Sujet :

Fioraso, Benguigui, démission !

Date :

24/05/2013

De Norbert Terral (courriel : norberterral(chez)free.fr)  

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

Fioraso, Benguigui, démission !

L'enseignement en anglais dans nos universités, c'est la financiarisation du système et la Macdonaldisation de la culture. C'est la mort de la francophonie et à terme, la mort de notre langue.

Demandons la démission des ministres Fioraso et Benguigui.

NT

 

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Affaiblir le français c'est affaiblir la France !

Il y a toujours eu dans l'Enseignement Supérieur français des cours donnés en langues étrangères : par exemple, bien sûr, des cours de langues vivantes, mais aussi, notamment dans les écoles de commerce, des cours destinés à former des cadres à l'exportation ou susceptibles d'être expatriés, ou encore dans les soutenances de thèses en co-habilitation… et c'est normal. Mais l'article 2 de la loi présentée par l'actuelle Ministre de l'Enseignement Supérieur, en particulier par ses motivations, va bien au-delà d'une ouverture légitime, quand elle est mesurée, à un véritable plurilinguisme : c'est la place du français dans la culture internationale et, à terme, la place de la France dans le monde qui sont en cause. Mme Fioraso pense attirer des étudiants étrangers en développant les enseignements en anglais dans l'enseignement supérieur français. Cet argument est non seulement faux, mais dangereux pour la place du français dans le monde.

Cet argument est faux, car on sait bien que certaines nuances de pensée (et dans certaines disciplines ces nuances sont le cœur même de la pensée) ne peuvent s'exprimer que dans sa langue maternelle: si un français ou un allemand fait cours en anglais, même s'il a une excellente connaissance de cette langue, il ne pourra pas exprimer les mêmes nuances qu'un anglophone. À ce jeu, c'est toujours l'anglophone qui l'emportera et les étudiants étrangers préfèreront s'inscrire dans des universités anglophones… à moins que l'université française, dont l'honneur est d'être généreuse dans son ouverture à des candidats étrangers à condition qu'ils sachent parler et écrire français, ne remplace tous les universitaires français par des anglophones ! Un collègue physicien défendait l'usage exclusif de l'anglais dans les colloques scientifiques internationaux par l'argument suivant : nous, étrangers, parlons un “petit anglais” très simplifié et les anglophones sont obligés de rabaisser leur anglais à ce niveau. Quel désastre pour l'esprit humain (et pour l'anglais lui-même) ! Les langues constituent dans leur diversité un patrimoine mondial immatériel : quel appauvrissement et quelle régression ce serait pour l'esprit si tous les chercheurs et penseurs, dans toutes les disciplines, ne s'exprimaient plus que dans un "basic english" ! Quand Rome a dominé le monde, le latin n'a pas supprimé le grec (ni les langues extérieures à l'Empire).

Mais il y a plus : l'argumentation fallacieuse de Mme Fioraso met en danger la francophonie et la place du français dans le monde : est-ce que les étrangers francophones viendront dans nos universités pour recevoir des enseignements en anglais ? Faudra-t-il prévoir des cours d'anglais pour permettre à des étudiants étrangers francophones de suivre nos enseignements ? Que serait une université française enseignant en anglais ? Une fois que toutes les élites africaines auraient été formées en anglais, pourquoi conserveraient-elles le français comme langue officielle de leur pays ? Accepter l'argumentation de Mme Fioraso, c'est tirer un trait sur la francophonie !

C'est aussi renoncer au statut international de la langue française. Nous avons jadis entendu au CNESER un ancien président professeur d'économie dire : il faut faire tous nos enseignements de master et de doctorat en anglais ; le français, les étudiants étrangers l'apprendront avec leur copine française ou en allant au café. Ce qui en clair signifie : il n'y aurait plus qu'une langue de culture, une langue noble permettant d'exprimer une pensée économique, scientifique, juridique, littéraire, philosophique, et le français devrait devenir un dialecte utilitaire limité à la vie quotidienne. De fait, si le français n'est plus reconnu, même en France, comme une des langues de culture (il n'est pas question d'opposer le français à l'anglais, mais de revendiquer le plurilinguisme comme richesse culturelle de l'humanité), il perdra son statut de langue internationale. Comment se fera entendre la voix de la France dans le concert des nations quand le français aura perdu son statut de langue culturelle internationale ? Toucher au français dans l'enseignement supérieur, c'est accepter le déclin de la France.

