Sujet :

Montrons notre solidarité et notre sympathie à M. Villemaire

Date :

25/10//2009

De Bernard Desgagné (courriel : bernard.desgagne(chez)videotron.qc.ca)  

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

Voici la réponse de Jean-Roch Villemaire au Droit et à Power Corporation

Je vous invite à prendre connaissance de la réponse du camarade Jean-Roch Villemaire à Pierre Jury, du journal Le Droit, et à Power Corporation.

Cette réponse a été publiée partiellement par Le Droit, dans son édition papier du samedi 24 octobre, compte tenu du droit de réponse que les médias sont tenus d'accorder aux personnes qu'ils mettent en cause, comme le précise le Conseil de presse du Québec (Droits et responsabilités de la presse, novembre 2003, p. 27) :

« Les médias et les journalistes ont le devoir de favoriser un droit de réplique raisonnable du public face à l’information qu’ils ont publiée ou diffusée. Ils doivent, lorsque cela est à propos, permettre aux personnes, groupes ou instances de répliquer aux informations et aux opinions qui ont été publiées ou diffusées à leur sujet ou qui les ont directement ou indirectement mis en cause. » 

Mais, bien entendu, Power Corporation n'a pu se résoudre à donner autant de visibilité à Jean-Roch qu'à son éditorialiste. L'éditorial de M. Jury avait eu, comme d'habitude, une place de choix dans le site Cyberpresse, tandis que la réplique de Jean-Roch n'a été diffusée que dans la version papier du Droit. Il faut dire, à la décharge de ce journal, que les décisions sur le contenu de Cyberpresse ne relèvent pas de lui. Le pupitre du webmestre de Cyberpresse n'est sans doute pas très loin du bureau d'André Pratte, l'exécuteur par excellence des basses œuvres médiatiques de Paul Desmarais.

Jetez donc un coup d'œil à la version complète de la réponse de Jean-Roch et n'hésitez pas à lui écrire un mot pour l'encourager. Il en a grandement besoin après avoir subi des condamnations injustes, un interrogatoire de neuf heures par la police et le harcèlement des médias friands de cotes d'écoute, mais très peu enclins à parler du bilinguisme assimilateur. Jean-Roch subira son procès en janvier. Il est encore à la recherche d'un bon avocat et il accepte les dons en argent.

Envoyez un message de soutien à M. Villemaire :

jrvillem@hotmail.com

Adresse pour les dons :

Jean-Roch Villemaire

32 rue de Lyon

Gatineau, Québec  J8T 1L4

 

 

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Inacceptable vous-même !

Réponse à Pierre Jury et à Power Corporation

 

Pour les lâches, la liberté est toujours extrémiste. — Pierre Falardeau

 

 

Dernièrement, j’ai envoyé quelques courriels aux West Quebecers et à Barbara Charlebois pour exiger qu’ils cessent d’angliciser le Québec. J’ai écrit « Français », « Québec libre » et « FLQ » sur deux vitres et sur l’enseigne des West Quebecers. J’ai enlevé une dizaine de pancartes électorales de Mme Charlebois. Je n’ai pas commis d’actes de violence, ni fait d’appels à la violence. Compte tenu de l’inaction de l’État québécois devant les reculs du français, j’ai pris avec désintéressement la défense de mon peuple. Je suis coupable d’avoir écouté mon cœur.

Au lieu de s’interroger sur l’effet assimilateur du bilinguisme, certains médias ont exploité à fond le sensationnalisme. Ils ont répandu des faussetés et commis des abus de langage qui déshonorent la profession de journaliste. Par exemple, on a relayé des cancans à propos de ma prétendue association avec le maire de Gatineau. On a qualifié mes actes de « vandalisme », mot signifiant la « tendance à détruire ou à mutiler gratuitement des œuvres d’art, des équipements publics ». Gratuitement ? Œuvres d’art ? Équipements publics ?

Mais, les faussetés colportées dans certains médias ne sont rien comparativement à la campagne de diffamation du Droit. Cette campagne a atteint son paroxysme dans l’éditorial de Pierre Jury, le 16 octobre 2009. Sous le titre « Inacceptable », M. Jury a recours à un amalgame honteux pour m’accabler de tous les maux : extrémisme, antisémitisme, xénophobie, violence. En même temps, il associe ces maux au nationalisme québécois, qui serait atteint d’une tare congénitale. Le procédé est souvent employé dans les journaux liberticides de Power Corporation, qui tire hypocritement les ficelles de la politique québécoise et fédérale.

M. Jury et Le Droit sélectionnent les faits qui leur conviennent et taisent ce qui ne cadre pas dans la caricature qu’ils peignent. Le monde selon M. Jury se résume à quelques équations simples. FLQ = enlèvements et assassinat. Parizeau = xénophobie. Villemaire = extrême-droite fasciste. Commençons par le cas du FLQ.

