Le maire de Nîmes, J.-P. Fournier, au Tribunal administratif Dans l'affaire Fioraso où il est question pour la Ministre de légaliser l'enseignement EN anglais dans nos universités et grandes écoles, nombreux sont ceux qui ont dit, au lieu de combattre cette idée, qu'ils ne comprenaient pas les réactions hostiles à cette mesure puisque cela fait plus de 10 ans que l'on enseigne EN anglais dans de nombreuses grandes écoles, qu'il y avait actuellement plus de 800 mastaires (masters !) exclusivement en anglais et que tout cela n'avait suscité aucune protestation. Autrement dit, toutes ces personnes qui s'appuient sur cet argumentaire, n'ont eu vent, apparemment, d'aucune de nos protestations, n'ont jamais entendu parlé, entre autres actions, du Prix de la Carpette anglaise, un Prix d'incivilité linguistique, décerné chaque année depuis 1999, à un membre des «aélitesa» françaises qui s’est distingué à promouvoir la domination de l’anglais en France et dans les institutions européennes au détriment de la langue française. Pourtant, dans le domaine de l'éducation « nationale », nombreux sont ceux qui ont obtenu ce Prix d'incivilité : - en 2008, Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour « avoir déclaré que le français était une langue en déclin et qu’il fallait briser le tabou de l’anglais dans les institutions européennes. » - en 2009, Richard Descoings, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, pour « imposer des enseignements uniquement en langue anglaise dans certaines filières proposées, et pour correspondre en anglais avec le lycée français de Madrid. » - en 2004, Claude Thélot, président de la Commission du débat national sur l’avenir de l’école, pour avoir considéré « l’anglais de communication internationale » comme un enseignement fondamental, à l’égal de la langue française, et pour avoir préconisé son apprentissage par la diffusion de feuilletons américains en version originale sur les chaînes de la télévision française. - en 2003, le Groupe HEC, pour les propos défaitistes et anglo-soumis de son directeur général, Bernard Ramanantsoa, qui a déclaré, en décembre 2002, « dire que le français est une langue internationale de communication comme l’anglais prête à sourire aujourd’hui. » Bien sûr, ces mêmes personnes, comme par hasard, n'ont jamais entendu parler de nos associations, de nos lettres de protestations, de nos tracts (Pour exemple, voir le tract « Pécresse, l'anglomane », distribué sur Paris à plus de 10 000 exemplaires), de nos manifestations : celle du 19 mars 2011 devant la Fontaine Molière à Paris et celle devant le Panthéon, le 18 juin de la même année, etc. Mais que faut-il donc faire aujourd'hui pour être entendu ? Faut-il faire voir ses seins comme le font les Femen, s'immoler ou aller manifester en haut d'une grue, comme on l'a vu récemment ? Bien sûr, si nous avions fait un procès à toutes ces écoles qui enseignent en anglais depuis plus de dix ans, alors que pourtant la loi l'interdit, les partisans de l'anglicisation ne pourraient pas dire aujourd'hui que l'article 2 du projet de loi de la ministre Fioraso ne fait qu'entériner une pratique courante qui s'est installée sans heurt dans les grandes écoles. Mais les procès n'ont pas eu lieu, hélas, faute, en ce qui concerne l'A.FR.AV, de moyens financiers. Quoi qu'il en soit, le sénateur-maire de Nîmes, M. Jean-Paul Fournier, ne pourra pas dire, lui, qu'il ne savait pas, il ne pourra pas dire non plus que tout le monde était d'accord avec son affichage bilingue illicite, puisque, en plus de tout ce que nous avons fait depuis l'année 2008 où nous lui avons soumis le problème, nous sommes enfin parvenus à réunir la somme pour prendre un avocat (obligatoire) et l'attaquer ainsi au Tribunal administratif pour non-respect de l'article 4 de la loi 94-665. Il y aura donc une trace juridique de notre protestation et les angliciseurs ne pourront pas dire que jamais personne n'a protesté contre la bilinguisation français-anglais du pays. Bien évidemment, si nous gagnons - mais pourquoi ne gagnerions-nous pas ? - notre affaire fera jurisprudence. Autrement dit, elle pourra servir de point d'appui, de référence, pour faire respecter partout ailleurs, l'article 4 de la loi 94-665. Ne l'oublions pas non plus, c'est par les jurisprudences que les lois vivent. Pas de jurisprudences et la loi risque de mourir. Soyons donc fiers de participer à créer de la jurisprudence sur la loi Toubon-Tasca, la seule façon de ne pas faire tomber cette loi dans l'oubli, la seule façon de la faire vivre, la seule façon de ne pas donner un prétexte aux angliciseurs pour en demander sa suppression. RR
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