 

Michel Gay, Secrétaire général de SupAutonome

Jean-Louis Charlet, Président de SupAutonome

Contact : accueil@supautonome.com

 

 

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Cours d'anglais à l'université : feu vert des députés

Le Monde.fr avec AFP et Reuters 

Fioraso ou la trahison linguistiqueÀ l'issue de longues discussions, les députés français ont ouvert, jeudi 23 mai, la possibilité de dispenser des cours en anglais dans les universités du pays, malgré un tir de barrage des opposants, qui redoutent une perte d'influence du français dans l'enseignement. L'Assemblée nationale a adopté par un vote à main levée l'article 2 du projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche présenté par Geneviève Fioraso, la ministre de l'enseignement supérieur.

« Je me réjouis que l'on y soit arrivé, après toutes ces discussions », a déclaré Mme Fioraso après l'adoption de cet article du projet de loi, jugeant que la poursuite de la polémique qu'il a suscitée, au-delà même des cercles universitaires, aurait risqué de nuire à l'image de la France. « La façon dont cela durait risquait de donner de nous – surtout après l'abrogation de la circulaire Guéant, circulaire qui était bien plus grave –, une image de défaitisme, de repli sur soi. Pour être aimé, il faut être aimable ».

Le gouvernement Ayrault avait abrogé dès juin 2012 la circulaire sur les étudiants étrangers, dite « circulaire Guéant », du nom de l'ancien ministre de l'intérieur. Depuis le 31 mai 2011, ce texte demandait aux préfets d'instruire « avec rigueur » leurs autorisations de travail et d'exercer un « contrôle approfondia» des demandes de changement de statut d'étudiant à salarié.

Le projet de loi étend les exceptions à l'enseignement en français à l'université, afin de favoriser l'attractivité des universités. La loi Toubon de 1994 écrit expressément que la langue de l'enseignement est le français et prévoit déjà des exceptions. Mais la disposition a déclenché un débat passionné depuis plusieurs semaines et l'Académie française avait même demandé au gouvernement de renoncer.

« NÉCESSITÉS PÉDAGOGIQUE »

Si tous les amendements visant à supprimer l'article controversé ont été repoussés jeudi dans l'Hémicycle, les députés ont encore encadré cette nouvelle dérogation à l'enseignement en langue française en votant un amendement du PS, qui avait reçu un avis favorable du gouvernement. Cet amendement précise que les exceptions à l'enseignement en français ne seront admises pour certains enseignements que « lorsqu'elles sont justifiées par des nécessités pédagogiquesa».

Plusieurs élus de l'opposition, mais aussi de gauche, comme le député socialiste Pouria Amirshahi, secrétaire national à la francophonie du PS, étaient hostiles à cette mesure, qui suscite aussi l'opposition de l'Académie française. « Il ne s'agit, en aucun cas, de remettre en cause la primauté de l'enseignement en français ou la défense de la francophonie », a assuré Geneviève Fioraso. « Il s'agit au contraire d'élargir le socle de la francophonie auprès des jeunes, notamment des pays émergents, qui, aujourd'hui, ne viennent pas dans notre pays. »

ERREUR DE LA PRÉSIDENTE DE SÉANCE

L'objectif du projet de loi, précise le texte est « essentiellement de régulariser les situations dans lesquelles le contournement de ce principe est rendu inéluctable, tant pour des raisons pédagogiques que pour des motifs liés à l'internationalisation des systèmes d'enseignement supérieur ».

Le président du groupe PS de l'Assemblée, Bruno Le Roux, avait annoncé mercredi qu'un accord était intervenu entre le gouvernement et les députés PS. L'Assemblée a rejeté plusieurs amendements déposés par des élus UMP qui visaient à supprimer cette disposition qualifiée de « renoncement dangereux à notre langue ».

L'Assemblée a en revanche entériné des amendements qui prévoient la mise en place d'un apprentissage de la langue française au bénéfice des étudiants étrangers concernés et de circonscrire la portée de la mesure aux enseignements « nécessitant véritablement d'être dispensés en langue étrangère ».

Bien que la majorité des députés présents dans l'Hémicycle ait clairement voté en faveur de cet article 2, la présidente de séance, Catherine Vautrin (UMP), a annoncé par erreur que cet article n'était pas adopté. Aucun député n'a relevé cette erreur en séance. L'examen de ce projet de loi par les députés, qui compte une soixantaine d'articles, devrait s'achever lundi prochain, l'Assemblée devant se prononcer le 28 mai par un vote solennel sur l'ensemble du texte.

 

Source : lemonde.fr, le 23 mai 2013

http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2013/05/23/feu-vert-des-deputes-au-cours-en-anglais-a-l-universite_3416361_1473692.html?

