Sujet :

Argumentaire contre le tout-anglais

Date :

13/10/2009

D' Henri Masson : (courriel : espero.hm(chez)wanadoo.fr) 

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

Argumentaire contre le tout anglais

L´anglais est important en premier lieu pour les natifs anglophones (moins de 5% de l´humanité d´après la CIA qui n´est pas parmi les plus mal informés), car, pour eux, il ne coûte rien et rapporte beaucoup. Dernier exemple en date de cette situation : sur 13 prix Nobel 2009, 11 sont Étatsuniens... L´anglais leur donne des atouts dans les relations internationales et leur permet de se sentir à l´aise partout, ce qu´a fort bien illustré David Rothkopf, un ancien de l´administration Clinton, dans la revue "Foreign Policy" (n° 107, été 1997, pp. 38-53) sous le titre "In Praise of Cultural Imperialism ?" :

« Il y va de l´intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l´anglais ; que, s´il s´oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s´élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se sentent à l´aise. »

Il conviendrait d´abord de dire « Étatsuniens » plutôt qu´ « Américains », car la plupart des hispanophones et des lusophones du continent américain sont tout autant Américains sans être citoyens des États-Unis et ne parlent pas pour autant l´anglais. Même aux États-Unis, il y a de très nombreux immigrés, surtout hispanophones, qui ne parlent pas l´anglais.

Sur les 95% de la population mondiale native non-anglophone, pour la majeure partie de ceux qui ont étudié l´anglais, parfois longuement et à grands frais, il n´est qu´un sabir. Shakespeare serait consterné s´il pouvait entendre et lire des gens qui donnent le nom de « langue de Shakespeare » à un langage approximatif, pauvre, indigent, ratatiné et maladroit, alors qu´il s´agit de "Bad English" ou "Broken English" ! Pauvre Shakespeare !

C´est plutôt comique de voir Sarkozy, admirateur béat des États-Unis, s'évertuer à parler dans la langue de ses maîtres à penser :

http://www.dailymotion.com/video/x1×63e_sarkozy-parle-anglais-enfin-essaye_politics

http://www.dailymotion.com/video/x1
×6gu_sarkozy-parle-anglais_business

 

Sarkozy se donne ainsi les moyens d´apparaître plus stupide qu´il ne l´est... Et s´il y a quelqu´un qui a eu les moyens de se s´offrir des cours particuliers d´anglais, c´est pourtant bien lui !

Pour mieux comprendre comment on en est arrivé là, voir deux ouvrages de Charles Durand :

« La mise en place des monopoles du savoir » (éd. L´Harmattan, Paris. 2002 ; réédition complétée et remise à jour à paraître d´ici quelques mois - présentation sur
http://www.unc.edu/depts/diplomat/archives_roll/2002_04-06/french_review/french_review.html )

« La nouvelle guerre contre l´intelligence »

(éd. François Xavier de Guibert, Paris. Trois tomes, 2002-2003).


Tome 1 :
http://www.observatoireplurilinguisme.eu/index.php?option=com_

content&task=view&id=464&Itemid=88888944&lang=pt_br


Tome 2 :
http://www.observatoireplurilinguisme.eu/index.php?option

=com_content&task=view&id=465&Itemid=88888944


Tome 3 :
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/index.php?option=com_content&task=view&id=483&Itemid=88888944

 

Consacrer tant de temps et une part importante du budget de l´éducation, dans tous les pays du monde, sans compter les efforts individuels pour pouvoir seulement « se débrouiller », sacrifier son temps libre au détriment d´autres activités autrement plus profitables ou/et intéressantes, alors qu´il y a mieux et moins cher, et surtout plus équitable, c´est du gâchis. Je parle d´expérience.

À Toronto, j´avais fait la connaissance d´un étudiant japonais qui avait étudié l´anglais pendant douze ans, le français dix ans et l´espéranto deux ans. C´est en espéranto qu´il se sentait le plus à l´aise, et de loin. J´ai aussi le témoignage du président d´une société japonaise avec qui j´ai de temps à autre des échanges en espéranto. Il a consacré un temps fou à l´anglais et ne se sent toujours pas à niveau pour discuter d´égal à égal avec un natif anglophone. Et il soutient l´espéranto qu´il a appris avec autrement moins de mal. Voir son témoignage sur : http://www.swany.co.jp/miyoshi/

