551876.html?p=2

 

 

 

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