 

 

 

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« Quel est donc ce peuple qui a honte de sa propre langue ? »

Le Monde.fr | 

Par 

Attablée dans une salle proche de l'hémicycle de l'Assemblée nationale, Geneviève Fioraso soupire de soulagement : « On va enfin pouvoir parler d'autre chose...» Jeudi 23 mai, en fin de matinée, le désormais fameux article 2 du projet de loi porté par la ministre de l'enseignement supérieur a été adopté par les députés. C'est cet article, plus que les 67 autres du texte, qui a focalisé les débats depuis deux mois. Il prévoit en effet de faciliter l'usage des langues étrangères, donc de l'anglais, dans l'enseignement supérieur français.

Comme on pouvait s'y attendre compte-tenu de la vivacité de la polémique qui continue de s'enflammer par journaux interposés, le débat entre les députés a été, jeudi, particulièrement tendu. Trois heures de discussions émaillées d'incidents de séance, de vociférations, mais aussi de références aux grands auteurs.

« VOUS NE MESUREZ PAS LA PORTÉE DE VOTRE RÉFORME »

« La langue de l'Europe, c'est la tradition, pas l'anglais », a dit le député UMP du Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle, en citant Umberto Eco. Déplorant « le mauvais signal » envoyé à l'étranger par la mesure, le professeur de droit a rappelé, dans un hémicycle presque vide (à peine un député sur dix s'était déplacé pour discuter de l'université), les « dangers » que représente à ses yeux le projet de Mme Fioraso. « Vous ne mesurez pas la portée de votre réforme, a-t-il lancé à la ministre. Il faut suspendre cet article 2 et engager un grand débat sur les raisons pour lesquelles les universités françaises baissent en attractivité. Mais ce n'est pas en basculant l'université dans l'anglais qu'on la rendra attractive. C'est en défendant le multiculturalisme et le plurilinguisme ! »

Car c'est de cela qu'il s'agit, estime Daniel Fasquelle. Évoquant l'université de Strasbourg qui, dit-il, « est en train de faire basculer dix masters en anglais », il cite les pays d'Europe du Nord où la proportion des formations en anglais est « de plus de 50% ». « Voilà vers quoi on va ! Le point d'arrivée, c'est le basculement des masters. »

Sur les bancs de la gauche, le discours de M. Fasquelle provoque une crise d'urticaire. Marie-Françoise Bechtel (PS, Aisne) moque la « confusion » dans laquelle le député serait tombé. « Vous n'avez pas le monopole de la francophonie et du plurilinguisme, M. Fasquelle ! », assène Jean-Yves Le Déaut (PS, Meurthe-et-Moselle). « Prouvez-le ! », hurle la droite, tandis que M. Le Déaut dégaine le fusil à pompe : « Le mauvais signal, c'est la circulaire Guéant, ce n'est pas cet article sur la langue ! »

« INDISPENSABLE DE POUVOIR ATTIRER LES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS »

La charge déchaîne la colère de la droite, tandis que la gauche applaudit. La « circulaire Guéant », supprimée par la gauche après l'élection de François Hollande, prévoyait de restreindre les possibilités pour les étudiants étrangers de rester en France après leurs études. Mais c'est Thierry Mandon (PS, Essonne) qui met le feu aux poudres en évoquant « une tempête dans un verre d'eau » et en reprochant à M. Fasquelle sa « phobie des étudiants étrangers ».

« Ca ne va pas, non ? », crie Daniel Fasquelle, aussitôt soutenu par ses amis de l'UMP : « Inacceptable ! », « scandaleux ! », « assez ! assez ! », entend-on fuser des bancs de la droite. L'incident provoquera une interruption de séance et les excuses de M. Mandon.

Le bruit et la fureur n'ont cependant pas empêché une discussion sur le fond. La ministre, qui n'a pas ménagé la droite, a vigoureusement défendu son projet. Sous les huées de la droite, elle a mis le doigt là où ça fait mal : « Est-il normal que l'anglais se soit développé depuis quinze ans dans les grandes écoles, en violation flagrante de la loi Toubon, sans que personne ne pense à s'en offusquer ? Mais cela concerne l'élite, donc personne ne dit rien ! »

Puis elle a rappelé l'un des objectifs de l'article 2 : « 55% des 290 000 étudiants étrangers que nous accueillons en France viennent d'Afrique », a-t-elle pointé avant d'estimer que si la France est passée du 3e au 5e rang mondial en matière d'accueil, « c'est parce que nous sommes passés à côté de quelque chose avec les pays émergents. Il ne viennent pas à cause de l'obstacle de la langue. » Brésil, Inde, Indonésie, Russie, Chine... Objets de toutes les convoitises.