De l´aveu du ministre de l´éducation d´Iran, au plus fort de l´influence étasunienne, en 1976, sous le shah, les étudiants iraniens étaient incapables d´écrire ou de prononcer une seule phrase d´anglais après sept années d´étude. Rien que pour l´année 1976, le coût s´élevait à 400 millions de dollars pour l´enseignement des langues qui représentait lui-même 1/5 du budget de l´éducation. Face à cela, le témoignage d´un étudiant iranien qui a séjourné en France et qui m´avait contacté à Paris le 2 février 2000 par courrier postal sur le conseil d´un sociologue iranien, professeur à l´Université de Téhéran, mérite réflexion. Il m´avait écrit en arrivant, dans un bon espéranto appris en quelques mois : « L´espéranto est une planche de salut. Il est très facile et, en outre, précis. Il m´a été possible d´écrire des articles pas trop mauvais après 5 mois d´étude de l´espéranto, ce que je ne peux pas faire après 15 années d´étude de l´anglais ». Il a ensuite séjourné en Suède et il est maintenant à Toronto et il tient un blog très intéressant en espéranto sur : http://becxjo.blogspot.com/

Ce ne sont là que quelques uns des nombreux exemples de ce que l´on trouve et pourrait trouver. Les gens qui font l´apologie de l´anglais et bavent sur l´espéranto sans même savoir de quoi ça retourne me font penser à ceux qui, voici quelques siècles entravaient l´usage des chiffres indo-arabes du fait que les chiffre romains leur donnaient des avantages. Du fait de l´aveuglement de gens conditionnés pour croire qu´il n´y a que l´anglais, on en a vu affirmer ici que l´espéranto n´avait pas d´histoire (!), que ce sont des raisons linguistiques qui ont entravé sa progression - alors que ce sont des raisons politiques -, et qui, faute d´arguments, sont prêts à écrire et dire n´importe quoi, par exemple qu´il n´a pas de littérature, que l´humour est impossible, etc. y compris qu´ils préféreraient l´anglais à l´espéranto : on en a vu d´autres de cette espèce ! Par rapport à toutes ces questions, l´ignorance des gens, y compris dans les milieux intellectuels, enseignants et étudiants, est ahurissante.

Ceux qui viennent aujourd´hui à l´espéranto ont très majoritairement une connaissance d´au moins une langue étrangère, en particulier de l´anglais. Inversement, ceux qui connaissent plus ou moins l´anglais et d´autres langues sont, en grande majorité, ignorants de ce qu´est l´espéranto. Encore heureux s´ils en connaissent le nom et la définition ! J´avais déjà pu le constater par un sondage auprès d´un public majoritairement jeune lors du Salon de l´Étudiant, en 1984, et c´est toujours vrai. Il y avait alors près de 50% de visiteurs totalement ignorants, près de 50% qui n´en avaient qu´une vague idée, et il restait un faible pourcentage qui savaient assez bien de quoi il s´agissait.

De plus en plus nombreuses sont les annonces qui exigent une connaissance native de l´anglais : "English mother tongue", "English native speaker" ou "English mother tongue or equivalent" pour des postes de décision et de maîtrise. C´est-à-dire pour lesquels les gens qui font l´apologie de l´anglais sans mesurer les conséquences de ce prétendu « choix », et qui ne veulent pas entendre parler de l´espéranto, ne feraient pas l´affaire. Ces organisations ou sociétés auraient tort de se gêner, vu qu´il y a des gens assez niais pour ne pas comprendre que le jeu est truqué, que c´est un jeu de dupes.

Encore à Toronto, j´avais fait connaissance de Mark Starr (http://myancestors.wordpress.com/2007/08/01/mark-starr-1894-1985/), un grand nom du syndicalisme étatsunien. Il m´avait dit « Celui qui impose sa langue impose l´air sur lequel doivent gesticuler les marionnettes. » C´est un fait, et les marionnettes se bousculent au portillon !

Il n´est pas facile de faire comprendre à des marionnettes que l´anglais « met les pays anglophones en position dominante dans toute situation de négociation, de concurrence ou de conflit se déroulant en anglais » (Rapport Grin http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/054000678/index.shtml ).

