Eurovision
: une caricature de l'Europe
L'Union
européenne a
23 langues officielles, dont une plus « officielle » que les
autres, de plus en plus souvent unique. Sa devise est « Unité dans la
diversité ». « Unité dans l'hypocrisie » serait plus conforme
à la réalité, car nous pouvons tous les jours faire l'expérience et la
constatation de cette prétendue « diversité » dans les instances
européennes : il s'agit d'une évolution vers l'unilinguisme, vers le
tout-anglais, vers la domination d'une langue nationale sur toutes les
autres.
Indépendamment des institutions
européennes, cette « diversité » peut être constatée et contestée
aussi au concours de l'« Eurovision », pour lequel le nom « Anglovision
» correspond mieux à la réalité. L'originalité et l'authenticité sont
absentes. Ça ressemble à la diversité des menus et à la diversité
diététique de la façon de manger par laquelle les EUA sont les plus
frappés par une obésité dangereuse et même mortelle...
Il y a cependant quelque chose de juste
dans Eurovision 2010 : seulement le titre de la chanson par laquelle la
jeune Allemande Lena-Meyer Landrut a gagné ce concours : "Satellite"...
Effectivement, l'Union européenne est
devenue un satellite des États-Unis et de son partenaire européen pour
la satellisation des pays de l'Europe continentale. La préférence et
l'exigence pour des natifs anglophones s'accroissent dans les annonces
et non pour des hommes, même professionnellement expérimentés et d'une
grande valeur professionnelle pour qui il est la première langue
étrangère apprise. Un exemple :
http://www.aladom.fr/cours-anglais/paris-75/baby-speaking-jobs-for-native-english-speakers-m34
C'est le contribuable qui
paie... Pensez-y en rédigeant votre déclaration de revenus !
Plus actuels que jamais sont
les livres du professeur
Robert Phillipson : "Linguistic Imperialism Continued"
(Impérialisme linguistique, suite) et "
English only Europe : Challenging Language Policy"
(Une Europe avec l'anglais seulement ? Un défi à la politique
linguistique, publié aussi en traduction espéranto" : "Ĉu
nur-angla Eŭropo?
— Defio al lingva politiko"), de l'historienne et
journaliste anglaise
Frances Stonor Saunders ( ''Who Paid the Piper ? : CIA and
the Cultural Cold War'' — en traduction française : "Qui mène la
danse ? : La CIA et la guerre froide culturelle") ou de Charles
Xavier Durand (« Une colonie ordinaire du XXe siècle »).
Une illustration pertinente à ce sujet a été affichée par Mariana
Evlogieva (Bulgarie), sur son
blog :
http://13.interpres.org/evroviziya-2010-iskam-mnogoezichna-evroviziya/
(voir ci-dessus).
N'oublions jamais ces mots de Margaret Thatcher (2000)
:
"In this twenty-first century, the dominant power is America; the
global language is English; the pervasive economic model is Anglo-Saxon
capitalism." (
En ce
XXIème siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant
est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme
anglo-saxon.)
et ceux de David Rothkopf (1997) :
"It is in the general interest of the United States to encourage the
development of a world in which the fault lines separating nations are
bridged by shared interests. And it is in the economic and political
interests of the United States to ensure that if the world is moving
toward a common language, it be English; that if the world is moving
toward common telecommunications, safety, and quality standards, they be
American; that if the world is becoming linked by television, radio, and
music, the programming be American; and that if common values are being
developed, they be values with which Americans are comfortable." (
Il y va de l’intérêt
économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde
adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers
des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de
qualité, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties
sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes
soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce
soient des valeurs dans lesquelles les Étasusiens se sentent à l'aise.)
Réagissons là où l'occasion se
présente !