Sur ce point, la ministre a été soutenue par un député de droite, le chirurgien Bernard Debré (UMP, Paris) qui a évoqué son expérience personnelle : « Il est indispensable de pouvoir attirer les étudiants étrangers. J'enseigne en Chine. J'ai fait venir des étudiants chinois en France. Comme ils ne parlaient pas français, ils ont eu des cours en anglais. Mais, quatre ans après, on parle français à Shanghaï ! Si on leur avait dit : '« Non, vous devez parler français pour venir' », ils ne seraient pas venus ! »

« CE DÉBAT N'EST PAS UNE POLÉMIQUE »

Mais, bien sûr, en toile de fond, c'est l'avenir du français qui préoccupait les députés. Jacques Myard s'est jeté avec gourmandise et grandiloquence dans la bataille. « Ce débat n'est pas une polémique. Cet article ferme l'université sur ce sabir [l'anglais de communication internationale, NDLR] qui est un moyen mercantile de vendre des cacahouètes, mais ne permet pas de conceptualiser. Quel est donc ce peuple qui a honte de sa propre langue ? », s'est emporté le député UMP des Yvelines. Daniel Fasquelle a, lui, rappelé les propos du philosophe Michel Serres qui estime que, dès lors que le français ne pourrait plus «atout dire », elle serait « virtuellement morte ».

Pour calmer le jeu et tenter de sortir de ce débat sans fin par le haut, Geneviève Fioraso a lâché du lest. L'un des amendements défendus par Pouria Amirshahi (PS, Français établis hors de France) et de nombreux autres députés de gauche a été accepté. Il permet de mettre une nouvelle condition à l'usage de l'anglais : que ce soit justifié "par des nécessités pédagogiques". Cette condition s'ajoute à celles déjà adoptées en commission : l'utilisation partielle d'une langue étrangère, l'apprentissage du français par les étudiants étrangers, la prise en compte de leur niveau en français dans l'obtention du diplôme...

Benoît Floc'h

 

Source :  lemonde.fr, le 23 mai 2013

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/23/quel-est-donc-ce-peuple-qui-a-honte-de-sa-propre-langue_3416605_3224.html

 

 

 

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« J’enfreins la loi Toubon tous les jours, car elle n’est pas adaptée au monde moderne »

Bruno Sire est président de l’université Toulouse 1 – Capitole

Bruno Sire hors la loi !L’article 2 du projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche qui prévoit la possibilité de donner des cours dans une autre langue que le français a provoqué un énorme débat. Qu’en pensez-vous alors que votre université propose depuis dix ans des cursus tout en anglais ?

Vouloir aujourd’hui nous empêcher de donner des cours en anglais serait une grave régression et une menace pour la place de la France dans la recherche internationale. N’obligeons pas les universités à se replier sur elle-même pour un problème de langue.

Je suis d’accord pour défendre la langue et la culture française. C’est un bon combat. Je comprends que l’Académie française se mobilise pour la défense du Français. Je comprends aussi les arguments de Michel Serres lorsqu’il nous dit qu’une langue qui n’a plus de mots pour dire les choses est une langue qui meurt. Mais ce combat, ce n’est pas à l’université ou dans la recherche qu’il faut le mener mais plutôt au collège et au lycée. Les lycées étrangers doivent aussi contribuer au développement du Français et de la culture française.

 

La ministre de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, ne s'est-elle pas trompée d’angle d’attaque ?

Si absolument. Il y avait deux angles d’attaque à mon avis pour expliquer la nécessité de développer des cours en anglais. D’une part, c’est la recherche et ses réseaux internationaux dans lesquels la langue véhiculaire est l’anglais. Or, pour préparer nos jeunes chercheurs à s’insérer dans ces réseaux et organiser leur mobilité, il faut permettre un enseignement en anglais. D’autre part, l’insertion professionnelle. L’université a trois missions : la formation, la recherche et l’insertion professionnelle. Or, aujourd’hui, pour insérer les jeunes, il leur faut, dans un certain nombre d’entreprises, maîtriser ce que l’on appelle la langue de spécialités. A Toulouse, chez Airbus, le plus gros employeur de la région, la langue de travail c’est l’anglais. Et croyez-moi, si vous ne parlez pas anglais vous n’aurez aucune chance de vous faire embaucher chez Airbus et ce même pour des postes de non-cadre.
 

Vous enfreignez la loi Toubon depuis une dizaine d’années, quelles formations dispensez-vous en anglais et combien d’étudiants sont concernés ?

C’est vrai j’ai pris des libertés avec cette loi et je l'enfreins chaque jour, car elle n’est pas adaptée au monde moderne. Au total, 8 % à 10 % de mes étudiants suivent des cursus tout en anglais. Aujourd’hui, c’est en droit (j’ai dix partenariats avec des universités et demain douze qui concernent environ 250 étudiants) que j’ai le plus de double diplômes en anglais tout simplement parce que pour construire le droit européen la langue véhiculaire c’est l’anglais.