Dans les assemblées internationales, ceux qui interviennent le plus fréquemment, le plus adroitement, ce sont des anglophones natifs. Les autres sont à peine plus que des figurants, par exemple, à son retour du sommet de Kyoto, Dominique Voynet avait déclaré au « Journal du Dimanche » (JDD,14 décembre 1997) : « Toutes les discussions techniques se sont déroulées en anglais, sans la moindre traduction, alors qu´il s´agissait d´une conférence des Nations unies. Trop de délégués ont été ainsi en situation d´infériorité, dans l´incapacité de répondre efficacement, de faire entendre leurs arguments ». Ainsi pour traiter de sujets qui engagent l´avenir de l´humanité et de la planète, des spécialistes se sont déplacés du monde entier, ils ont séjourné dans un pays où tout est très cher, et leur temps a été en grande partie gâché. Certains vont penser que la France a du retard dans l´enseignement des langues. Regardons donc du côté de ceux qui ont plusieurs longueurs d´avance sur notre pays dans l´enseignement de l´anglais : les pays de langue germanique pour lesquels l´anglais est plus facile.

Dans le quotidien suédois « Svenska Dagbladet » (24.10.1993), Margareta Westman, une responsable du Comité linguistique suédois, avait déclaré : « Nous, les Suédois, avons tendance à surestimer nos connaissances linguistiques, en particulier en anglais, mais nous sommes insuffisants lorsqu´il s´agit d´un raisonnement nuancé. Nous courons le risque de dire ce que nous pouvons mais pas ce que nous voulons. »

C´est ce qu´illustre fort bien le cas d´une députée européenne, Mme Helle Degn, qui avait cru bon de s´exprimer en anglais plutôt que dans sa langue : le danois. Cela faisait plus sérieux. Croyant dire qu´elle en était aux premiers jours de ses fonctions ministérielles, elle dit en fait qu´elle en était au début de sa menstruation. Les règles de la communication linguistique ne sont pas telles qu´on le pense trop souvent...

Je me souviens que, lors d´un voyage en train en Scandinavie, en traversant le Danemark, une voyageuse dont le billet n´était pas valide, probablement pour une raison de date, avait tenté de s´exprimer en allemand, français et anglais pour faire comprendre sa situation au contrôleur qui ne comprenait pas ces langues. Finalement, elle a dû payer.

Dans un communiqué du 2 octobre 2001, l´agence de presse allemande DPA a reproduit les propos d´Hartmut Kugler, président de l´association des professeurs germanistes allemands selon lequel : « Ce que l´on veut exprimer, il faut le dire dans la langue que l´on maîtrise le mieux » . Il a ajouté : « En langues étrangères, on a souvent des difficultés à s´exprimer de manière nuancée, alors qu´en comparaison, il est relativement plus facile de comprendre passivement ». Kugler a par ailleurs mis en garde contre l´intronisation de l´anglais comme seul moyen de compréhension européen : « Nous avons entre temps, durant cinquante années fait l´expérience du grand projet « l´anglais comme première langue étrangère » - mais quel est le niveau d´élocution du bachelier moyen en anglais ? » avant de conclure que, dans la population, la maîtrise de l´anglais ne suffirait pas pour exprimer des notions complexes. Il a enfin averti que l´anglais pourrait devenir une langue dominante de même qu´il en fût pour le latin : « Les rares "globe players" à très bien maîtriser l´anglais seront ceux qui dans l´avenir décideront de tout. »

Avec l´anglais, les seuls à être réellement à l´aise sont les locuteurs de pays dont cinq appartiennent au réseau d´espionnage « Echelon ». Les autres, à part une frange sociale privilégiée, ou des personnes très minoritaires qui ont longuement séjourné dans des pays anglophones, sont dans la situation de travailleurs immigrés handicapés dans leurs démarches, c´est-à-dire lorsqu´il s´agit de tout autre chose que d´une conversation banale, même après des décennies de présence dans leur pays d´adoption. L´Europe et le monde ont besoin d´une langue pas seulement pour permettre à chacun de "se débrouiller", mais de dialoguer comme il le fait dans propre langue, sur une base respectant le principe d´égalité des chances dont tout le monde parle mais que peu de décisionnaires appliquent.

L´anglais est en premier lieu une langue NATIONALE. C´est facile de comprendre pourquoi Gordon Brown veut en faire « cadeau » au monde. Pas qu´un peu hypocrite : c´est à lui-même qu´il se fait un cadeau !

http://www.droits-linguistiques.org/dokumento/Henri_Masson_Le_cadeau_de_Gordon_Brown_au_monde_31_05_2009.pdf

Dans la communication linguistique internationale, il n´y pas que la dimension nombrilique. Apprendre l´anglais pour se faire du fric, c´est une forme de prostitution dont profite l´État voyou : http://www.evene.fr/livres/livre/william-blum-l-etat-voyou-18611.php...
peut-être un peu moins voyou depuis que Bush est parti mais encore lin d´être libéré de sa voyoucratie. Obama, sérieusement menacé par des extrémistes, devra mériter son prix Nobel !

