Sujet :

Répondre au maire de Tokyo

Date :

23/12/2007

De Charles Durand  (courriel : charles.durand(chez)hotmail.fr)  

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

Je ne pense pas que porter plainte soit le moyen le plus efficace de faire respecter la langue française. Bien au contraire, elle place le français sur la défensive.

Il faut avoir vécu en Asie pour savoir que les Japonais, pourtant célèbres pour leur politesse et leurs mœurs raffinées, peuvent aussi se révéler extrêmement méprisants à l'égard d'autres cultures et d'autres peuples et que, de plus, chez eux, les renversements d'attitude peuvent être soudains. Dans un pays ou les valeurs transcendantales n'existent pas et ou les valeurs et la morale sont surtout a référence sociale, l'amitié ostentatoire peut se transformer en hostilité directe du jour au lendemain.
 Hélas, nous n'avons plus de personnalités telles que Paul Claudel, ambassadeur au Japon de 1921 a 1927, je crois, et en qui les Japonais avaient le plus profond respect et de nombreuses affinités.

Shintaro Ishihara, maire de Tokyo
 
Ce n'est pas la première fois qu'Ishihara déblatère sur le français. Il serait intéressant de connaître l'origine de sa hargne mais, dans ce cas, je crois que la manière la plus efficace pour que les Japonais apprennent a ne plus dire de sottises a propos du français aurait été d'attaquer le japonais, par exemple critiquer les incohérences de l'écriture japonaise. À l'occasion d'une cérémonie officielle, notre ambassadeur aurait pu rappeler que ce n'est que vers l'âge de 18 ans qu'un jeune Japonais est finalement capable de lire un journal dans son intégralité ! Le japonais écrit est en fait un affreux mélange inutilement complique de quatre systèmes d'écriture et souvent incohérent. Dans ce système, un caractère chinois (kanji) a au moins et au mieux deux prononciations suivant le contexte et, au pire, dix prononciations différentes ce qui oblige les jeunes Japonais a être la lanterne rouge en matière d'apprentissage de l'écriture et de la lecture par rapport a tous les autres pays asiatiques ! Le Japon est le seul pays qui entretienne ainsi une compartimentalisation stricte de sa société sur la base du langage spécialise de chaque profession. L'élite japonaise sait depuis longtemps que celui qui est mal arme intellectuellement et qui maîtrise mal le langage, dans sa forme écrite, demeure particulièrement docile et soumis.
 De par la complexité de la langue écrite, le Japon est probablement le seul pays a avoir garde, sous une forme apparemment moderne, une poigne de fer sur le peuple. Un représentant du gouvernement français bien en vue au Japon, ou bien un directeur d'une école française un peu habile aurait pu exploiter verbalement ces caractéristiques de la langue japonaises pour faire rentrer Ishihara dans un tout petit trou et démolir immédiatement sa superbe à l'égard du français...
 Malheureusement, au Japon comme ailleurs, nous n'avons la représentation que nous méritons. Ni plus ni moins...
 
Charles Durand

 


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Lettre de Malik Berkane à M. Stéphane Visconti, responsable des relations extérieures à la mairie de Paris

Un courriel expliquant clairement la situation actuelle du premier procès et la nouvelle action en justice contre la mairie de Tokyo a été envoyé le 1er mars 2007 à M. Stéphane Visconti, responsable des relations extérieures à la mairie de Paris. Les villes de Paris et Tokyo étant jumelées, nous avons pensé qu’il était de notre devoir d’informer cette personne. Nous sommes dans l’attente d’une réponse.

Objet : Le procès intenté au maire de Tokyo suite à sa déclaration publique calomnieuse sur la langue française.
 

À l’attention de Monsieur Stéphane Visconti,
 

Monsieur,
 

Je vous adresse ce courriel pour vous inviter à prendre connaissance des derniers rebondissements du procès que nous avons intenté en juillet 2005 au maire de Tokyo au sujet de ses déclarations insultantes et ineptes sur la langue française en octobre 2004 lors d’une conférence de presse. Procès qui sera suivi dès mars prochain d’un nouveau procès contre cette fois-ci la mairie de Tokyo.

Paris et Tokyo étant jumelées, j’ai pensé que ces informations pourraient peut-être vous intéresser. A cet effet, vous trouverez ci-après le dernier courriel adressé par notre mouvement à ses sympathisants.
Sachez également que sur le site officiel de la mairie de Tokyo une vidéo dans laquelle le maire, M. Ishihara insulte vertement la France est visible depuis

le 16 septembre 2005. J’ai demandé à maintes reprises à notre représentation diplomatique à Tokyo de faire en sorte que cela cesse, mais rien n’a été entrepris dans ce sens. Le site Internet de la mairie de Tokyo est visité mensuellement par environ 700000 personnes.

http://www.metro.tokyo.jp/GOVERNOR/KAIKEN/kako17.htm

Vous remerciant à l’avance de l’intérêt que vous voudrez bien porter à ce courriel, je vous prie de croire, Monsieur, en l’assurance de mes meilleurs sentiments.
 
Le responsable du MOUVEMENT DE PROTESTATION CONTRE LES PROPOS DU MAIRE DE TOKYO CONCERNANT LA LANGUE FRANÇAISE
http://www7a.biglobe.ne.jp/~mcpmt

Malik Berkane

 

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Cher sympathisant, chère sympathisante,

 

Ce courriel est destiné à vous donner les dernières informations concernant notre procès qui comme vous le savez déjà a commencé le 13 juillet 2005.
En fin d’année dernière, nous étions en droit de croire que la sentence allait être rendue quand un volte-face des avocats de l’accusé a totalement modifié le déroulement du procès.