Pendant des siècles, cela a été le latin, aujourd’hui c’est l’anglais.

Pour certains masters (management international), tout l’enseignement est dispensé en anglais, car j’ai plus de 50 % d’étudiants étrangers. En économie, à partir du master 2, tous les cours sont anglais. Cela concerne 1 000 étudiants (français et étrangers) et signifie que tous terminent leur cursus, bilingues. Et c’est normal ! Ils s’apprêtent à faire une carrière internationale dans des grands organismes internationaux, dans des banques… où tout le monde parle anglais.

Enfin, en gestion, j’ai aussi environ 200 étudiants. Par ailleurs, j’ai des cours d’anglais disséminés ici ou là, ainsi que des travaux dirigés en anglais dispensés par des doctorants et des post-doc qui ne parlent pas forcément tous très bien français.
 

Inversement, vos étudiants apprennent-ils le français ?

Évidemment ! D’abord, ils l’apprennent en vivant en France. Et ils suivent obligatoirement des cours de FLE (français langue étrangère).


Propos recueillis par Nathalie Brafman

 

 

Source : lemonde.fr, le 22 mai 2013

http://enseignementsup.blog.lemonde.fr/2013/05/22/jenfreins-la-loi-toubon-tous-les-jours-car-elle-nest-pas-adaptee-au-monde-moderne/

 

 

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Benguigui : la loi Fioraso ne met pas « la francophonie en danger »

Le Monde.fr | 21.05.13

Benguigui lèche-cul de FiorasoDANS UN CHAT SUR LE MONDE.FR, YAMINA BENGUIGUI, MINISTRE DÉLÉGUÉE CHARGÉE DE LA FRANCOPHONIE, ESTIME QUE LE TEXTE DE LOI SUR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR « CONSTITUE UN MIEUX POUR LE MULTILINGUISME EN FRANCE ».

Yamina Benguigui, ministre déléguée chargée de la francophonie, estime que le texte de loi sur l'enseignement supérieur « constitue un mieux pour le multilinguisme en France ».

 

Visiteur : La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, avait-elle demandé son avis à sa collègue chargée de la francophonie avant la présentation de la loi en conseil des ministres ?

Yamina Benguigui : Ça s'est passé en concertation, sachant que c'est elle qui porte la loi. Elle connaît mon avis sur la francophonie, mon regard aussi sur le mépris que nous avons eu sur les étudiants francophones issus du continent africain. Nous avons eu de grosses pertes d'étudiants francophones des années 1960 à la circulaire Guéant, à qui on refusait des visas parce que dans l'inconscient collectif, ce n'était pas des étudiants étrangers, mais des immigrés.

Je pense que cela a été une grande perte pour le devenir de nos relations économiques avec le continent africain. C'est une chose rarement soulevée et c'est une question qui m'interpelle vraiment : la façon dont la France regarde certains étudiants.

J'ai fait plus de 35 pays. Cette question a été constamment soulevée. Depuis un an, je travaille avec les ministres Valls, Peillon et Fioraso pour qu'il y ait une meilleure mobilité des étudiants étrangers francophones.

Je suis fière d'appartenir à un gouvernement dont le président a dit : « les étudiants étrangers sont une chance pour la France ».

 

Jean-Gui : Selon la presse, vous avez dit à la mission parlementaire sur la francophonie le 9 avril que vous étiez « d'accord » avec Pouria Amirshahi qui s'est prononcé contre l'article 2 de la loi sur l'enseignement supérieur. Êtes-vous toujours d'accord avec lui ?

Être d'accord, ça ne veut rien dire. C'est un projet de loi. Ce n'est pas un clan contre un autre. Je salue le travail qu'entreprend Pouria sur la francophonie. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je suis d'accord avec lui.

Mais ce texte de loi qui a été amendé ne met pas la francophonie en danger dès lors qu'il instaure trois principes indispensables : les étudiants étrangers auront l'obligation d'apprendre le français ; ils seront évalués sur leurs connaissances du français à la fin de leur cursus – pour moi, ils sortiront donc francophone de l'université – ; la francophonie est inscrite comme mission de service public pour les universités.

Mais il n'était pas nécessaire pour moi de m'exprimer tous les matins sur ce point. Je travaillais avec mon ministère, le ministère de Mme Fioraso. La francophonie n'est pas en danger.

 

Villes : Le secrétaire général de la francophonie est opposé à cette proposition. N'est-il pas logique de tenir compte de l'opinion des pays de la francophonie, qui seront tentés par une dérive vers l'anglais (comme le Rwanda, voire Gabon) ?