C´est assez consternant de voir des non-anglophones se conduire comme des plus qu´anglophones ( »plus royalistes que le roi ») pendant que de vrais natifs anglophones, conscients des difficultés de l´anglais pour les non-anglophones, plaident, eux, pour plus d´attention à l´espéranto, par exemple le professeur John C. Wells (http://www.phon.ucl.ac.uk/home/wells/) ou Australian LOTE, au moins comme instrument pédagogique et propédeutique : http://www.thebegavalley.org.au/16441.html

Pour ce qui concerne la Finlande, j´y suis allé plusieurs fois, à Turku, Iisalmi, Kuopio, Helsinki et Tampere où j´avais été invité chez des habitants que j´avais contactés après avoir trouvé leur numéro de téléphone sur l´annuaire au mot ESPERANTO (c´était courant en Finlande à cette époque, peut-être plus aujourd´hui avec Internet). J´y ai dégusté la meilleure pizza de ma vie (pas vraiment une spécialité nationale !) et je ne me souviens pas d´avoir trouvé plus délicieux - en tous cas à mon goût - en Italie)

Au début des années 1980, j´avais été invité à faire un exposé en espéranto sur la France à plusieurs classes d´enfants d´un grand groupe scolaire de Kuopio. Les élèves avaient formulé des questions dans leur langue et l´instituteur avait tout traduit de l´espéranto en finnois et du finnois en espéranto. Il m´avait dit qu´il avait contacté un professeur de français et lui avait proposé de nous rencontrer, ce que j´aurais évidement apprécié. Or, ce professeur avait refusé. Je n´ai jamais connu la raison, mais il n´est pas impossible que son niveau d´élocution n´était pas si brillant que ça et qu´il n´en était pas très fier.

Lors d´un séjour à Helsinki, j´avais rendu visite à un linguiste et spécialiste éminent de l´espéranto qui habitait rue de l´espéranto (Esperantotie) à Iirislahti. Un personnage d´une grande curiosité scientifique que l´on peut découvrir dans son livre "Fortoj de l´vivo" (Forces de la vie). Il avait été le premier à graver des repères de profondeur de champ sur la bague de mise au point sur les objectifs de son Leica et, peu de temps après avoir envoyé son appareil pour une réparation à l´usine Leitz, à Wetzlar, il s´aperçut que tous les objectifs fabriqués par Leitz avaient une bague de mise au point sur laquelle des graduations indiquaient la profondeur de champ. Il n´a donc pu trouver aucun profit de son ingéniosité.

Durant une période, j´ai correspondu avec un Finlandais, S.P. Hurtta. J´avais traduit un article de lui paru dans une publication en espéranto et on peut le lire sous le titre « La Finlande en folie » http://www.esperanto-sat.info/article1068.html

Avec l´autorisation du quotidien "Helsingin Sanomat", j´avais aussi publié et traduit une caricature que l´on peut voir sur

http://www.ipernity.com/doc/32119/6248891

L´une des figures les plus éminentes du mouvement finlandais fut Gustav Ramstedt (1873-1950 en finlandais :

http://fi.wikipedia.org/wiki/Vilho_Set%C3%A4l%C3%A4

en anglais : http://www.finland.or.jp/public/default.aspx?nodeid=41333&contentlan=2&culture=en-US.

Il fut parmi les premiers à l´apprendre en Finlande en 1891, à l´âge de 18 ans. Il acquit une grande renommée comme philologue et professeur de linguistique. Ministre et ambassadeur de Finlande au Japon et en Chine, il fit aussi des explorations en Mongolie et il apporta son soutien à l´espéranto au Japon. On lui doit des études sur le coréen. Son avis sur l´espéranto ? « Sur la base de la théorie, et en partie sur la connaissance pratique de plusieurs langues, orientales et occidentales, je considère l´espéranto supérieur à toutes les langues qui me sont connues en raison de la construction grammaticale régulière et simple et de la souplesse et de l´élasticité dans la création de son vocabulaire. »

Membre de l´Académie des sciences de Finlande, l´astronome Yrjö Väisälä a découvert, en 1936 et 1938 deux astéroïdes auxquels il a donné les
noms « Esperanto » et « Zamenhof ». Ils évoluent entre Mars et Jupiter, à une distance du Soleil évaluée à 435 et 455 millions de kilomètres


Donc c´est assez consternant de lire des âneries et des bobards incroyables sur l´espéranto par des gens qui en savent à peine plus que le nom.

