Une université italienne passe
au 100% anglais
Photo: I wish/Simon Shek via Flickr CC License by
"Fluent English" ? Selon la "Repubblica",
l'école polytechnique de Milan, l'une
des plus anciennes universités
d'Italie, est destinée à devenir le premier institut italien à donner
tous ses cours en anglais à partir de 2014-2015. L'université devra
investir 3,2 millions d'euros pour le passage à l'anglais.
L'objectif étant que les élèves puissent accéder plus facilement au
marché du travail international, indique le site "Universy". « Nous
avons besoin de préparer nos étudiants à un monde professionnel qui
demande une rigoureuse vision internationale. [...] Augmenter le nombre
de cours en anglais pour rendre l'enseignement plus compétitif fait
partie des points fondamentaux de la politique italienne », déclare le
recteur de l'École polytechnique, Giovanni Azzone.
Pour l'université qui se situe place Léonard de Vinci à Milan, adopter
la langue de Shakespeare lui permettrait aussi d'avoir un rayonnement
international en attirant des étudiants étrangers, ainsi que des
professeurs de renommée mondiale, précise le site "Universy". « Ce n'est
pas du commerce pour nous, mais une façon d'attirer les talents. Il est
important que nous soyons capables d'attirer des étudiants étrangers »,
explique le recteur au New York Times.
Les cours en anglais seront donnés à l'ensemble des élèves de masters et
aux doctorants, mais les cours de premier cycle continueront à être
enseignés en italien. Avec le passage à l'anglais, les étudiants
étrangers devront obligatoirement assister à des cours de langue et de
culture italienne. Ils représenteront 10 des 120 crédits requis pour le
programme de maîtrise.
Mais à la suite de cette annonce, la fronde de plusieurs professeurs
italiens ne s'est pas fait attendre. Selon Emilio Matricciani,
professeur en électronique à l'École polytechnique, « c'est un mauvais
choix ! Il va y avoir une extinction des enseignants qui veulent
seulement enseigner en italien ».
Toutefois, pour Giovanni Azzone,
«
personne, pas même nos détracteurs, ne conteste que ce changement sera
bénéfique pour nos étudiants
».
En avril 2012,
Luc Chatel,
l’ancien ministre de l’Éducation nationale, constatait que les Français
n’étaient pas bons en anglais. «
Une vraie faiblesse de notre
pays
»,
avait-il précisé sur i-Télé. S'il existe aujourd'hui quelques cours en
anglais dans certaines universités (La Sorbonne par exemple), il n'y a
encore aucune école française qui a complètement abandonné la langue de
Molière.
Source :
slate.fr, le mercredi 13 juin 2012
Possibilité de réagir sur :
http://www.slate.fr/lien/57689/universite-italienne-cours-uniquement-anglais
http://fr.news.yahoo.com/université-italienne-passe-au-100-anglais-161529235.html
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Réaction de Georges Gastaud :
Protestons
contre cet exterminisme culturel
piloté par le grand capital.
Les langues ne sont pas moins
précieuses à l’humanité que la
biodiversité ; il faut deux mille
ans pour faire une langue et
quelques décennies d’efforts d’une
poignée d’oligarques fascinés par le
fric pour les détruire ! Il est si
peu « nationaliste » de défendre la
diversité linguistique, cette
richesse de l’humanité, que je vous
appelle à défendre l’italien qui, au
rythme où vont les choses, sera
relégué au rang de « langue
domestique », puis de patois, puis
de rien du tout, avant le français
qui est aussi en « bonne » voie !
Au mouvement ouvrier de rompre avec
sa coupable indifférence majoritaire
actuelle à l’égard des questions
linguistiques, notamment à la
question de l’hégémonie mondiale
d’UNE langue porteuse d’UNE certaine
culture, car c’est le monde du
travail et sa partie la plus
exploitée qui paie et qui paiera le
prix le plus lourd pour la mise en
place de ce nouveau totalitarisme
linguistique.
Chacun de nous doit choisir entre
l’attitude de Frédéric II de Prusse,
qui « ne parlait allemand qu’à ses
chevaux » et qui imposait le «
tout-français » de cour à ses élites
savantes, et de cet autre Prussien
qu’était Friedrich Engels : le
compagnon de Marx parlait douze
langues ; à la veille de sa mort, il
bûchait encore le roumain et le
bulgare pour suivre « du dedans » et
sans leur donner de leçons les
mouvements révolutionnaires qui se
formaient dans le sud de l’Europe.
Non l’internationalisme n’a rien à
voir avec le supranationalisme du
grand capital…
Comme le dit Umberto Eco, « la
langue de l’Europe, c’est la
traduction ». De l’Europe, pas de
l’Union européenne, ce fourrier de
la langue unique, de la politique
unique et de l’économie unique «
made in USA »…
Georges Gastaud,
enseignant de
français-philo en classes
préparatoires,
auteur de «
Patriotisme et internationalisme ».