Faut-il bannir le Parti libéral à cause de ses commandites ? Faut-il condamner tout ce qui respire à Ottawa parce que l’État fédéral confine les autochtones dans des réserves aux conditions de vie dignes du tiers-monde ? Les actes malheureux de certains felquistes n’invalident en rien la légitimité de la lutte de libération du Québec. Faire sauter un monument à la gloire de l’oppresseur est peut-être illégal, mais ce n’est pas un crime contre l’humanité. Décapiter la tyrannie non plus. C’est l’histoire qui nous l’enseigne.

Pierre Trudeau porte une responsabilité au moins aussi grande que le FLQ dans la Crise d’octobre. Pire encore, après cette crise, le FLQ, c’était la GRC. Des agents posaient des bombes, commettaient des vols qualifiés et enlevaient des militants. Des hauts gradés rédigeaient des communiqués. J’invite le lecteur à se renseigner.

Parlons maintenant du fascisme. M. Jury considère que les groupuscules ayant sévi jadis au Québec ont été engendrés par le nationalisme québécois. Or, la figure de proue de ces groupuscules, Adrien Arcand, était un anglophile et un grand ami d’Ottawa. Son journal était financé par le Parti conservateur fédéral. M. Jury se garde bien de le dire. Il ne dit pas non plus qu’en fait d’antisémitisme, il est difficile de faire pire que Mackenzie-King, qui a renvoyé à la mer les Juifs du paquebot St. Louis, les condamnant ainsi à l’extermination dans les camps de la mort d’Hitler, en qui Mackenzie-King voyait « un des sauveurs du monde ».

M. Jury se garde bien aussi de rappeler le sort réservé par Ottawa aux Canadiens d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce ne sont pas les nationalistes québécois qui les ont internés et dépouillés de tous leurs biens et qui ont mis près d’un demi-siècle à leur présenter des excuses.

M. Jury laisse entendre que dénoncer la naturalisation accélérée des immigrants, en 1995, serait une manifestation de xénophobie. Pourtant, être contre l’instrumentalisation des immigrants par Ottawa ne signifie pas qu’on est contre les immigrants eux-mêmes. Si Jacques Parizeau avait été xénophobe, aurait-il marié Alice, immigrée d’origine polonaise ? En fait, M. Parizeau a été anathématisé par l’église fédérale parce qu’il a été le premier à dénoncer les violations flagrantes des règles démocratiques en 1995. M. Jury nie-t-il que ces violations aient eu lieu ? Si ce ne sont que des inventions, pourquoi Robin Philpot n’a-t-il fait l’objet d’aucune poursuite pour diffamation après la publication de Référendum volé et des Secrets d’Option Canada ? Les riches et puissants qui nous tiennent en laisse ne manquent pourtant pas d’avocats.

Alors, qu’est-ce que le nationalisme ? C’est la solidarité et le désir de justice sociale pour les siens, y compris ceux qui se joignent à la nation par l’immigration. Je suis à des années-lumière des idéologies répugnantes, comme le nazisme, motivées par la haine de l’autre. Ma dénonciation de certaines pratiques d’immigration n’est pas inspirée par un sentiment xénophobe ; je critique plutôt l’exploitation de la misère par la mondialisation sauvage. Je suis solidaire des populations autrefois victimes du colonialisme et aujourd’hui écrasées par le capitalisme néocolonial. Les affiliations que me reproche Le Droit relèvent au mieux de l’ignorance, au pire de la calomnie. Tant qu’à vouloir me coller des étiquettes, il serait plus honnête d’associer ma démarche politique à des figures contemporaines qui m’inspirent vraiment, comme Hugo Chavez et Evo Morales, ou à des figures historiques comme Che Guevara, Patrice Lumumba et Malcolm X. Extrême-droite, dites-vous ?

M. Jury écrit que l’Outaouais vient de vivre un triste épisode. Sans doute, mais je n’en suis pas la cause première. C’est l’irresponsabilité du gouvernement Charest dans le dossier linguistique et le comportement méprisant des West Quebecers qu’il faut blâmer. Mes actes sont aussi la conséquence du musèlement du mouvement indépendantiste par le système fédéral. Nous nous battons contre un empire politique, médiatique et financier. Nos adversaires ont pour eux le gouvernement, la police, l’armée, l’argent et les médias. Il ne nous reste que notre courage.

 

 

 

Jean-Roch Villemaire
Tribune libre de Vigile
 

 

Source : vigile.net, le jeudi 22 2009

http://www.vigile.net/Inacceptable-vous-meme#forum23546