Durant presque un an et demi, les audiences au tribunal municipal de Tokyo se sont succédé au rythme de, une toutes les six semaines environ. De nombreux plaignants, moi y compris, avons déposé à la barre et les juges se sont toujours montrés très attentifs à nos déclarations. Lors de la deuxième audience, le juge principal a demandé aux avocats de M. Ishihara si sa déclaration concernant le caractère inapte de la langue française pour le calcul, et sa disqualification sur le plan international avait été faite à titre personnel ou en tant que maire de Tokyo. Les avocats ont demandé un délai de réponse et ont affirmé lors de la troisième séance, que les propos de M. Ishihara n’avaient aucun rapport avec la mairie de Tokyo et que seule la responsabilité individuelle de ce dernier était engagée. Cela nous a pleinement satisfaits, car nous ne voulions en aucun cas que le contribuable soit amené à payer – en cas de perte de l’accusé – quoi que ce soit à cause des déclarations ineptes du maire de Tokyo.

C’est donc dans cette optique que nous avons poursuivi ce procès qui était en fin d’année dernière, et selon nos avocats, prêt à se terminer lorsque tout à coup, les avocats de M. Ishihara - au nombre de trois -, ont déclaré de but en blanc lors de la huitième audience que finalement et après mûre réflexion, les propos tenus par M. Ishihara l’avaient été en tant que maire de Tokyo et dans l’exercice de ses fonctions. Le juge principal visiblement abasourdi a rappelé aux avocats de M. Ishihara qu’il leur avait explicitement demandé d’être clairs sur ce point afin d’éviter une “erreur d’accusé”, mais cette remontrance est restée sans réponse et les avocats de la partie adverse ont simplement dit que leur décision était maintenant arrêtée – après un an et demi de procès - et que c’était bien le maire de Tokyo et à titre public qui avait fait cette déclaration sur la langue française. Vous imaginez sans peine notre désarroi devant une telle attitude et devant un tel manque de responsabilité. Le juge principal nous a demandé si nous souhaitions rejeter la demande des avocats de M. Ishihara et nous avons bien sûr demandé un délai de réponse. Après concertation entre plaignants et avocats, nous avons décidé de poursuivre le procès actuel contre M. Ishihara en tant qu’individu et d’intenter un nouveau procès cette fois-ci contre la mairie de Tokyo. La plainte sera déposée courant mars 2007. Nous n’avons pas voulu courir le risque de voir mettre en péril tout ce qui avait été fait jusqu’à présent à cause d’une « erreur d’accusé ».

Même si nos avocats n’ont pas souhaité dire officiellement que ce volte-face de la défense de M. Ishihara était lié aux prochaines élections pour la mairie de Tokyo, nous pensons tous en aparté que M. Ishihara n’a pas voulu prendre le risque de se voir perdre un procès qui - si exploité par les media - aurait peut-être pu nuire à sa campagne, ce dernier briguant un troisième mandat. Quoi qu’il en soit, c’est dorénavant une institution publique, la mairie de Tokyo, et par l’intermédiaire de son maire qui a, fin 2004, officiellement insulté et sali la langue française, la France et les francophones.

Voilà donc où nous en sommes actuellement dans le déroulement de notre procès. Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas une sinécure. Mais sûrs de notre bon droit, c’est avec confiance et détermination que nous continuerons ce combat pour la défense de notre patrimoine linguistique.
Quant à moi, j’ai d’ores et déjà informé notre représentation diplomatique à Tokyo et sollicité un entretien avec notre Ambassadeur, Monsieur Gildas Le Lidec. À défaut de rencontrer l’ambassadeur, on m’a proposé de discuter avec M. Penot, Ministre-Conseiller que j’ai rencontré le lundi 19 février. Cet entretien m’a confirmé une fois de plus que l’ambassade ne souhaitait pas se saisir du dossier et on m’a fait savoir également que le rôle de notre représentation diplomatique n’était pas de polémiquer. Il m’a été dit en outre que la mairie de Tokyo et son maire M. Ishihara étaient des partenaires privilégiés de la France et qu’à ce titre l’ambassade ne pouvait pas se permettre de critiquer ouvertement les propos insultants de M. Ishihara.

Quant aux plaignants japonais, plus actifs que jamais, ils continuent à se mobiliser pour voir le nombre de leurs sympathisants augmenter. À ce jour Une trentaine de nouveaux plaignants japonais se sont décidés à rejoindre notre mouvement. Parmi eux, des résidents en France, au Québec et en Nouvelle-Calédonie.

À l’instar des ces nouveaux plaignants, nous vous invitons à rejoindre nos rangs et à prendre une part active dans ce nouveau procès en devenant vous-même plaignant et en nous aidant ainsi à défendre avec détermination notre patrimoine linguistique.

Vous voilà désormais, chère sympathisante, cher sympathisant, informé des derniers rebondissements de notre combat pour la défense de notre langue, et nous espérons pouvoir compter cette fois encore sur votre soutien, et cela quelle que soit la façon dont il se manifestera.
 
Très cordialement.
 
Le responsable du MOUVEMENT DE PROTESTATION CONTRE LES PROPOS DU MAIRE DE TOKYO CONCERNANT LA LANGUE FRANÇAISE
 
Malik Berkane

http://www7a.biglobe.ne.jp/~mcpmt

 



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