Sujet :

Jeux Olympiques : le français est bien plus respecté à Londres qu'à Vancouver

Date :

08/08/2012 

De Jean-Paul Perreault (Imperatif@imperatif-francais.org)

Jeux Olympiques de Londres :

Le français est bien plus respecté à Londres qu'à Vancouver

Michaëlle Jean, grand témoin de la francophonie aux Jeux olympiques de Londres, est plutôt satisfaite de ce qu’elle a pu voir et entendre aux Jeux de 2012 : « C’est certainement mieux qu’à Vancouver où la qualité du français offert me blessait littéralement », soulignait-elle hier soir lors d’un entretien privé à la Maison du Canada.

Le français était à l’honneur hier soir à Maison du Canada puisque le Comité olympique canadien recevait l’ensemble des comités nationaux des pays de la francophonie. On a pu croiser de nombreux représentants des pays africains et on attendait une forte délégation de la France plus tard en soirée.

Effectivement, le français se porte plutôt bien aux évènements sous le contrôle du comité organisateur des Jeux de Londres. Souvent, c’est la langue qui est utilisée en premier lors de la présentation des épreuves ou des médailles.

Mais ce fut un long travail et d’âpres négociations : « Nous avons travaillé pendant plus de deux ans pour convaincre les Britanniques que le français ajouterait une classe et une ouverture importantes à leurs Jeux », expliquait Mme Jean hier soir : « En fait, ils craignaient la réaction de leurs tabloïds qui sont souvent très virulents. Ils avaient peur qu’on les accuse de dépenses somptuaires en favorisant la présence du français. Nous leur avons expliqué que le français était une des deux langues officielles des Jeux puisque c’est un Français qui les a relancés, M. Pierre de Coubertin. En plus, il y a 500 000 francophones qui vivent à Londres sans parler des nombreux francophiles qui aiment le français et des dizaines de millions de Français qui vivent à 20 kilomètres de la Grande-Bretagne », de dire Mme Jean.

RENDRE DES SERVICES

La chartre olympique pour protéger le français, c’est bien. Fournir des services, c’est encore mieux. Et Michaëlle Jean se fait un plaisir de raconter comment lors de ses premières rencontres avec les dirigeants du LOCOG elle leur a montré l’énorme panoplie de services que l’Organisation mondiale de la francophonie pouvait offrir. De la traduction, des textes, une supervision. On a fourni des salaires, des bénévoles, plusieurs Québécois ont été appelés à la rescousse : « On a fait ça étape par étape. Il y avait beaucoup à faire », dit-elle en souriant : « Et je leur disais, vous ne pouvez pas faire moins bien que Pékin quand même. Je ne parle pas de Vancouver, c’est une autre histoire », de dire l’ancienne gouverneure générale du pays.

Elle reprend : « Ce que je vois, ce que j’entends, ce que je lis, c’est un français impeccable. Et on sent un souci de bien faire ».

UNE FEMME CONVAINCANTE

Cette femme a du charisme. Et elle est convaincante. Ainsi, l’OMF ne s’est pas contentée de s’appuyer sur le nombre de pays africains, l’oxygène de la francophonie dans le monde avec ses 200 millions de francophones : « Nous avions un souci qu’ils soient bien servis. Surtout les athlètes qui ne parlent pas anglais. En plus, par solidarité, nous avons fait fabriquer les survêtements sportifs de certaines délégations par des fabricants africains pour qu’ils soient fiers de leur pays et de leur culture. Nous avons veillé au grain », de dire Mme Jean.

Normalement, son mandat devrait prendre fin après la remise de son rapport sur l’état du français après les Jeux de Londres. Mais en attendant, elle cartonne. Et vite. Ce matin, quand vous lirez ces lignes, elle aura déjà pris le petit déjeuner avec MM Carlos Artur Nuzman et Christophe De Kepper, respectivement directeur général des Jeux de Rio de Janeiro et directeur général et numéro deux du CIO. La vice-présidente du CIO, la Marocaine Nawal El Moutawakel participera aussi à la rencontre.

Hier, Michaëlle Jean a été éloquente. Dans un passé récent, on a eu droit à infiniment plus de mollesse et de laxisme.

Pour mieux illustrer dans quel univers doit œuvrer Mme Jean, je vous raconte une brève anecdote. J’étais dans un avion entre Niamey (Niger) et Ouagadougou (Burkina Faso) environ six mois après les Jeux de Vancouver.

Une attachée est venue me chercher à ma place. Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation mondiale de la francophonie et ancien président du Sénégal, voulait me parler. Je suis allé prendre siège à ses côtés. Il voulait me remercier pour les articles que j’avais publiés lors des Jeux de Vancouver pour dénoncer la façon honteuse dont on avait traité le français dans ces Jeux western.

Je me suis permis de lui demander pourquoi, lui, n’avait-il pas protesté davantage ?

« Parce que dans le monde de la diplomatie, nous n’avons pas l’heureuse liberté des journalistes », m’avait-il répondu.

Ça me rassure, Michaëlle Jean est une ancienne journaliste.

 

Réjean Tremblay

rejean.tremblay@quebecormedia.com

 

 

Source : journaldequebec.com, le 8 août 2012

Possibilité de réagir sur :

http://www.journaldequebec.com/2012/08/02/le-francais-est-bien-plus-respecte-a-londres

 

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