Sujet :

L’anglais règne dans les universités européennes

Date :

24/09/2014

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Conséquences de la mise en concurrence des universités :

L’anglais règne dans les facultés bataves

Par Vincent Doumayrou, Le Monde Diplomatique, juillet 2014

L'anglais nous tire la nique !« Nous sommes ridicules », clamait le 10 avril 2013 Mme Geneviève Fioraso, ministre française de l’enseignement supérieur et de la recherche : nos universités ne proposent « pas assez de cours en anglais ». Depuis le début des années 1990, les Pays-Bas recommandent justement l’usage de la langue de Shakespeare dans les formations supérieures. Leurs résultats invitent-ils à les suivre ?

En 1989, M. Jozef Ritzen, alors ministre travailliste de l’éducation des Pays-Bas, déclara que les universités devaient donner plus de cours en anglais. Le scandale suscité par l’idée d’une telle atteinte à la culture du pays fut tel que le Parlement adopta une loi faisant du néerlandais la langue d’enseignement officielle.

Aujourd’hui, ce qui avait alors tant affligé l’opinion est dans une large mesure devenu réalité. L’usage de l’anglais demeure certes limité au niveau des licences, ainsi que pour les masters d’enseignement appliqué. Mais il devient désormais majoritaire pour les masters universitaires, les plus prestigieux, hissant les Pays-Bas au premier rang dans l’Europe non anglophone pour le nombre de formations en anglais. Les masters de sciences de la vie, d’ingénieur et d’économie arrivent en tête des formations concernées.

Divers facteurs locaux expliquent cette évolution : une économie très ouverte, une langue d’origine germanique et assez proche de l’anglais, partagée seulement avec la Belgique flamande et le Surinam, ce qui rend peu réaliste une politique de rayonnement international. La connaissance de l’anglais se diffuse déjà largement aux Pays-Bas, l’organisme "Education Firs" classant le pays troisième sur soixante en la matière. En droit, le néerlandais ne dispose pas de statut constitutionnel ; la loi du 8 octobre 1992 en fait la langue d’enseignement, mais les dérogations qu’elle prévoit vident le principe de sa substance.

Règne de l’approximatif

Ce choix permettrait de transmettre une science « internationale par définition », prétendent les thuriféraires de l’anglais tout-puissant (1). Jamais les humains n’avaient disposé d’un idiome aussi mondialement diffusé. « Si on est gentil sur ce qu’on entend par "anglais" », précise le journaliste Christopher Caldwell (2).

Luc Soete et l'anglicisationEn réalité, la promotion de la langue de Shakespeare reflète avant tout la mise en concurrence des universités au sein d’une économie de la connaissance qui « se caractérise par la commercialisation à l'échelon mondial des produits de la recherche et de l'enseignement (3) ». La déclaration de Bologne du 19 juin 1999 prévoit la mise en place d'un espace européen de l'enseignement supérieur - à la manière de l'arrêt Bosman de 1995 pour les joueurs de football. « L'enseignement est devenu un produit d'exportation », nous confirme M. Luc Soete, doyen de l'université de Maastricht. Dans ce contexte, les institutions universitaires considèrent les langues nationales comme un obstacle à la mobilité étudiante, du même type que ceux qu'érigent les barrières douanières pour les marchandises. L'anglicisation devient ainsi l'outil linguistique du mercantilisme universitaire.

Plusieurs scientifiques français estiment que « la vivacité de la production intellectuelle (...) des Pays-Bas, qui n 'appliquent aucune restriction linguistique, est là pour témoigner que leur culture ne s'est pas effondrée dans leur ouverture à l'anglais (4) ». Ils considèrent cette politique comme un exemple à suivre en France. Mais aux Pays-Bas mêmes, l'Onderwijsraad (Conseil de l'enseignement), préconise aux universités de mieux motiver leur politique linguistique pour veiller à la perpétuation de la langue et de la culture néerlandaises, et pour s'assurer que les parties prenantes jouissent du niveau d'anglais adéquat (5). Ces recommandations sonnent en creux comme une critique de la politique menée et en suggèrent les failles.

Ce choix a permis au pays d'améliorer un peu son attractivité. Le contingent accueilli est passé, entre 2000 et 2009, de 0,7 à 1,2 % du total mondial des jeunes qui étudient à l'étranger (6). Mais on observe que, en 2012, 38% d'entre eux provenaient d'un même État, l'Allemagne.

L'université de Maastricht incarne bien cette internationalisation paradoxale, limitée au voisinage, et ne profitant guère au rayonnement des Pays-Bas. Presque tous les cours y sont donnés en anglais, sauf le droit néerlandais et une partie de la médecine. Avec 47% d'étudiants étrangers, elle se vante d'être « l'université la plus internationale des Pays-Bas ». Mais elle devrait plutôt employer l'adjectif « interrégionale » : les Allemands constituent les trois quarts des effectifs étrangers, suivis des Belges et des Britanniques.