La réalité pour l´anglais n´est pas si brillante qu´on veut bien le dire. Le rapport qualité-prix, que l´on devrait appliquer en cela comme en tout achat ou transaction commerciale, est très discutable.

Voici un témoignage publié en 2007 sur « AgoraVox ». Son auteur y parlait d´un ami qui se déplaçait beaucoup en Scandinavie, principalement en Finlande : « Rien que dans son entreprise internationale, 25% seulement du personnel savent parler l´anglais de manière courante, alors que c´est une entreprise spécialisée en international, et, dans la population finlandaise, le niveau d´anglais moyen est pire que celui des Français. En Suède, où on nous vante leur capacité à apprendre beaucoup mieux l´anglais que les Français, il s´avère que oui, ils le maîtrisent mieux que les Français, mais à peine ; par contre il est vrai que les Néerlandais et les Danois, eux, le connaissent mieux que l´ensemble de la population européenne. »

Contester le fait que les langues de la famille germanique, à laquelle appartient l´anglais, sont plus faciles pour les locuteurs de langues de la même famille, même si l´anglais est la plus bâtarde des langues germaniques du fait qu´il a été fortement marqué par le français (mais on voit comment celui-ci a été tordu, déformé et mutilé !), c´est faire preuve d´aveuglement. Avant d´avancer de telles énormités, comme pour l´espéranto, et même l´anglais, en se conduisant comme des perroquets de Gordon Brown, ces gens devraient lire « Langues sans frontières" de Georges Kersaudy, qui, durant sa carrière de fonctionnaire international, a été amené à parler, écrire et traduire pas moins de cinquante langues de l´Europe et de l´Asie, dont l´espéranto. C´est d´ailleurs par l´espéranto qu´il a commencé, comme le grand orientaliste Maxime Rodinson et le prix Nobel 1994 d´économie Reinhard Selten. L´auteur y présente et y décrit 39 langues de l´Europe. L´ouvrage comporte en outre des tableaux comparatifs qui montrent très bien qu´une compréhensibilité immédiate partielle, certes imparfaite, est possible sans apprentissage entre locuteurs d´une même famille de langues. Pour un francophone, un bref regard sur un texte en italien, en espagnol ou en roumain permet de savoir de quoi il s´agit en gros sans apprentissage préalable. C´est d´ailleurs sur cela que s´appuient certains pour développer l´intercompréhension entre langues voisines : S´ENTENDRE  ENTRE LANGUES VOISINES : VERS L´INTERCOMPRÉHENSION
http://www.medhyg.ch/mh/produits/s_entendre_entre_langues_voisines_vers_l_intercomprehension

 

Personnellement, je n´y crois pas. Mais ce n´est pas en contradiction avec l´espéranto qui, à mon avis, peut et doit être la clé de voûte d´un multilinguisme équilibré et pratique. Le refus de cette proposition conduira à l´abâtardissement renforcé d´une langue déjà bâtarde, à ce qu´avait écrit François Cavanna dans La belle fille sur un tas d´ordures : « Dites-moi. Pourquoi aucun gouvernement au monde n´a jamais proposé, (à l´O.N.U., par exemple) la promotion d´une langue ultra-simplifiée ? L´espéranto, ou une autre. On me dit que l´espéranto, au vocabulaire trop européen, ne ferait pas l´unanimité. Or, l´anglais, irrésistiblement, s´impose... Il n´est pas particulièrement simple, ni logique ! Ils ne veulent pas de l´espéranto ? Ils auront l´anglais. Tant pis pour leurs gueules. » (février 1989).

En fait ce ne sera pas l´anglais, mais le "Broken English" insatisfaisant qui sera alors menacé par la langue d´une nouvelle puissance. Alors, autant préparer la relève dès maintenant pour une solution équitable.
 

« L'espéranto pourrait être idéal, mais je ne crois pas en cette langue trop artificielle qui, je le répète, pour moi n'a pas d'histoire, de vécu. »

Dès qu'il s'agit d'espéranto, ce penchant à formuler un avis aussi péremptoire que définitif sur un sujet que l'on ignore est vraiment curieux.