Je rencontre jeudi 22 mai le secrétaire général de l'Organisation international de la francophonie, le président Diouf. Il s'est exprimé et a soulevé plusieurs questions, à juste raison, avant les amendements. Maintenant, je le verrai avec les nouveaux amendements.

Je crois que la France a envoyé un signe très fort en remettant de plain-pied un ministère de la francophonie. Depuis un an, j'ai voyagé dans 35 pays sur les cinq continents. J'ai renoué avec la francophonie.

Vous me citez deux pays, le Rwanda et le Gabon ; je vous en cite deux autres : la République démocratique du Congo, grand comme quatre fois la France, qui est le plus grand pays francophone au monde, dont la langue officielle et l'hymne national sont en français. C'est un des pays les plus riches du monde.  Le français et son enseignement du français y ont été complètement délaissés.

Aujourd'hui, je me bats pour une nouvelle francophonie économique, pour un meilleur enseignement du français dans les pays francophones, dont la RDC. C'est pourquoi je lance un programme appelé « 100 000 professeurs pour l'Afrique ».

Le Rwanda est anglophone depuis une vingtaine d'années. Mais moi, je veux dire que cette loi ne va pas faire peur à nos amis de la francophonie. Ce qu'ils attendent, c'est de savoir quelle est notre politique pour un meilleur enseignement du français dans ces pays..

 

Jean : La mise en place de cours en anglais sera-t-elle réservée à certaines filières ? Ce format de cours sera-t-il obligatoire ou optionnel ?

Ces discussions sont en cours et il y aura des décisions. Et d'ailleurs, tout ne sera pas dans la loi. Je pense que ce texte [de loi] constitue un mieux pour le multilinguisme en France.

 

Eddy Paris : Savez-vous qu'à Paris, les réunions dans les entreprises se tiennent en anglais, même si les intervenants sont Français ? Et comment nos enfants pourraient suivre des cours en anglais alors qu'ils sont 39 par classe et qu'ils n'ouvrent pas la bouche de l'année ? Ne faudrait-il pas prendre le problème en amont ?

Je le regrette comme vous, mais dès lors que les entreprises sont privées cela devient difficile pour nous d'intervenir. Vous savez le combat que nous menons au niveau européen. J'ai constaté depuis mon arrivée que dans les institutions de l'Union européenne l'usage du français régresse, concurrencé par l'anglais, mais aussi par l'allemand.

Nous avons formé au français, avec l'OIF, plus de 60 000 fonctionnaires européens, et nous avons mis en place une vigilance accrue sur le recrutement et la traduction.

 

Bruxelles : À Bruxelles, bien des fonctionnaires, députés ou lobbyistes ont déserté depuis longtemps la défense de la langue française au profit d'un certain conformisme. La diplomatie culturelle française entend-elle réinvestir ce champ et faire valoir la diversité ?

Oui, c'est une réalité. La diversité culturelle est une priorité de ma politique. Je soutiens les 300 médiathèques du réseau diplomatique. L'édition française est l'une des plus dynamiques au monde. On a aussi un dispositif audiovisuel extérieur qui joue un rôle clé dans la diffusion des œuvres françaises.

La France développe l'enseignement du français dans des pays, par exemple au Ghana, anglophone, où il y a 2 millions de francophones. Le Ghana a des frontières avec des Etats francophones. C'est dans cette direction qu'il faut se tourner.

Dans les pays partenaires, quand nous sommes en réunion avec l'OIF et dans l'UE, les fonctionnaires apprennent le français actuellement.

 

Fred : Résister à l'anglais, n'est-ce pas un combat d’arrière-garde ? C'est la langue qui s'est imposée au niveau technique, car elle est la mieux adaptée pour cela. Ne serait-il pas plus productif d'utiliser le français là où il a un avantage sur l'anglais ?

La francophonie est un espace de 77 nations, où nous serons plus de 800 millions de locuteurs en 2050, dont 80 % en Afrique. Je pense qu'en ce qui concerne la francophonie, nous sommes à un véritable carrefour économique.

Aujourd'hui le continent africain a une croissance économique de 5,1%, soit du même ordre que le Brésil ou les pays émergents. C'est un atout énorme pour la langue française.

Le français va devenir une langue économique. À compétences égales, et dans les règles des marchés publics, une société française aura un plus pour décrocher des marchés face aux Chinois, aux anglophones. Quand vous décrochez un immense marché mais que vous ne pouvez pas faire de transfert de compétences, vous ne pouvez pas faire participer les populations sans parler la langue.

Nous savons qu'aujourd'hui, les Chinois ne communiquent pas avec les sociétés et les populations francophones. Depuis un an, j'ai de nombreux groupes chinois qui viennent me voir pour me demander comment ils peuvent s'inscrire pour apprendre le français. Il faut aussi arrêter de se dire que nous sommes complètement sortis des radars.

