Sujet :

De la Raudière et la langue française

Date :

22/11/2007

Envoi d'Aleks Kadar  (courriel : aleks.kadar(chez)free.fr)     

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

Aiguisez votre souris, un article d'une néo-députée (UMP) française sur son blogue Libé, qui mérite hautement réaction !

Extrait :
« Cependant j’imagine mal une entreprise française cessant d’utiliser des termes techniques qui n’existent qu’en « anglo-américain » ou être contrainte pour déposer un brevet mondial de le faire traduire dans des centaines de langues (ce qui serait inévitable au nom d’une réciprocité bien logique) ».

Évidemment, si vous voulez faire traduire votre brevet dans une centaine de langues, que le marché intérieur des 600 millions (sic) de francophones ne vous suffit pas, ça va coûter cher ...

Je trouve que le Protocole de Londres (ou de Kyoto, on ne sait plus très bien) est peu défendu parmi les commentaires à l'article !

AK

 

 

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De l'habileté des lobbies* à détourner le fond…

Même après cinq mois de mandat, les sujets d'étonnement restent nombreux. Je suis par exemple frappée par la grande différence entre l'esprit initial d'un projet de loi et l’interprétation qui en est faite par mes collègues, par les associations diverses, puis par les médias, donc par le grand public.

Prenons l'exemple du projet de la ratification du « Protocole de Londres ». Son objectif est de réduire les coûts et les délais du dépôt de brevet en Europe.

Signé à Londres le 17 octobre 2000, il met en place un régime de traduction des brevets européens moins coûteux pour les déposants. Il ne modifie pas le statut du français qui demeure l’une des trois langues officielles de l’Office européen des brevets (OEB).

Antérieurement, le brevet devait être traduit dans la langue du pays où il est déposé. Après le protocole de Londres, ce n’est plus nécessaire : le descriptif contenant les éléments essentiels du brevet doivent être traduits uniquement dans les trois langues officielles de l’OEB, dont le français, le reste des documents ne fera plus l’objet de traduction.

Au tout début, en tous cas, aux yeux du chef d'entreprise que je suis, la ratification s’impose pour le bien de tous : il simplifie le dépôt de brevet en Europe et assure ainsi la protection du savoir-faire et des innovations de nos PME à l’étranger. C’est un enjeu majeur.

Aucune personne ayant travaillé avec des entreprises internationales ne peut raisonnablement imaginer imposer le français à tous ses interlocuteurs sur la planète.

De plus, à ce jour, les trois grands déposants de brevets en Europe étant dans l’ordre l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, on assiste à un trilinguisme de fait. Même si aujourd'hui, que nous le voulions ou non, le langage des brevets est le plus souvent l' « anglais des affaires ». Cela ne séduit pas plus les Chinois ni les Russes que les 600 millions de francophones.

Pour les anglicistes distingués, je rappelle que l’anglais des affaires, largement mâtiné de mots empruntés à toutes les cultures, n'a pas grand chose à voir avec l'anglais des amoureux de Shakespeare.

Ayant eu la chance de rencontrer à l'étranger des personnes férues d’épanouissement culturel qui montraient un intérêt réel pour notre langue et notre littérature, j'ai rarement eu l'impression que ces dernières étaient en péril.

C'est donc avec surprise que j'ai vu, le 26 septembre, un débat aussi oublieux de notre intérêt réel que saugrenu s'installer, on y invoque pêle-mêle : la fin de l’identité française, le spectre de la disparition de notre langue à l'étranger, la menace du « tout anglophone », etc.

Mieux : des personnes comme moi seraient les causes d’une inéluctable disparition de la culture française ! Pas moins que cela !

J'ai donc reçu des plaidoyers enflammés de divers défenseurs autoproclamés de la langue française, tous déplorent l'utilisation exclusive de l'anglais dans le monde des brevets, alors que, nous l’avons vu, ce n’est ni exact ni obligatoire.

Culturellement, je suis bien loin d'être fervente du "globish", ce mélange médiocre de français et d'anglais utilisé à tout-va dans les entreprises et plus encore dans les médias.

Cependant j’imagine mal une entreprise française cessant d’utiliser des termes techniques qui n’existent qu’en « anglo-américain » ou être contrainte pour déposer un brevet mondial de le faire traduire dans des centaines de langues (ce qui serait inévitable au nom d’une réciprocité bien logique)

Je veux donc, en des termes plus courtois que ceux que l'on m'a servis, vous dire que, comme vous, je respecte et j'aime notre langue. Mais, de grâce, gardons les pieds sur terre et cessons de diaboliser un texte simple, logique, créateur de richesse pour la France et inoffensif pour sa langue.

Bref, ne faisons pas d’amalgames et avançons, ensemble…

Pourtant, et pardon pour cette flèche du Parthe : je pense que nos enfants doivent et devront impérativement maîtriser la langue « honnie ».

Si nous voulons que le français vive, apprenons l’anglais pour faire rayonner la France jusqu’à l’extérieur de nos frontières !…

 Laure de La Raudière

 

* Note de l'A.FR.AV, « groupe de pression », en français !

 

 

Source : auxmarchesdupalaisbourbon.blogs.liberation.fr, le 19 novembre 2007

http://auxmarchesdupalaisbourbon.blogs.liberation.fr/2007/2007/11/mme-aprs-cinq-m.html

 

 

 

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contact@la-raudiere.com

 


 

 

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