Silke vient d'Aix-la-Chapelle, à moins d'une heure de route. « Les rapports avec les professeurs sont moins académiques qu'en Allemagne », apprécie cette étudiante. Mais là s'arrête son intérêt pour le pays qui l'accueille : « J'ai pris des cours de néerlandais, mais sans persévérer. » « Les cours de néerlandais sont gratuits en première année, avec beaucoup de succès », nuance M. Peter Wilms Van Kersbergen, responsable du Language Centre. Sur sept mille cinq cents étudiants étrangers, on en dénombre seulement huit cents qui suivent cette formation, non prise en compte dans l'évaluation finale. Beaucoup ne savent toujours pas demander l'addition au restaurant au terme de leur séjour. Cette situation d'extraterritorialité linguistique limite à l'évidence l'ouverture à la culture du pays d'accueil, vertu présumée de l'expatriation étudiante.

Neuf des douze premières nationalités étrangères représentées appartiennent à l'Union européenne. La Bulgarie envoie deux fois plus de jeunes aux Pays-Bas que l'Inde. Le seul membre des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) massivement représenté est la Chine, avec 8 % du contingent d'étudiants étrangers. Plus qu'un rayonnement accru à l'égard du monde émergent, l'anglicisation traduit ici le statut d'un idiome de plus en plus hégémonique dans les rapports internes à l'Europe ; et contredit l'objectif de multilinguisme proclamé par l'Union.

Un article paru dans NRC Handelsblad décrit l'anglais des professeurs comme acceptable, mais approximatif. Son titre joue sur une incorrection : "How do you underbuild that ?" Le mot "underbuild", inconnu dans ce contexte dans le monde anglo-saxon, est le calque du néerlandais "onderbouwen", qui signifie étayer (7). Ce type de formule inexacte pullule, provoquant des imprécisions de fond. Le propos devient par ailleurs moins spontané, comme l'indique Jaap Dronkers, sociologue de l'éducation à Maastricht : « Mon anglais n 'est pas mauvais, mais quand j'encadrais des chercheurs, je n'avais pas la subtilité nécessaire pour arriver à des compromis. » Des études menées en Suède montrent que l'étudiant porte plus d'attention à la compréhension littérale si le cours est donné en anglais plutôt qu'en suédois, ce qui émousse son esprit critique (8).

 

L'anglais fonctionnel, comme tout sabir, s'avère utile pour des interactions superficielles, par exemple quand un garçon de café d'Antalya (Turquie) vous décrit la vue sur la mer comme "very nice" (très belle). Il atteint ses limites dans le contexte de l'enseignement universitaire, qui mobilise à plein les capacités langagières. Car on a très rarement le même niveau de nuance et de précision dans une langue apprise que dans sa langue maternelle. Cette loi d'airain de la compétence linguistique se confirme même dans des pays réputés exceller dans la langue de Shakespeare. Un observateur britannique décrit ainsi l'ennui qui le saisit devant la fadeur des conférences en globish (9), même prononcées par un Européen du Nord (10).

Les effets pourraient également devenir pernicieux pour le néerlandais dans un contexte où de nombreux observateurs s'inquiètent d'une dégradation de son bon usage. Une stagiaire en communication admet ainsi « connaître les règles de l'orthographe mais, comme il faut toujours écrire en anglais à la fac, elles passent un peu au second plan ». À anglais d'aéroport, néerlandais de tarmac ?

Autre danger, celui de la « perte de domaine » : une situation où les autres langues ne permettraient plus d'exprimer certains concepts scientifiques. La perte Ludovic Beheydt, professeur à l'université de Louvainde domaine s'accompagne d'une perte de prestige, puis d'une perte de substance, réduisant l'usage de la langue « au ménage, au jardin et à la cuisine (11) ». La diversité culturelle n'y gagnerait pas. Dronkers craint « une situation de diglossie, où cohabitent deux langues dotées de statuts sociaux inégaux ». Ainsi, il discute avec son assistante en néerlandais, mais lui écrit ses courriels en anglais, car elle peut les faire suivre à des tiers. Le néerlandais se trouve peu à peu réduit aux échanges informels, comme un patois.

En dépit de ces inquiétudes légitimes, la primauté de l'anglais ne menace pas à ce jour le néerlandais dans son existence. Elle nuit en revanche gravement à l'étude des langues étrangères tierces. Selon M. Ludovic Beheydt, professeur à l'université de Louvain, « la connaissance d'autres langues que l'anglais est devenue tellement minime qu'on ne peut même plus demander à des étudiants de lire un article en français ou en allemand (12) ». Ce constat n'est pas limité aux universités néerlandaises.

