Sujet :

Indépendance de la Catalogne avec l'anglais en exergue !

Date :

07/07/2013

Envoi d' Ivan Le Gallo  (courriel : ivan.legallo(chez)orange.fr)  

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Indépendance de la Catalogne avec l'anglais en exergue !

Vu de France, je n'ai pas à juger du bien fondé de l'indépendance de la Catalogne. Il n'en reste pas moins cocasse qu'une région qui réclame si ardemment le respect de son identité et de sa langue puisse en même temps s'avilir par un immense "FREEDOM CATALONIA".

C'est-là tout le paradoxe des pulsions régionalistes : rejet des langues nationales, mais soumission sans complexe à l'anglais.

ILG

 

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Un stade sang et or pour l'indépendance de la Catalogne

Ils sont venus par milliers à Barcelone crier leur désir d'indépendance et réclamer un référendum d'autodétermination en 2014.

MATHIEU DE TAILLAC

ENVOYÉ SPÉCIAL À BARCELONE

ESPAGNE 90 000 personnes. Ce samedi soir, le stade du Camp Nou affiche le public des matchs de gala. Parmi les spectateurs, beaucoup revêtent d'ailleurs le nouveau maillot rouge et jaune du FC Barcelone, celui qui, prévu pour les rencontres à l'extérieur, reproduit la senyera, le drapeau catalan. Le ballon s'arrête là. Car sur la pelouse, au lieu des Messi, Xavi et autres Iniesta, ce sont des chanteurs qui occupent le terrain. Et, en guise de buts, des déclarations d'amour de la Catalogne. Des familles, des groupes d'amis, des jeunes et des vieux... ont déboursé entre 10 et 150 euros pour crier leur désir d'indépendance, sans voir un ballon. Une démonstration de force.

Calogne libre, mais en anglais !

Les spectateurs du concert ont réclamé, samedi soir au stade du Camp Nou à Barcelone, un référendum d'autodétermination en 2014.

Gustau Nacarinio/Reuters

 

L'évènement porte le titre de "Concert per la Libertat". Un terme repris par une immense mosaïque, qui inscrit ces trois mots, en anglais : "Freedom Catalonia 2014". Liberté ? Un euphémisme pour réclamer un référendum d'autodétermination et, à terme, l'indépendance. 2014 est la date à laquelle les deux grands partis nationalistes se sont engagés à organiser le scrutin. À Madrid, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy freine des quatre fers une initiative qu'il juge contraire à la Constitution.

« In, In-de, In-de-pen-den-cia ! » À chaque fois qu'une chanson se termine, ce même cri est repris par les 90 000 gorges de ce qui est - encore ! - le plus grand stade d'Espagne. Et s'agitent, innombrables, les esteladas, l'étendard des indépendantistes.

« Personne ne vient là pour la musique !, explique Gemma, 43 ans. On est là pour se faire entendre. Qu'ils respectent notre langue, notre culture. » Ils ? Le gouvernement espagnol, accusé, dans l'une des régions les plus autonomes d'Europe, de vouloir mettre fin aux particularismes locaux et de ponctionner la riche Catalogne pour alimenter les communautés autonomes moins bien portantes. Des arguments largement repris par l'exécutif régional, qui rejette sur Madrid la responsabilité de ses difficultés économiques et embarque la Catalogne dans un processus dont nul ne connaît l'issue.

Parmi les artistes, Luis Llach, 65 ans, référence culturelle du catalanisme, l'emporte en popularité. Mais, quel que soit l'interprète, c'est à chaque déclaration que le public acquiesce, lance un « bravo ! » ou un « bien dit ! ».

Le cœur nationaliste a parfois ses raisons que la raison ignore. Comme lorsqu'est reprise "La Mauvaise Réputation". Dans sa version originale, la chanson de Georges Brassens préconisait pourtant : « Le jour du 14 Juillet, je reste dans mon lit douillet ; la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas. »

Peu importe, pour les spectateurs. Le concert ressemble à une grand-messe qui galvanise ses fidèles. En écoutant des dizaines d'intervenants, chacun se rassure sur la justesse de sa foi séparatiste. En participant à la liturgie sang et or, le frisson de l'émotion collective s'inscrit dans les mémoires individuelles.

Le « soufflet » nationaliste, selon l'expression locale, n'est pas retombé. En pleine crise économique, l'Espagne doit encore composer avec le risque d'une sécession... ou de la frustration brutale du rêve indépendantiste.

 

Source : Le Figaro, le lundi 1er juillet 2013

 

 

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