Sujet :

Cours en anglais à l'université : débat passionné à l'Assemblée

Date :

16/05/2013

De Marc Beaufrère  (courriel : marc_beaufrere(chez)hotmail.fr - blogue : http://lefrancaisenpartage.over-blog.com/

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Cours en anglais à l'université : débat passionné à l'Assemblée

LE MONDE.FR, le

La ministre de l'enseignement supérieur,

Geneviève Fioraso, le 18 avril.

 AFP/BERTRAND GUAY

 

Les députés ont précisé, mardi 14 mai, les conditions d'une plus grande utilisation de l'anglais dans l'enseignement supérieur, et ont retoqué en commission les propositions de parlementaires PS, UMP et Front de gauche qui souhaitaient supprimer les dispositions sur le sujet prévues par un projet de loi. Ce texte, porté par la ministre de l'enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, étend en effet les exceptions à l'enseignement en français, notamment dans le cadre d'accords avec des universités étrangères ou de programmes financés par l'Union européenne.

Plusieurs intellectuels se sont prononcés contre cette initiative ces dernières semaines et l'Académie française a demandé au gouvernement de renoncer. D'aucun soulignent que la loi Toubon de 1994 écrit expressément que la langue de l'enseignement est le français et prévoit déjà des exceptions.

La ministre a un peu regretté le caractère « passionné » de ce débat et « la focalisation médiatique sur le sujet », mais s'est dite ouverte à des «aaméliorationsa». « Personne ne s'est offusqué qu'on enseigne en anglais dans les écoles de commerce », a-t-elle lancé, se disant « confiante dans la force du français », alors que lui était opposée « une atteinte à la francophonie ».

Le député UMP Daniel Fasquelle a, lui, mis en avant « la perte d'influence » de la France et dit craindre une « perte de la maîtrise technique et scientifique dans un certain nombre de domaines ». « [Le philosophe] Michel Serres a très bien expliqué que c'est par ce biais qu'on déstabilise des langues et qu'elles finissent par disparaître », a-t-il argumenté. Au nom d'une quarantaine de députés PS, le député Pouria Amirshahi (Français établis hors de France – Afrique du Nord et de l'Ouest) a estimé, citant les printemps arabes, que cet article ne donnait pas un « signal favorable », notamment dans les territoires qui se «aréorganisent ». La députée communiste Marie-George Buffet a également plaidé en faveur d'une suppression.

« On est un peu faux-cul : à Sciences Po, où j'enseigne, on parle en anglais, mais à l'université on n'a pas le droit de parler l'anglais, mais les élites oui », s'est au contraire exclamé Jean-Yves Le Déaut (PS) venu en soutien de la ministre. « Ce n'est pas avec cette disposition qu'on revient en arrière », a renchéri le rapporteur du texte, Vincent Feltesse (PS).

« ENRICHISSEMENTS EN SÉANCE »

Les députés ont adopté un amendement du président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, Patrick Bloche (PS), imposant en contrepartie que les étudiants étrangers concernés par les enseignements en anglais puissent recevoir "un apprentissage de la langue française". Ils ont aussi complété l'article en y inscrivant que cet enseignement pouvait l'être "pour faciliter le développement du cursus et de diplômes transfrontaliers". Un amendement UDI a également été adopté prévoyant que les formations "ne peuvent être que partiellement proposées en langue étrangère".

« Nous souhaitons entendre les inquiétudes », a martelé M. Feltesse. Mme Fioraso a laissé entendre qu'il pourrait y avoir des « enrichissements en séance ». En fin de soirée, les députés ont aussi adopté un amendement du rapporteur prévoyant que le ministère de l'enseignement supérieur assure « la cotutelle » des établissements ne relevant pas de son département.

L'examen des amendements en commission se poursuivra mercredi. Ce projet de loi est salué par certains pour les avancées pour les étudiants, tandis que d'autres critiquent le manque de moyens. Il introduit une spécialisation progressive en licence, pour permettre des réorientations sans redoublement, et la priorité aux bacheliers professionnels et technologiques en BTS et DUT, avec des quotas, pour éviter qu'ils atterrissent à la fac par défaut et y échouent. Il viendra en séance publique le 22 mai.

 

 

Source : lemonde.fr, le mercredi 15 mai 2013

http://www.lemonde.fr/education/article/2013/05/15/cours-en-anglais-a-l-universite-debat-passionne-a-l-assemblee_3219427_1473685.html

 

 

 

 

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