Sujet :

Manque de créativité linguistique à l'ENSAI !

Date :

02/10/2009

De Jean-Pierre Busnel   (courriel : contact(chez)iab.com.fr)    

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Les élèves de l'ENSAI, École Nationale de la Statistique et de l'Analyse de l'Information, installée depuis 1996 en périphérie de Rennes, ont réalisé récemment un "lip dub" (voir article de presse en pièce jointe).

Mais qu'est-ce donc qu'un "lip dub" me direz-vous ? Voici la définition qu'en donne le quotidien en question (Ouest-France du 1/10/2009). Un "lip dub", (anglicisme qui signifie mouvement des lèvres) ou encore « clip promo chantant » est une vidéo réalisée en un seul long plan séquence, sans montage. Des collaborateurs sont filmés sur leur lieu de travail, mis en scène selon une chorégraphie très précise et chantent en playback et dans le rythme sur une musique généralement connue. La vidéo est ensuite diffusée sur internet ou d'autres réseaux. Arrivé du monde anglo-saxon, le "lip dub" a pris son essor en 2007. Ce type de vidéo a pour but de montrer la créativité et la bonne ambiance qui règnent au sein d'une équipe, de créer du lien entre les participants et de s'assurer une promotion.

Les élèves estimaient que l'école souffrait d'un déficit de notoriété (l'impressionnante multiplication des établissements d'enseignement supérieur fait que nombre d'entre eux sont dans cette situation). Ils ont alors envisagé de recourir à cette nouvelle trouvaille des « créatifs » de la « pub » et de la communication, déjà expérimentée dans plusieurs école de commerce et entreprises françaises. Le directeur de l'école a tout de suite adhéré à cette idée, « car c'est moderne, dynamique et un magnifique instrument d'intégration pour les nouveaux élèves ». La chanson choisie a été "Let's dance to joy division", de The Wombats (pour l'information des non-initiés, c'est-à-dire, grosso modo, des plus de 30 ans, précisons, à toutes fins utiles, qu'il s'agit d'un groupe d´"indie-rock", originaire de Liverpool, constitué en 2003).

Cette réalisation, cette sorte de chahut estudiantin filmé (comme on aurait dit, en français, il y a quelques années encore), au demeurant fort sympathique, fournit, après tant d'autres, une nouvelle et intéressante illustration de l'extraordinaire force du mimétisme anglomaniaque au sein de la nouvelle génération (l'anglicisation des individus étant, à l'évidence, une fonction décroissante de leur âge). La culture (mondiale) de la jeunesse est bel et bien désormais, comme je le rappelais récemment après la récente disparition de Michael Jackson, le « roi de la musique Pop », sous écrasante hégémonie anglo-saxonne.

La construction européenne s'est longtemps faite sur la promesse de l'élaboration d'une société autonome, sui generis. Ce n'est pas tout à fait ce que l'on constate aujourd'hui. « C'est le grand paradoxe : l'Union européenne, qui devait pérenniser un modèle distinct des États-Unis, a servi d'incubateur, sur le Vieux Continent, à un ordre social se rapprochant du type américain » (Serge Halimi, Le grand bond en arrière, Comment l'ordre libéral s'est imposé au monde, chez Fayard, 2004).

 Jean-Pierre Busnel
Président de l'Institut André Busnel
contact@iab.com.fr

 

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