Sujet :

Gondry, Dupieux, Bernard, une bande de joyeux collabos linguistiques et culturels

Date :

03/09/2012

D'Henri Masson (esperohm(chez)club-internet.fr)

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

La dernière trouvaille !

Ce genre d'article passe facilement dans Le Monde - pardon : "The World" -, mais quand il s'agit du français, rien, et de l'espéranto, il faut passer ça en pub payante...

Henri Masson

 

*****************************

 

 

Aidons le cinéma français tourné en anglais

Batteur, clippeur, réalisateur, bricoleur et poète, Michel Gondry reçoit, le 28 mars 2012,  au ministère de la Culture, les insignes de chevalier de l'Ordre national du Mérite. "Eternal Sunshine of the Spotless Mind", "Be Kind Rewind" ou "La Science des rêves" ont révélé son style unique entre la France et les États-Unis. À noter que le site de ce haut collaborateur est uniquement en anglais (http://www.michelgondry.com/).

 

Le Festival du film américain de Deauville permet au public français de découvrir la force cosmopolite des productions "made in USA". Il propose une sélection de quatorze films qui compteront cette année aux États-Unis. Or, parmi ces quatorze longs-métrages, il faut signaler deux films de réalisateurs français : "The We and the I", de Michel Gondry, et "Wrong", de Quentin Dupieux.

Ces films considérés comme des œuvres intégrées à la galaxie du cinéma indépendant américain sont tournés aux États-Unis en anglais, avec des équipes et des financements mixtes. On ne peut que saluer la sélection du festival qui, en invitant deux Français, convoque, mine de rien, un débat culturel hexagonal en pleine célébration américaine : peut-on exporter notre « exception » ? Et doit-on le faire en anglais ou en français ?

À l'image de la "French touch" de Daft Punk, Justice, Phoenix ou M. Oizo, dont les tubes ont aussi la particularité d'être faits en anglais par des Français, il est incontestable que les œuvres en langue anglaise participent au rayonnement de la France. Pourtant, les films français en langue anglaise connaissent un accueil moins favorable en France qu'à l'étranger. La réalité quotidienne des producteurs qui favorisent une production en anglais est difficile. Ils peinent à trouver leur juste place dans les festivals français, les réseaux d'aide, de distribution, de coproduction ou de financement.

Le premier frein est technique. Tous doivent rendre des comptes aux productions étrangères et rejeter a priori les films français en anglais en raison d'un système qui privilégie mécaniquement, d'un côté, les films franco-français et, d'autre part, les productions 100 % américaines. Les cinéastes français qui tournent en anglais se trouvent en concurrence directe auprès des chaînes avec les productions 100 % étrangères déjà promues par les studios.

Sans cadre explicite, alors qu'elles ont un besoin vital de préachat, ces productions sont les parents pauvres du système et surtout les premières sacrifiées quand le temps se couvre. L'avance sur recette, malgré un système d'agrément dynamique pour les productions multiculturelles, et malgré des tentatives marquées d'ouverture aux « cinémas du monde », ne parvient pas à trouver un cadre incitatif puissant pour accompagner les cinéastes français qui peuvent réaliser des films en anglais.

Car le frein le plus fort est culturel. Nous avons en effet pris l'habitude de considérer qu'on ne promeut la culture française que lorsqu'on défend la langue française. À l'heure où il est question de réveiller le "soft power" français, il est temps de rompre avec cette idée reçue. Il faut affirmer qu'il est possible de diffuser une culture française en langue anglaise.

Dans les années 1960, Jean-Luc Godard et ses compères de la Nouvelle Vague ont fait scandale en important la culture américaine dans le cinéma français. Personne ne niera qu'ils ont fait plus pour la culture française que les centaines de films français de l'époque qu'on ne regarde plus. La même chose vaut pour cette « nouvelle Nouvelle Vague » qui va faire des films français aux États-Unis. Les relais et institutions de financement doivent inciter la création de guichets favorables à ce type de productions. Les pouvoirs publics doivent soutenir ces initiatives. Le monde du cinéma français, dans toutes ses composantes, a tout intérêt à faire bon accueil à ces œuvres, sans craindre de se renier.

Des artistes français ont déjà réussi leur internationalisation : des centaines de milliers de fans les suivent sur les réseaux sociaux, en concert et dans les salles de cinéma ; les critiques et festivals internationaux les consacrent ; des producteurs prennent le pari d'accompagner leur hyperproductivité et aimeraient que les pouvoirs publics partagent leur enthousiasme. Gondry et Dupieux( photo, ci-contre) font partie de cette nouvelle génération du "soft power" à la française. À quand donc des quotas de films français en anglais dans le système d'aide et à la télévision ? À quand un César du meilleur film français en langue étrangère ?

Pendant sa campagne, François Hollande a annoncé vouloir privilégier la jeunesse et ouvrir l'acte II de l'exception culturelle. La réussite de cet acte, c'est en réalité « l'exportation de l'exception française » : elle implique à la fois l'utilisation décomplexée de l'anglais, la mise en place de dispositifs d'aide appropriés et l'émergence d'un grand projet de diffusion numérique.

En 1981, la gauche a révolutionné le paysage culturel avec les radios libres, puis avec Canal+, qui joue un rôle essentiel dans le système de financement du cinéma français. Elle peut renouer avec cette ambition en donnant les moyens aux artistes, aux producteurs et aux entrepreneurs culturels de conquérir le monde.

Grégory Bernard,

producteur de "Rubber" et "Wrong"

 

 

Source : lemonde.fr, le lundi 3 septembre 2012

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/03/aidons-le-cinema-francais-tourne-en-anglais_1754915_3232.html

Il faut être abonné au Monde.fr pour pouvoir mettre un commentaire à la suite de cet article,

mais cela ne doit pas nous empêcher de protester contre l'ineptie d'un tel écrit, auprès du modérateur du Monde :

mediateur@lemonde.fr

 

 

******************************

 

 

Envoyez une copie de votre protestation :

courrier-des-lecteurs@lemonde.fr

contact@michelgondry.com

 

ainsiqu'au ministère de la Culture :

audiovisuel@culture.gouv.fr, industries-culturelles@culture.gouv.fr,

dglf@culture.gouv.fr, spectacles@culture.gouv.fr

 

 

 

 

Haut de page