Sujet :

Sciences Po et la culture générale

Date :

15/12/2011

De Jean-Pierre Busnel  (courriel : contact(chez)iab.com.fr)    

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Sciences Po et la culture générale

L'épreuve de culture générale supprimée au concours d'entrée à Sciences Po de Paris (divers articles de presse à ce sujet) ? C'est une véritable révolution. Je suis bien placé pour en juger. Voilà une nouvelle manifestation de l'effarante déculturation en cours, qui va évidemment de pair avec les attaques portées contre la langue française (y compris à Sciences Po, bien entendu). Je rappelle, à ce propos, qu'il y a quelques mois j'avais découvert avec stupéfaction, au siège historique de l'école, rue Saint-Guillaume, à Paris, que l'on ne parlait plus d'anciens élèves de l'école, désormais, mais d'"alumni", à la mode anglo-saxonne (également adoptée par de nombreuses grandes écoles, notamment commerciales).

Ce Richard Descoings (Prix 2009 de la Carpette anglaise), directeur de l'IEP de Paris depuis 1996, est décidément incorrigible ! Et l'autorité gouvernementale de tutelle (puisque l'IEP de Paris est, depuis la Libération, un établissement public) ne trouve manifestement rien à redire à ses entreprises. Peut-être même l'encourage-t-elle ? Lors de l'élection présidentielle de 2007, la presse avait d'ailleurs évoqué sa possible nomination comme secrétaire d'État en charge des questions « d'égalité des chances » et de « discrimination positive ». En tous les cas il a été réélu en 2011 pour un quatrième mandat ... Les grandes figurent de l'école, enseignants et dirigeants, les Émile Boutmy (le fondateur), Paul Leroy-Beaulieu, Albert Sorel, André Siegfried, Eugène d'Eichtal, Pierre Laroque, Jacques Chapsal, René Seydoux et tant d'autres encore, doivent s'en retourner dans leur tombe. Idem pour bien des anciens élèves, illustres ou non.

Cette décision est une illustration parfaite de ce que je notais dans un courriel du 11 courant intitulé « Trop de fêtes chrétiennes ... ». Elle est, en effet, «atypique des assauts en tous genres conduits depuis des années contre ce que l'on peut encore appeler la majorité, celle qui a doté ce pays, au fil du temps et des générations, d'une culture dominante, avec ses traditions, sa littérature, son histoire et ses valeurs communes, ses goûts, sa langue et sa religion. C'est contre cette majorité ... qu'a été élaboré, pour une large part, dans le monde occidental, le mécanisme intellectuel de la pensée politique moderne et des sciences humaines. Son argument fondamental étant que la domination culturelle d'une tradition nationale n'a plus de justification dans une société devenue multiculturelle. » Il ne faut surtout plus agir en héritier. Comme l'a écrit le philosophe Alain Finkielkraut, dorénavant ce n'est plus, comme il était d'usage constant, « la tradition nationale mise à la portée de ceux qui viennent d'ailleurs, mais sa mise en sourdine par respect des différences » (Qu'est-ce que la France ? , éditions Stock/éditions du Panama, 2000).

Pour promouvoir « l'égalité des chances », pour être bien sûr que nul ne subisse à l'avenir de discrimination pour l'accès à l'école en question, pour qu'aucun candidat ne risque d'être handicapé par une médiocre connaissance de la langue française ou de l'histoire de France, pour que nul ne soit éliminé sous prétexte qu'il ne sait rien du général de Gaulle ou de Louis XIV, on pourrait envisager la mise en œuvre d'une simple épreuve de coloriage au concours d'entrée ...

 

 Jean-Pierre Busnel
Président de l'Institut André Busnel
contact@iab.com.fr

 

 

 

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