 

Hervé : Est-ce vraiment raisonnable de soumettre des étudiants étrangers francophones à des tests de français ?

Je n'ai jamais dit ça. Je pense que vous faites une confusion sur ce que j'ai dit. Dans les discussions que j'ai avec Mme Fioraso concernent la francophonie, je lui ai fait part d'un état des lieux sur le regard qu'avait la France sur les étudiants étrangers francophones des années 1960 jusqu'à la circulaire Guéant.

Le problème est que nous n'avons jamais considéré les étudiants étrangers francophones comme un plus pour la France. Nous les avons toujours considérés comme des immigrés en ne leur accordant pas de visas, parce qu'ils étaient suspects de nous prendre du travail. Notre inconscient collectif nous envoyait des signaux « immigration », « étrangers », et donc fermeture. Nous avons aujourd'hui un gros travail à faire sur place pour que l'Afrique nous regarde.

 

André : Ne pensez-vous pas qu'il soit important de maintenir des cours de français dans le supérieur ? Il suffit de plonger dans des rapports de stage et des copies d'examens pour se rendre compte que les étudiants français ont de grosses lacunes en orthographe, grammaire et syntaxe.

Oui, mais cela relève de l'école, du lycée.

Ma priorité, c'est de renforcer l'enseignement et la qualité du français à l'extérieur. Le programme « 100 000 formateurs pour l'Afrique », financé, démarre début septembre.

J'ai par ailleurs un plan qui s'appelle « La francophonie en France » pour les jeunes Français dont les parents issus de l'immigration avaient été regroupés dans des tours selon leur langue maternelle. Les personnes qui parlaient le wolof allaient dans les tours wolof, les autres dans les tours d'Algériens, de Tunisiens, etc.

Quarante ans après, parler le français n'est plus la règle dans ces territoires oubliés. Et ces jeunes restent aux portes du marché du travail. Ils n'ont pas accès aux premiers entretiens parce qu'ils maîtrisent mal le français. J'ai donc décidé de créer un label francophone.

Je vais le faire avec le ministre François Lamy. Ce sera des formations au français professionnel, en partenariat avec les entreprises, qui réinvestissent ces territoires aujourd'hui. Par exemple la SNCF, la BNP, la RATP, Veolia... Mon idée, c'est de former avec des outils numériques, avec des formateurs et des professeurs. Nous avons aussi des maisons de la francophonie, nous allons travailler avec le livre, avec le film.

À l'issue de cette formation, les jeunes auront le label francophone, qui sera reconnu par les entreprises. C'est un travail que j'ai un peu calqué sur celui que j'ai fait en 2005 sur l'égalité des chances. J'avais fait un travail à la fois sur les entreprises et avec les jeunes.

Ce label francophone va permettre, en tout cas, à ces jeunes d'entrer dans le monde du travail.

 

Antonio : Est-ce envisageable que durant le mandat de François Hollande soit mis en place un Erasmus francophone?

L'agence universitaire francophone est déjà un réseau de 800 établissements et délivre 2 000 aides individuelles à la formation et à la recherche. Je pense que nous allons améliorer la visibilité de ce dispositif. Nous travaillons aussi, avec MM. Valls et Fabius, à une délivrance facilité des visas pour les étudiants, les artistes et les chercheurs.

François Béguin et Benoit Floc'h

 

 

Source : lemonde.fr, le 21 mai 2013

http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/chat/2013/05/21/anglais-a-l-universite-posez-vos-questions-a-la-ministre-deleguee-a-la-francophonie_3414893_1473692.html

 

 

 

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À l'université, l'anglais est déjà la langue des chercheurs

Le Monde.fr 

Par 

Université de la honteEt si, finalement, la polémique sur la place de l'anglais dans l'enseignement supérieur français n'avait guère de sens ? C'est l'impression qui ressort de la lecture de deux enquêtes inédites de l'Institut national d'études démographiques (INED), dont Le Monde a pu consulter les résultats.

Ce travail éclaire d'une lumière nouvelle la polémique déclenchée il y a deux mois par le projet de loi qui sera défendu par Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, mercredi 22 mai devant l'Assemblée nationale. Dans son article 2, le projet de loi prévoit de faciliter l'organisation de cours en anglais dans l'enseignement supérieur.

Or, montre l'étude de l'INED, en dépit de la loi du 4 août 1994 (dite « loi Toubon »), l'anglais est déjà fréquemment utilisé dans les universités et les écoles publiques : un quart (26 %) des universitaires français donnent des cours en anglais « régulièrement » ou « à l'occasion ». Cela signifie, selon M. Héran, l'auteur de l'étude, que 11% des cours sont délivrés en anglais. L'assertion de Geneviève Fioraso selon laquelle désormais « 1 % » des cours seraient délivrés en anglais, apparaît donc « une minimisation invraisemblable », selon lui.

