« Plegarem pas, gardarem
lou paneú ! »
(« on ne pliera pas, on gardera le panneau ! ») Le centre de
Villeneuve-lès-Maguelone résonnait hier matin de slogans en
langue d'oc réclamant le maintien d'une double signalisation
français-occitan aux entrées de la localité maritime de
l'Hérault.
Plusieurs centaines de militants avaient répondu aux appels
des organisations politiques, culturelles, éducatives qui
composent la planète régionaliste. Objectif : apporter un
soutien festif mais ferme à la municipalité de Villeneuve en
butte à un jugement du tribunal administratif lui
enjoignant de supprimer sa signalétique en langue occitane...
pour raison de sécurité.
Les drapeaux frappés de la croix occitane dominaient la petite
foule réunie devant la mairie, mais des Catalans, Basques,
Bretons, Provençaux et Corses avaient aussi fait le
déplacement pour soutenir la défense des langues régionales.
Ils se massaient derrière une banderole réclamant : « Avem
dreit a la lenga nóstra »
(« nous avons droit à notre langue ») .
Autour du maire Noël Segura, fer de lance de la révolte
villeneuvoise, les politiques faisaient aussi front uni,
gauche, droite, écolos et chasseurs ceints de leurs écharpes
tricolores ou rouge et jaune, couleurs du
Languedoc-Roussillon.
Catherine Gleze et François Alfonsi, tous deux députés
européens (Europe Ecologie-les Verts) parrainaient la
manifestation en compagnie du député montpelliérain Jacques
Domergue, des conseillers régionaux Marcel Mateu et Ferdinand
Jaoul, des maires et adjoints Jean-Luc Meisonnier (Baillargues),
Jean-Marcel Castet (Jacou), Philippe Saurel (Montpellier),
Yvon Pellet (St-Geniès- des-Mourgues), Josette Claverie
(représentant l'Agglo de Montpellier). Certains édiles étaient
absents mais représentés comme les sénateurs Bruguières,
Tropéano et Courteau. Ce dernier vient de déposer une
proposition de loi, signée par soixante sénateurs, visant à
conforter l'ouverture faite aux langues régionales.
Le
monde culturel occitan était aussi largement représenté,
notamment par Albert Arnaud (Institut d'études occitanes) ou
encore Jean-Louis Blenet, président de la fédération des
écoles occitanes (les calandretas). Enfin, une note de charme
fut apportée à cette expression identitaire, avec la présence
de Jenna Sylvestre, Miss Languedoc et dauphine de Miss France
2011.
Plusieurs discours enflammés furent prononcés sur le parvis de
la mairie. «
Nous avons le droit de défendre les langues qui ont fait ce
que nous sommes » a déclaré Noël Ségura. Décortiquant le
jugement du tribunal administratif, l'élu corse François
Alfonsi estimait que « l'on se sert d'un prétexte pour
interdire une liberté. C'est ce qu'on constate en Chine tous
les jours... »
Le député Domergue fustigeait pour sa part « une décision
stupide du tribunal » et
haranguait la foule d'un vigoureux : « Continuons le combat !
» Les panneaux Villanóva-de-Magalona sont sous bonne garde.