Selon un sondage commandé par la Commission européenne, parmi les habitants de l'Union estimant pouvoir converser dans une langue étrangère, 38 % citent l'anglais. Entre 2005 et 2012, les autres langues indiquées ont reculé de 14 % à 11 % pour l'allemand, de 14% à 12 % pour le français, de 6 % à 5 % pour le russe. Seul l'espagnol progresse, de 6 % à 7% (13). Au Royaume-Uni, l'étude des langues étrangères au lycée se réduit à peu de chose.

Le contre-exemple Scandinave

Un tel appauvrissement devient aberrant quand il touche des idiomes proches, comme ceux de la Scandinavie, où une coutume en voie d'extinction veut que les peuples dialoguent en s'exprimant chacun dans sa langue. Mme Bodil Aurstad enseigne le norvégien en Suède et constate que la facilité à progresser et la proximité du pays motivent les étudiants, qui « en quelques semaines (...) peuvent faire preuve d'une bonne compréhension à l'écrit comme à l'oral (14) ». La communication pan-nordique a facilité l'ouverture culturelle, la description de réalités Scandinaves et la construction d'un espace de bonne entente - un pendant linguistique à l'Union de Kalmar, ce traité qui, en 1397, unifia Danemark, Suède et Norvège.

« Les établissements choisissent l'anglais en mode pilotage automatique, car ils veulent se profiler comme des acteurs à l'échelle internationale, explique une revue néerlandaise. Les universités (...)  craignent de se voir reléguées à un niveau provincial si elles ne s'adressent qu'au marché intérieur (15). » L'anglicisation facilite la conformité aux réseaux mondiaux de la recherche et met en valeur le sentiment d'appartenir à une élite du savoir mondiale, mobile, « globishophone ». Dans un contexte de déclin de la culture classique, la maîtrise d'un anglais même sommaire devient un critère de distinction culturelle primordial. Il n'est pas fortuit de ce point de vue que la saillie de la ministre de l'enseignement supérieur Geneviève Fioraso - sans cours en anglais, « nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d'une table (16) » - témoigne d'un mépris des belles lettres.

En 1921, Mohandas Karamchand Gandhi s'élevait contre la « superstition » de ceux qui, en Inde, voyaient dans l'anglais le seul vecteur de modernité (17). Il ignorait sans doute qu'il faudrait un jour mener ce combat à l'échelle du monde.

 

(1) François Héran, « L'anglais hors-la-loi ? », Populations et sociétés, n°501, Paris, juin 2013.

(2) Christopher Caldwell, «The French are right to resist global English », Financial Times, Londres, 17 février 2012.

(3) Claude Truchot, « L'enseignement supérieur en anglais véhiculaire : la qualité en question », 21 novembre 2010, www.diploweb.com

(4) « L'anglais a sa place dans l'université française », Le Monde, Paris, 26 avril 2013.

(5) « Weloverwogen gebruik van Engels in het hoger onderwijs », Onderwijsraad, La Haye, 2011.

(6) Statistiques de Nuffic, l'organisation néerlandaise pour la coopération internationale dans l'enseignement supérieur, www.nuffic.nl

(7) Marlies Hagers, « How do you underbuild that ? », NRC Handelsblad, Rotterdam, 7 mars 2009.

(8) Hedda Sôderlundh, « Engelskan stör lärandet », Forskning & Framsteg, Stockholm, 1er décembre 2006.

(9) De global English, ou anglais d'aéroport, version appauvrie de l'anglais utilisée par les locuteurs dont ce n'est pas la langue maternelle.

(10) Simon Kuper, « Why proper English rules OK », Financial Times, Londres, 8 octobre 2010.

(11) Jaap Van Maarle, dans Nederlands in hoger onderwijs & wetenschap ? (collectif), Academia Press, Gand,2010.

(12) Ludovic Beheydt, « L'apprentissage des langues étrangères aux Pays-Bas et en Belgique », Septentrion, n°2-2012, Rekkem, juin 2012.

(13) « Les Européens et leurs langues », rapport de la Commission européenne, Bruxelles, juin 2012.

(14) Bodil Aurstad, « Des langues semblables, simplement différentes. Enseigner le norvégien en Suède », Études de linguistique appliquée, n° 136, Paris, 2004.

(15) Yvonne Van de Meent, « Onderzoek ontkracht mythe rond verengelsing HO », Transfer, La Haye, février 2012.

(16) Cité par Serge Halimi, « Contre la langue unique », Le Monde diplomatique, juin 2013.

(17) Pavan K. Varma, Devenir indien, Actes Sud, Arles, 2011.