Du point de vue de la place globale de l'anglais dans l'enseignement supérieur, l'enquête de l'INED a le tranchant des vérités qui blessent : l'anglais s'est imposé sans partage. Menée auprès de 1 963 directeurs de laboratoires, puis de 8 883 chercheurs entre 2007 et 2009, cette enquête montre que la loi Toubon, qui impose le français dans l'enseignement supérieur, est ouvertement bafouée et n'a eu aucun impact sur la progression de l'anglais. Bien au contraire... 81% des directeurs de laboratoire constatent qu'en vingt ans, l'anglais s'est imposée comme la langue dominante. « Les scientifiques français n'ont jamais autant cherché ni enseigné en anglais », poursuit M. Héran.

Les chercheurs interrogés le disent sans ambages : « Pour 83 % d'entre eux, la langue la plus utilisée dans leur propre domaine est l'anglais, le plus souvent en situation de monopole (42 %). Pour 10 % seulement, c'est le français (8 % en monopole). » Huit chercheurs sur dix jugent que l'anglais est « devenu d'usage si courant dans la recherche que le choix de la langue ne se pose plus ».

DIFFÉRENCES SELON DISCIPLINES... ET LES ÂGES

D'ailleurs, alors que la loi Toubon impose une traduction en français lors de rencontres scientifiques organisées en France, « seuls 20 % des organisateurs de colloques ont pu s'offrir des interprètes au moins une fois dans l'année », note l'INED.

L'anglais domine, donc, en toute impunité. Mais il existe des différences selon les disciplines. « Dans les sciences dites "dures" et réputées "exactes", écrit l'INED, le français n'est pas menacé de marginalisation, il est déjà marginal. » Il ne domine plus que dans 2 % des cas... Dans les sciences humaines et sociales, la situation est plus contrastée. Mais l'anglais occupe tout de même une position dominante selon 59% des directeurs de laboratoire, contre 23% pour le français.

 

Tableau des langues employées par les directeurs de laboratoires

 

Il existe également des différences selon l'âge des scientifiques interrogés. Les plus jeunes sont les moins multilingues : 77 % des scientifiques nés entre 1985 et 1989 ne pratiquent que l'anglais. Les plus âgés, nés avant 1945, ne sont que 40 % dans ce cas. « Le russe a disparu, l'italien disparaît, l'allemand dégringole », relève M. Héran. En outre, « la dénonciation de l'impérialisme anglo-saxon est en net recul : alors que 67 % des chercheurs nés avant 1955 pensent encore que "privilégier l'anglais dans les sciences, c'est soutenir la domination de la culture anglo-américaine", c'est le cas d'à peine 40 % des jeunes nés dans les années 1980 », constate l'INED.

La défiance envers l'anglais décline

 

Tableau du choix des langues dans la communication des chercheurs

 

Le graphique ci-dessous présente le pourcentage de chercheurs « d'accord » avec diverses propositions sur le choix de la langue de travail, selon leur date de naissance.

L'institut en tire la conclusion qu'« on ne délogera pas l'anglais par une défense anglophobe du français ». Et, compte-tenu de l'échec de la loi Toubon, « on peut douter qu'un alinéa de plus ou de moins dans la loi contrecarre le mouvement, tant il est porté par les jeunes et inscrit dans la vocation mondiale des sciences, estime l'INED. Mieux vaut encourager le pluralisme linguistique dans les disciplines où il fait sens, les humanités et les sciences sociales. À deux conditions cependant. Admettre qu'on peut concilier l'anglais comme langue d'échange avec le français comme langue de débat. Et renoncer aux mesures coercitives au profit d'incitations qui ne nient pas les réalités. »

 

Source : lemonde.fr, le 21 mai 2013

http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2013/05/21/a-l-universite-l-anglais-est-deja-la-langue-des-chercheurs_3414935_1473692.html

 

 

 

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Écrivez à votre député, à votre sénateur, et demandez-leur

s'ils ont voté « OUI » à l'article 2 du projet de loi de la ministre Fioraso

 instituant l'enseignement EN anglais dans nos universités.

S'ils vous répondent par l'affirmative,

dites-leur alors que plus jamais vous ne voterez pour eux.

 

Envoyez-leur ces argumentaires qui, peut-être,

réveilleront leur conscience :

 

Argumentaire de l'OEP (Observatoire Européen du Plurilinguisme)

 

Argumentaire de l'A.FR.AV