Sujet :

Carrefour et l'anglais, appel à M. Plassat  !

Date :

23/12/2012

De Régis Ravat  (courriel : afrav(chez)aliceadsl.fr)  

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

Carrefour et l'anglais

Cette année, dans ses magasins, Carrefour a mis en vente pour Noël, un sac premier prix.

Force a été de constater que seuls les mots "Carrefour" et "Christmas", en plus du logo de l'enseigne, ont été employés en guise de décoration sur le sac. Le mot français « Noël » a été banni !

Merci patron pour notre langue !

À noter également, qu'au mois de décembre, le Comité d'établissement de chaque magasin de cet enseigne se réunit pour consulter le plan prévisionnel de la formation continue pour l'année à venir et pour donner un avis sur ce plan.

Cette année, un progrès semblait avoir été fait en matière d'enseignement des langues dans l'entreprise, car le mot « langues » est apparu au pluriel sur les graphiques (voir la photo, ci-dessus).

Il faut savoir, tout de même, que dans le cadre du DIF, le Droit Individuel à la Formation, un bon nombre d'entreprises, dont Carrefour, envoie leurs employés (volontaires) se perfectionner en anglais. Signalons qu'au passage, les boutiques d'anglais, grâce au DIF, autrement dit grâce à l'argent de nos impôts - car l'argent placé dans la formation continue des entreprises est largement déductible de leurs impôts -, ramasse le pactole. À savoir donc que chez Carrefour, en matière d'enseignement des langues, seules les formations en anglais sont difables, c'est-à-dire prises dans le cadre des heures de formation attribuées au DIF (20 heures par an). Impossible donc de demander, dans ce cadre-là, une formation pour l'espagnol, l'italien, l'allemand, l'arabe, etc.

Merci Carrefour pour la justice linguistique !

L'apparition du mot « langues » au pluriel dans les graphiques était donc intéressante, car, peut-être, les formations prises dans le cadre du DIF allaient enfin s'ouvrir en 2013 sur les langues en général et donc sur le respect de la diversité dans le domaine de l'enseignement des langues étrangères.

Renseignement pris, le pluriel du mot « langues » dans le graphique, se traduit par l'anglais d'un côté et par la langue des signes (langue des sourds-muets) de l'autre. Et cela n'est pas une plaisanterie, bien sûr.

On connaît la truanderie de nos politiciens, des journalistes de France 2 et Cie qui emploient « langues étrangères » au pluriel pour ne parler, en fait, que de l'anglais et de l'anglais - l'anglais puissance 2 (anglais2) -, maintenant, il faudra compter aussi sur la truanderie de Carrefour qui consiste à parler de «alanguesa» au pluriel, alors qu'en vérité, l'enseigne ne donne le choix qu'entre l'anglais et la langue des signes à ses employés qui désirent apprendre une langue étrangère ou qui désirent se perfectionner dans une langue donnée. À Carrefour, côté langues étrangères, tu parles anglais ou t'es muet !

Merci patron de cette énième entourloupe !

Bien évidemment, il n'est pas question ici d'être contre la langue des signes, d'autant que Carrefour embauche, tout à son honneur, dans le cadre des travailleurs handicapés, du personnel sourd et muet, il est seulement question de dénoncer l'acharnement de Carrefour de ne voir les langues étrangères qu'à travers l'anglais et de contribuer, ce faisant, à l'extension impérialiste de cette langue glottophage qui tue la diversité linguistique du monde et qui contribue à évincer notre propre langue sur le plan international, voire national.

 

De gauche à droite : Isabelle Calvez – DRH, Georges Plassat – futur PDG, Noël Prioux – Directeur Exécutif Carrefour France

face aux syndicats le 10 mai 2012 (photo FO).

 

Bon serait de rappeler au Président-directeur général du groupe Carrefour, M. Georges Plassat,

- ce qu'il a dit le 10 mai 2012 devant les syndicats :

« Ma vision sur Carrefour : c’est une société que je n’ai pas reconnu… je l’ai trouvée hébétée. Carrefour s’est refermée sur elle-même, avec même un langage interne qui n’appartient qu’à elle-même, avec des mots anglais, voire franglais. »

Bon serait de rappeler au Président-directeur général du groupe Carrefour, M. Georges Plassat,

- ce qu'il a dit le 31 août 2012, lors de sa présentation du rapport sur les résultats semestriels du groupe : qu'il voulait renouer avec la culture française, que la simplicité s’exprime dans un discours débarrassé de sa litanie de mots anglais, que son prédécesseur, le Suédois, Lars Olofsson, avait largement employé des anglicismes au point de ne pas mettre un « e » à Planet (le concept qui devait réinventer l’hyper), que Carrefour est de culture française, pourquoi alors s’envoyer des courriels* en anglais ?

Il nous faut donc profiter du fait exceptionnel que M. Plassat ait remarqué les dérives anglicisantes de Carrefour et qu'il ait l'air de vouloir les combattre, pour lui écrire au sujet des anglomanies que je viens de signaler et des autres, bien nombreuses encore, hélas, qui sévissent dans les magasins.

Je vais prendre ma plume pour cela et je vous engage vivement à en faire autant.

Régis Ravat

 

* "mails", dans le texte original

 

 

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Pour écrire à Georges Plassat :

 

Groupe Carrefour

À l’attention de M. Georges Plassat,

Président-Directeur général de Carrefour,

102 rue de Paris

91300   Massy

 

Courriel : georges_plassat@carrefour.fr

 

 

Lettre envoyée à M. Plassat