 

 

* Journaliste, auteur de « La Fracture ferroviaire », L'Atelier, Ivry-sur-Seine, 2007.

 

 

Source : Le Monde diplomatique, juillet 2014

http://www.monde-diplomatique.fr/2014/07/DOUMAYROU/50623

 

 

 

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La solution face à la dictature de l'anglais, nous est rappelée par le député Pouria Amirshahi :

« la création d'un projet francophone n'est pas plus utopique

 que celle du projet européen ».

 

Rapport d'Amirshahi sur la Francophonie

 

 

 

My Tailor sera rich

Au terme de sa contribution à l'ouvrage de M. Hervé Bourges Pardon My French (1), Mme Yamina Benguigui s'exclame : « La francophonie, c'est maintenant ! » Ce n'est apparemment plus le cas pour elle, puisqu'elle n'a pas été reconduite dans ses fonctions de ministre de la francophonie par le Premier ministre Manuel Valls. Au-delà de la valse des maroquins, la question est de savoir si la France officielle a si peu que ce soit conscience de la dimension stratégique - politique, culturelle et aussi économique - de la diffusion des langues, et en premier lieu de la sienne (2). Ou si, malgré d'épisodiques discours rituels, elle cantonne sa vision au périmètre d'un modeste secrétariat d'État dont les titulaires successifs (actuellement, Mme Annick Girardin) n'ont jamais manqué de bonne volonté, mais sans disposer de moyens et encore moins de poids politique.

M. Bourges, figure centrale de l'audiovisuel français pendant plusieurs décennies, et qui fut également ambassadeur auprès de l'Unesco, est bien placé pour égrener les exemples de renoncement des décideurs ou faiseurs d'opinion français, y compris de représentants de l'État, à l'usage de leur propre langue dans les rencontres internationales, même si tous leurs interlocuteurs la comprennent. Ce qui navre en particulier les Africains francophones. Et tout cela pour s'exprimer dans un anglais souvent approximatif, mais qui traduit leur allégeance à la langue des maîtres, et donc aux maîtres eux-mêmes. Cet atlantisme linguistique sévit dans pratiquement tous les secteurs, les plus affectés étant ceux de la communication, de la finance, de la recherche et de l'industrie.

En fait, ces « élites » et leurs porte-parole ne croient pas une seconde à la francophonie, à la notable exception de M. Jacques Attali, qui considère qu'elle doit être un grand projet pour la France : il fut chargé par M. Pierre Moscovici, alors ministre de l'économie et des finances, de la rédaction d'un rapport sur les enjeux de la francophonie économique. On peut imaginer que M. Michel Sapin le confirmera dans cette mission. Car, apercevoir la francophonie - mais aussi bien l'hispanophonie ou la lusophonie - comme un obstacle archaïque à une « modernité » exclusivement incarnée par la langue anglaise, les gouvernants étalent surtout leur ignorance. Pourquoi ne pas considérer le très éclairant contre-exemple du Québec, et l'offensive permanente que, sans guère l'expliciter publiquement, les États-Unis et le Royaume-Uni mènent, eux, afin de promouvoir leur langue et de marginaliser celles des autres pays ? On doute fort que ce soit uniquement pour permettre de lire William Shakespeare ou Walt Whitman dans le texte... À ceux qui douteraient de la pertinence et même de la faisabilité d'une politique volontariste de la francophonie comme projet international structurant, on recommandera vivement la lecture d'un récent rapport de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale intitulé « Pour une ambition francophone » (3).

Ce document est doublement utile. Tout d'abord, il rassemble une grande quantité de données actualisées et constitue donc un outil de travail sans équivalent. Ensuite, il formule plus de quatre-vingts propositions dont la plupart ne coûtent rien, mais qui, si elles étaient mises en œuvre, démontreraient, pour citer le rapporteur, M. Pouria Amirshahi, que « la création d'un projet francophone n'est pas plus utopique que celle du projet européen ».

Bernard Cassen

 

(1)  Hervé Bourges, Pardon My French. La langue française, un enjeu du XXIe siècle, Karthala, Paris, 2014, 278 pages, 18 euros.

(2)  Lire "Manière de voir", n° 97, « La bataille des langues », février-mars 2008, disponible sur http://boutique.monde-diplomatique.fr

(3)  « Pour une ambition francophone », rapport d'information n° 1723, Assemblée nationale, Paris, janvier 2014.

 

 

Source : Le Monde diplomatique, juillet 2014

http://www.monde-diplomatique.fr/2014/07/CASSEN/50626

 

 

 

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Félicitons le député

 

Courriel :

pamirshahi@assemblee-nationale.fr

 

Formulaire en ligne :

http://www.pouriaamirshahi.fr/spip.php?page=contact

 

 

 

 

 


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