Le plus souvent, s'il s'agissait d'un autre sujet, touchant un domaine particulier des sciences, des arts, de l'économie, de la politique, etc., ces mêmes personnes avoueraient honnêtement n'en rien connaître ou n'en avoir qu'une idée très vague, trop vague. Elles s'excuseraient humblement de ne pas pouvoir donner un avis valable.

Mais là, ça y va de son « l'espéranto n'a pas d'histoire », ou mieux : « n'a pas de vécu », ou encore, vu que c'est une langue « artificielle », ou « trop artificielle », l'espéranto n'a pas de littérature, pas de poésie, on ne peut pas chanter en espéranto, on ne peut pas faire de l'humour ou se parler d'amour. Et j'en passe ! Et tout cela avec une belle assurance.

Plus on est ignorant, plus on est ferme et catégorique dans l'émission d'avis fondés sur... le néant. Des arguments de ce tonneau, j'en ai vu des flopées. Tout y est passé. J'ai même vu l'avis d'un Belge selon lequel la confusion des langues faisait partie de la volonté divine et que, par conséquent, il ne fallait pas aller contre la volonté de Dieu.

Pour le régime nazi, l'espéranto était « une langue de juifs et de communistes », pour les staliniens, « une langue de sionistes et de cosmopolites ». Dans la ville hongroise de Székesfehérvár, un capitaine de police avait interdit à des ouvriers d'apprendre « cette langue de voleurs ». À la SDN, lorsque le gouvernement français fit barrage à l'espéranto, au début des années 1920, il fit valoir que l'alphabet de l'espéranto comportait des « consonnes accentuées à la manière slave ». Vraiment n'importe quoi sur toute la ligne ! Un délégué brésilien qualifia l'espéranto de « langue de miséreux et de communistes, sans tradition, sans littérature, sans valeur intellectuelle ». Or l'espéranto s'était déjà constitué, à cette période, une littérature originale et traduite. C'est en 1922 que parut le premier numéro de la revue prestigieuse "Literatura mondo", sous la direction du Theodor Schwartz, le père de George Soros (http://fr.wikipedia.org/wiki/Literatura_Mondo).

La valeur de l'espéranto dans les échanges intellectuels fut reconnue en 1954 par l'Unesco, à Montevideo, lors de sa Conférence Générale. Or, justement à cette occasion, la presse uruguayenne se déchaîna contre le linguiste danois Andreas Blinkenberg qui avait tenté de ridiculiser l'espéranto en disant qu'il était tout juste bon à rédiger des menus uruguayens. Les autres délégués comprirent qu'il y avait une limite à ne pas dépasser et votèrent la résolution (http://www.esperanto-sat.info/article183.html).

 

À propos du Brésil, dans son édition réticulaire du 4 juin 2003, le quotidien brésilien "Folha", de São Paulo, avait publié un discours prononcé par le président Lula à son retour du sommet du G-8 qui s’était tenu à Évian. Il apparut non seulement que Lula ne parle pas l’anglais, mais surtout qu’il n’a vraiment pas du tout envie de le parler : « Nous n’avons avancé qu’un peu, en matière de politique extérieure. Les gens disposés à juger de tout ne cessaient de dire qu’il était impossible que Lula dirigeât le pays parce qu’il ne savait même pas parler l’anglais : Comment réussira-t-il à parler avec Bush, avec Tony Blair? Je suis en train de prouver qu’il n’est pas nécessaire de parler l’anglais pour être respecté dans le monde entier. On peut être respecté en parlant la langue de 175 millions de Brésiliens. »

Voici quelques mois, le 20 juin 2009, le président Lula a commissionné Cláudio Soares Rocha, Directeur de la Recherche historique, pour donner réponse à un courrier de Probal Dasgupta (Inde), actuel président de l'Association Universelle d'Espéranto. En voici un extrait :

