La dernière trouvaille !
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-, mais quand il s'agit du français, rien, et de l'espéranto, il faut
passer ça en pub payante...
Henri Masson
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Aidons le cinéma français tourné en anglais
Batteur, clippeur, réalisateur, bricoleur et poète,
Michel Gondry reçoit, le 28 mars 2012, au ministère de la Culture,
les insignes de chevalier de l'Ordre national du Mérite.
"Eternal Sunshine of the Spotless Mind",
"Be Kind Rewind" ou
"La
Science des rêves" ont révélé son style unique entre la France et
les États-Unis. À noter que le site de ce haut collaborateur est
uniquement en anglais (http://www.michelgondry.com/).
Le Festival du film américain de Deauville permet au public français de
découvrir la force cosmopolite des productions "made in USA". Il propose
une sélection de quatorze films qui compteront cette année aux
États-Unis. Or, parmi ces quatorze longs-métrages, il faut signaler deux
films de réalisateurs français : "The We
and the I", de Michel Gondry, et "Wrong",
de Quentin Dupieux.
Ces films considérés comme des œuvres intégrées à la galaxie du cinéma
indépendant américain sont tournés aux États-Unis en anglais, avec des
équipes et des financements mixtes. On ne peut que saluer la sélection
du festival qui, en invitant deux Français, convoque, mine de rien, un
débat culturel hexagonal en pleine célébration américaine : peut-on
exporter notre « exception » ? Et doit-on le faire en anglais ou en
français ?
À l'image de la "French touch" de
Daft Punk, Justice, Phoenix ou M. Oizo, dont les tubes ont aussi la
particularité d'être faits en anglais par des Français, il est
incontestable que les œuvres en langue anglaise participent au
rayonnement de la France. Pourtant, les films français en langue
anglaise connaissent un accueil moins favorable en France qu'à
l'étranger. La réalité quotidienne des producteurs qui favorisent une
production en anglais est difficile. Ils peinent à trouver leur juste
place dans les festivals français, les réseaux d'aide, de distribution,
de coproduction ou de financement.
Le premier frein est technique. Tous doivent rendre des comptes aux
productions étrangères et rejeter a priori les films français en anglais
en raison d'un système qui privilégie mécaniquement, d'un côté, les
films franco-français et, d'autre part, les productions 100 %
américaines. Les cinéastes français qui tournent en anglais se trouvent
en concurrence directe auprès des chaînes avec les productions 100 %
étrangères déjà promues par les studios.
Sans cadre explicite, alors qu'elles ont un besoin vital de préachat,
ces productions sont les parents pauvres du système et surtout les
premières sacrifiées quand le temps se couvre. L'avance sur recette,
malgré un système d'agrément dynamique pour les productions
multiculturelles, et malgré des tentatives marquées d'ouverture aux «
cinémas du monde », ne parvient pas à trouver un cadre incitatif
puissant pour accompagner les cinéastes français qui peuvent réaliser
des films en anglais.
Car le frein le plus fort est culturel. Nous avons en effet pris
l'habitude de considérer qu'on ne promeut la culture française que
lorsqu'on défend la langue française. À l'heure où il est question de
réveiller le "soft
power" français, il est temps de
rompre avec cette idée reçue. Il faut affirmer qu'il est possible de
diffuser une culture française en langue anglaise.
Dans les années 1960, Jean-Luc Godard et ses compères de la Nouvelle
Vague ont fait scandale en important la culture américaine dans le
cinéma français. Personne ne niera qu'ils ont fait plus pour la culture
française que les centaines de films français de l'époque qu'on ne
regarde plus. La même chose vaut pour cette « nouvelle Nouvelle Vague »
qui va faire des films français aux États-Unis. Les relais et
institutions de financement doivent inciter la création de guichets
favorables à ce type de productions. Les pouvoirs publics doivent
soutenir ces initiatives. Le monde du cinéma français, dans toutes ses
composantes, a tout intérêt à faire bon accueil à ces œuvres, sans
craindre de se renier.
Des
artistes français ont déjà réussi leur internationalisation : des
centaines de milliers de fans les suivent sur les réseaux sociaux, en
concert et dans les salles de cinéma ; les critiques et festivals
internationaux les consacrent ; des producteurs prennent le pari
d'accompagner leur hyperproductivité et aimeraient que les pouvoirs
publics partagent leur enthousiasme. Gondry et Dupieux( photo,
ci-contre) font partie de
cette nouvelle génération du "soft power"
à la française. À quand donc des quotas de films français en anglais
dans le système d'aide et à la télévision ? À quand un César du meilleur
film français en langue étrangère ?
Pendant sa campagne, François Hollande a annoncé vouloir privilégier la
jeunesse et ouvrir l'acte II de l'exception culturelle. La réussite de
cet acte, c'est en réalité « l'exportation de l'exception française » :
elle implique à la fois l'utilisation décomplexée de l'anglais, la mise
en place de dispositifs d'aide appropriés et l'émergence d'un grand
projet de diffusion numérique.
En 1981, la gauche a révolutionné le paysage culturel avec les radios
libres, puis avec Canal+, qui joue un rôle essentiel dans le système de
financement du cinéma français. Elle peut renouer avec cette ambition en
donnant les moyens aux artistes, aux producteurs et aux entrepreneurs
culturels de conquérir le monde.
Grégory Bernard,
producteur de "Rubber" et "Wrong"
Source : lemonde.fr, le lundi 3 septembre 2012
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/03/aidons-le-cinema-francais-tourne-en-anglais_1754915_3232.html
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