Sujet :

Qui pour remplacer Abdou Diouf à l'OIF ?

Date :

20/01/2014

De Norbert Terral (courriel : norberterral(chez)free.fr)  

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Qui pour remplacer Abdou Diouf à l'OIF ?

Note sur la succession de M . Abdou Diouf au poste de secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Conformément à sa vocation, le Partenariat Eurafricain milite pour une plus grande solidarité entre les deux continents. Il se trouve directement concerné par l’élection du successeur de M. Abdou Diouf. D’où l’initiative de cette note pour amorcer la réflexion. Dans un second temps, et en fonction des réactions sera constitué un groupe de travail qui définira sa ligne d’action.

Abdou Diouf, sa succession à l'OIFEn 2014 sera désigné le successeur de M. Abdou Diouf au secrétariat général de l’OIF

Plusieurs noms circulent (cf. article ci-après de Christian Rioux paru dans Le Devoir)

Parmi ceux-ci figurent celui de M. Luc Adolphe Tiao, qui fut ambassadeur du Burkina Faso en France jusqu’en 2011. Il figurait parmi les membres du comité de pilotage du Partenariat Eurafricain jusqu’à son départ.  Au poste d’ambassadeur à Paris  il avait pris la suite de Filip Savadogo qui fut membre membre fondateur du Partenariat Eurafricain. Philipe Savadogo est aujourd’hui représentant de l’OIF à l’ONU.

Parmi les autres noms qui circulent celui de Madame Michaelle Jean, actuelle envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti.

Mme Jean fait à juste titre figure de candidate d’Ottawa et son action passée n’a guère séduit nos amis québécois. D’un point de vue français et québécois il y a lieu d’être « réservé» quand on sait que le Canada, par -delà des objectifs très louables (contribution au développement, à la démocratie, à l’éducation … ) conduit également une politique dont les Français, les Québécois et les francophones hors Québec n’ont pas à se congratuler. Cette politique canadienne peut se résumer ainsi :

 - mieux se placer en concurrent de la France détestée sur les marchés francophones notamment africains ;

- "cadrer" le Québec et l'empêcher d'utiliser l'OIF et l'Afrique pour développer ses relations internationales et ses velléités d'indépendance ;

- donner à ses minorités francophones hors Québec (en cours de disparition sauf au Nouveau-Brunswick) le sentiment réconfortant - bien que parfaitement illusoire - qu'il les représente bien et se soucie de leurs intérêts fondamentaux

Ces arguments ne suffisent pas pour en induire ce que sera le comportement français lors de l’élection du successeur de M. Diouf. Pourquoi donc le gouvernement de M. Hollande serait-il plus indépendant du monde anglo-saxon lors de cette élection qu’il ne l’est en tant d’autres occasions ? Trop attendre du gouvernement français serait s’exposer à trop d’incertitudes.

Quant au comportement québécois il reste à préciser quant à son degré de combativité.

Une trentaine des pays votants sont africains. Que le choix de Mme Jean, d’origine haïtienne, ait été fait en vue de séduire « l’électorat » africain est évident mais de bonne guerre. Mais croire que cela serait suffisant est prêter aux Africains un préjugé « ethnique » sinon insultant du moins dépréciatif. Si le choix d’un Africain devait prévaloir en vertu d’une loi non écrite et d’une majorité d’Etat africain, mieux vaut un Africain légitime par son statut et son action que la candidate d’Ottawa.

Le Partenariat Eurafricain est attentif à l’avenir de l’OIF parce qu’elle est un espace majeur de la relation entre les deux continents. L’avenir de l’Afrique et celui de l’Europe sont indissolublement liés et le choix du nouveau secrétaire général de l’OIF doit le refléter ; et l’élection de Mme Jean, tout à fait ignorante des réalités européennes entrainerait l’éviction de Clément Duhaime, administrateur de l’OIF car on imagine mal deux Nord-Américains à sa tête.

C’est pourquoi nous proposons d’étudier l’éventuelle candidature de Luc-Adolphe Tiao en engageant les premiers contacts à travers le Partenariat Eurafricain qui, conformément à sa vocation, s’ouvre des portes dans :

 -          Les pays d’Afrique membres de l’OIF

-          Les pays d’Europe membres de l’OIF et notamment les anciens PECOS

En fonction des résultats de ces contacts il sera envisagé la constitution d’un comité international de soutien à Luc-Adolphe Tiao.

Signalons encore qu’Henri Lopez, ambassadeur de la république du Congo dont le nom est en circulation a participé à de nombreuses réunions du Partenariat Eurafricain.

Un groupe de contact se constitue chargé notamment de prendre langue avec les pays africains et européens membres de l’OIF.

Pour le rejoindre écrire à : dircas@cas-france.fr

 

J. Broquet,

Président

 

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La candidature de Michaëlle Jean se confirme

Le Devoir - 12 novembre 2013

 Les pays africains pourraient faire obstacle à l’ex-gouverneur général du Canada

 CHRISTIAN RIOUX - Correspondant à Paris

Michaëlle Jean

Photo :

La Presse canadienne (photo) Adrian Wyld Archives.