« Nous aimerions vous montrer notre admiration pour l'effort que les espérantistes du monde entier entreprennent dans un but de propagation toujours plus importante de l'espéranto, langue créée par le Docteur Lazare Zamenhof comme contribution à l'intercompréhension et à la compréhension entre les hommes. Nous savons que, dans l'histoire de l'humanité, des langues se sont imposées comme suite à une hégémonie politique, comme le latin, ou, dans une certaine mesure, le français et ensuite l'anglais. Nous désirons beaucoup, en fait, que l'espéranto puisse un jour être accepté par la plupart des nations comme langue adoptée pour faciliter la communication sans privilèges linguistiques. Nous sommes certains que l'Universala Esperanto-Asocio poursuivra ses démarches aux Nations Unies pour donner graduellement un rôle plus important à l'espéranto comme langue internationale. Par conséquent, nous ne voyons pas la nécessité de discuter de l'affaire du fait que nous sommes d'accord sur la valeur de la langue propagée par votre association. »

Ce n'est pas parce que ces gens ignorants de leur ignorance sont incapables de donner même une esquisse historique de l'espéranto que celui-ci n'a pas d'histoire. Il y aurait la matière à rédiger un énorme ouvrage encyclopédique sur le seul sujet de son histoire de ses origine à nos jours. Le premier ouvrage ayant traité l'histoire de l'espéranto est paru en 1912, à l'occasion de son premier quart de siècle d'existence. Il couvrait la période de 1887 à 1912 et comportait 144 pages. Son auteur était un statisticien polonais : Adam Zakrzewski (pseudonyme : Z. Adam). Un autre ouvrage parut en deux volumes (78 et 200 p.), en 1923 et 1927, sous la signature du Suisse Edmond Privat et fut édité à Leipzig par Ferdinand Hirt & Sohn (http://eo.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Hirt_und_Sohn), qui avait une important département d'édition d'espéranto. Je possède, entre autres l'"Historio de Esperanto" de Léon Courtinat qui comporte 1332 pages et  "l'Historieto de la japana Esperanto-movado de Miyamoto Masao (116 p.). Beaucoup d'autres ouvrages d'histoire de l'espéranto sont parus depuis. Le dernier en date me semble être celui d'Alexander Korjenkov, publié en 2005 par les éditions Sezonoj à Kaliningrad (128 p.). Il y a eu aussi des histoires non seulement nationales, mais aussi régionales, par exemple : "Histoire du mouvement espérantiste en Roussillon" écrite par Jean Amouroux avec Marie-Thérèse et Robert Lloancy, « La langue internationale espéranto et le mouvement espérantiste dans le département de la Loire, des origines à la Première guerre mondiale », par André Védrine, sans compter de nombreux articles dans des revues ou sur Internet : http://esperanto.org/Ondo/Ind-hist.htm.

Voir à ce sujet "Verkoj pri Esperanto-historio", ouvrage sur l'histoire de l'espéranto :

 http://eo.wikipedia.org/wiki/Verkoj_pri_Esperanto-historio.

Ceux qui affirment que « l'espéranto n'a pas d'histoire » connaissent-ils, d'abord, le sens des mots français  ?  À commencer par le mot « histoire » ?

Le « Petit Robert » donne la définition suivante : « Connaissance ou relation des événements du passé, des faits relatifs à l'évolution de l'humanité (d'un groupe social, d'une activité humaine), qui sont dignes ou jugés dignes de mémoire; les événements, les faits ainsi relatés. »

Les événements du passé et les faits faits relatifs à l'évolution de l'humanité peuvent toucher une multitude d'aspects. On peut ainsi trouver l'histoire de diverses doctrines politiques, de diverses religions, des techniques, des sciences, de divers pays dont beaucoup sont plus jeunes que l'espéranto, des langues, y compris l'espéranto. L'indonésien, qui est plus jeune que l'espéranto, a une histoire, le norvégien moderne aussi (bokmål). L'histoire de l'espéranto est imbriquée comme elle dans l'histoire de l'humanité.  Le premier manuel d'espéranto est paru en 1887, donc dans la période de parution des trois tomes de "Das Kapital" : 1867, 1885, 1894. L'espéranto a une histoire tout comme le marxisme. Au mois, d'août, « France Info » a diffusé une rubrique sur l'histoire de l'informatique. Même Internet a déjà son histoire (http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Internet), tout comme la photographie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_photographie) et il serait même possible d'écrire, au sein de celle-ci, l'histoire de la photo argentique alors que nous sommes entrés dans l'ère de la photo numérique. L'histoire de l'espéranto s'inscrit dans celle des langues et plus précisément de l'idée de langue internationale et de l'interlinguistique (néologisme créé en 1911 par le linguiste belge Jules Meysmans pour désigner la science des langues construites) qui a elle aussi une histoire. Donc, que l'on cesse de rabâcher des âneries autour de la prétendue absence d'histoire de l'espéranto !