 

 La semaine dernière, Michaëlle Jean assistait à Paris à une réception exceptionnelle donnée par l’ambassadeur du Canada, Lawrence Cannon, en marge de la 29e conférence ministérielle de la Francophonie.

La candidature de Michaëlle Jean à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se confirme. Si rien n’est encore officiel, l’intention de l’ancienne gouverneure générale du Canada ne fait plus de doute. La semaine dernière, Michaëlle Jean assistait à Paris à une réception exceptionnelle donnée par l’ambassadeur du Canada, Lawrence Cannon, en marge de la 29e conférence ministérielle de la Francophonie. L’ancienne gouverneure générale y a été présentée de manière élogieuse à tous les ministres et chefs de mission de l’OIF.

C’est dans son pays natal, à Dakar, que prendra fin l’automne prochain le mandat d’Abdou Diouf, élu pour la première fois au sommet de Beyrouth en 2002. En campagne depuis le Forum mondial de la langue française tenu à Québec en juillet 2012, l’ancienne gouverneure générale a récemment visité le Sénégal, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Elle y était officiellement à titre de chancelière de l’Université d’Ottawa, mais était accompagnée de Philippe Beaulne, sherpa de Stephen Harper à l’OIF et ambassadeur au Sénégal. Depuis l’an dernier, Michaëlle Jean s’est aussi attaché les services de Jacques Bilodeau qui fut sherpa du premier ministre canadien dans la Francophonie.

Convaincre l’Afrique

Si le gouvernement canadien hésite à officialiser la candidature de Michaëlle Jean, c’est que l’actuelle envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti est encore loin d’être assurée de l’appui des pays africains et de la France. Après le refus de la candidature canadienne au Conseil de sécurité des Nations unies, un nouvel échec serait plus qu’humiliant.

Or, selon nos sources, cet appui ne va pas de soi. Michaëlle Jean doit en effet séduire les Africains majoritaires à l’OIF (30 pays sur 57) et à qui, selon une règle non écrite, devrait normalement revenir le secrétariat général. D’autant plus que l’administrateur de l’OIF et numéro deux de l’organisation est le Québécois Clément Duhaime et que son mandat vient d’être prolongé jusqu’en 2018 pour assurer la transition. Pour plusieurs, cette décision inusitée serait destinée à barrer la route à un candidat du Nord. On voit mal en effet comment la Francophonie pourrait être dirigée par deux représentants du Nord, et encore moins par deux Canadiens. Le nouvel élu devrait alors porter la responsabilité de remercier l’administrateur de l’OIF qui jouit d’un prestige non négligeable, notamment auprès des Africains.

Officiellement, la France laisse entendre qu’il est trop tôt, à un an du sommet, pour se prononcer. Il serait cependant surprenant que le président François Hollande ne favorise pas un Africain, compte tenu de l’importance de ce continent dans sa politique internationale. Même si le nom du maire de Paris, Bertrand Delanoë, a circulé, le Quai d’Orsay aurait abandonné l’idée d’une candidature française. L’Afrique y serait réticente. Des Français dirigent déjà  la majorité des grands « opérateurs » comme TV5 Monde et l’Agence universitaire de la Francophonie.

À Québec, le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, refuse lui aussi de se prononcer sur la candidature de Michaëlle Jean. On sait que l’ancienne animatrice de Radio-Canada a eu des relations difficiles avec les souverainistes, dont elle fut proche avant de leur tourner le dos et d’accepter la proposition de l’ancien premier ministre Paul Martin de devenir gouverneure générale. Si le nom de Jean Charest a longtemps été évoqué, il ne serait plus d’actualité. L’ancien premier ministre québécois n’aurait pas l’appui de Stephen Harper.

Peu d’expérience du pouvoir

Le principal atout de Michaëlle Jean reste son image. À 56 ans, elle a l’âge idéal. Haïtienne, française, canadienne et québécoise, elle a toujours fait valoir ses identités multiples. Mais, comme elle n’a jamais dirigé de gouvernement, son peu d’expérience du pouvoir représente un handicap majeur. Contrairement à l’ancien président du Sénégal Abdou Diouf et à son prédécesseur, l’ancien secrétaire général de l’ONU Boutros Boutros Ghali, Michaëlle Jean a surtout assumé des fonctions honorifiques. « Le secrétaire général de l’OIF doit savoir réagir en situation de crise et se faire entendre des chefs d’État, particulièrement africains », dit  un observateur proche de l’OIF. À Paris, on s’étonne aussi du paradoxe qui consisterait à voir la Francophonie dirigée par une ancienne représentante de la reine d’Angleterre.

Même si les candidats aussi expérimentés qu’Abdou Diouf ne sont pas légion, quelques noms circulent, comme celui de l’ancien premier ministre de la République du Congo Henri Lopes, âgé de 76 ans. On cite aussi des candidats plus jeunes, comme Kadré Désiré Ouedraogo, président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, et Luc Adolphe Tiao, premier ministre du Burkina Faso.

Le choix d’un secrétaire général de l’OIF peut s’étirer jusqu’à la dernière minute. La décision se prend généralement par consensus. Dans tous les cas, l’appui de la France, principal pourvoyeur de l’OIF, demeure incontournable.

 

 

Source : ledevoir.com, le mardi 12 novembre 2013

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