À titre d'exemple, Hirt & Sohn, qui était l'un des plus grands éditeurs allemands de manuels et d'ouvrages scolaires, fut contraint de fermer sa branche d'espéranto lorsque commencèrent les persécutions nazies. Ça ne fait pas partie de l'histoire, ça ? Et les innombrables références que l'on trouve dans l'ouvrage d'Ulrich Lins sur les entraves politiques et les persécutions subies par l'espéranto à travers son premier siècle d'existence, c'est-à-dire couvrant la période 1887 à 1987 : “La danĝera lingvo“ (La langue dangereuse : http://www.esperanto-sat.info/article451.html ).

On trouve en effet des références à l'espéranto dans les archives de la Gestapo, du NKVD, dans des rapports de la SDN, de l'ONU. Les polices secrètes ont inquiété et même persécuté ses usagers, pas seulement en Allemagne nazie et en URSS, mais aussi, à diverses périodes, au Portugal sous Salazar, en Roumanie sous Ceaucescu, en Chine, en particulier sous Thang Kaï-Chek et durant la "Révolution culturelle". Président de la république d'Autriche, réélu, Franz Jonas le parlait couramment. Tito l'avait appris en prison. Mao Tsé Toung avait approuvé son utilisation, de même que le grand écrivain Lu-Xun, et l'une des plus grande figures littéraires chinoises, Pa Kin le parlait. Le premier gouvernement au monde à avoir décidé d'enseigner l'espéranto à titre officiel fut celui de Sun Yatsen, dès 1912.  En Estonie, des députés espérantophones furent exécutés durant l'occupation nazie, même chose en Corée du Nord. Et on ose dire que l'espéranto n'a pas d'histoire alors qu'il serait possible de rédiger des milliers de pages de faits précis et solidement référencés, à l'image de l'ouvrage de Lins ! En France, l'historien Jean-Claude Lescure lui a consacré une thèse « Un imaginaire transnationala? Volapük et espéranto vers 1880-1939 »
http://centre-histoire.sciences-po.fr/centre/chercheurs/lescure.html

Dès qu'il est question d'espéranto, c'est  courant d'entendre ou de lire des avis de gens qui débarquent  là, la gueule enfarinée, et qui émettent un avis ô combien autorisé reprenant non point des faits précis et vérifiables, mais le ouï-dire et le commérage comme seule références, ce qui revient à ça : «aJ'ai entendu dire de quelqu'un, qui a entendu dire de quelqu'un qui a lui-même entendu dire que... », et ainsi de suite. Et ça dure depuis plus d'un siècle !

Mais à quoi ça sert d'avoir un cerveau ? N'est-ce qu'un espace publicitaire, comme dans l'esprit de TF1 :

  http://quebec.indymedia.org/fr/node/20881 ?
 

Il est vrai que le gouvernement de notre république bananière compte encore sur l'indigence mentale des gens pour perpétuer des préjugés, à commencer par le ministère de l'Éducation nationale. Et les médias à la botte (on le voit aussi à propos de la grippe H1N1 et des vaccinations aux effets douteux où c'est carrément l'intox, sans compter bien d'autres sujets) enfoncent le clou.



« Artificiel » ?

 

Il n'y a pas plus naturel que le langage du singe.

Le propre de l'homme est précisément dans dans son imagination, dans sa faculté d'inventer, de développer des idées, de créer.

Artificiel = fait avec art. L'art du singe, ce n'est pas folichon. Certes, il peut tenir un pinceau comme il est possible d'en fixer un à la queue d'un âne.

S'il y a quelque chose de naturel, c'est bien la sottise (en restant gentil, poli et zen).

J'y reviendrai.

 

Gardez-vous contre la grippe A, mais encore plus contre le vaccin et les docteurs Knock qui en profitent !
 

L'armée allemande déclare que les vaccins contre la grippe qui contiennent du mercure et autres adjuvants, présentent trop de risques pour leurs soldats... des « risques incalculables ».
 

En France, devenue république bananière et en voie d'être anglophone, le personnel médical, les soldats et la police seront vaccinés en premier.
 

Autrement dit, dans quelques années, il n'est pas impossible que médecins, infirmières, soldats et policiers seront les premières victimes de cette opération « roulette russe », malades ou...
 

Qui répondra d'un tel désastre ?
 


 


 

Haut de page