De :

  M. Adrien Borel
  adrienborel@yahoo.fr

 

 

À : nath@anglais-online.com

 

 

le 04/10/03


objet : votre méthode pour la promotion de l'anglais

     

     Madame,

 

 

   La promotion d’une langue, qu’elle quelle soit, est une action louable.

  Cependant, ce qui apparaît dans certains paragraphes de la page : http://www.e-cours-online.com/services-online/sorg/sorg2.htm que j’ai lue, ce n’est plus de la promotion d’une langue mais du pur lavage de cerveau à la sauce néocoloniale. Un lavage de cerveau qui se base sur des arguments de surcroît très contestables voire totalement faux. 

  Mais le pire, c’est que, consciemment ou inconsciemment, vous allez jusqu’à soutenir haut et fort, par le biais d’un ramassis de psycho- virus, l’inégalité des peuples et la légitimation de la mise en place d’un véritable apartheid ethnolinguistique. C’est plus qu’inacceptable.

   

Salutations profondément indignées.

 

Adrien Borel

 

 

RÉPONSE  DE  NATH  À  M. BOREL

 

 

 

 

À :  M. Adrien Borel
       adrienborel@yahoo.fr
   

 

        le 04/10/03


objet : agressivité # critique constructive

     

 Bonjour Adrien Borel,

 

 

 

J'ai bien reçu ta critique et je l'accepte, bien qu'elle consiste en une agression violente envers quelqu'un dont tu n'as pas essayé de connaître plus en avant les intentions. 

En effet, bien que j'ai fait viser mes textes par des personnes qui ne sont ni du milieu linguistique ni du milieu de la formation à la recherche de réactions candides, il est fort possible que certaines formulations restent encore mal tournées et donc mal interprétées.

 Il se peut également que je me sois trompée en saisissant certaines données. En relisant, d'ailleurs, je viens de me rendre compte qu'il y a une erreur au paragraphe SORG2-40 : il faut lire "20eme" et non pas "21eme" ; je modifierai cela des que possible.

Aussi, comme mon but n'est pas de conforter les anglophobes dans leur racisme exacerbe, mais bien de lutter contre l'incompréhension, si tu penses que certains extraits ne vont pas dans ce sens, il serait très intéressant que tu me les listes. 

La critique peut à la rigueur être agressive, mais elle n'est utile que lorsqu'elle propose autre chose ; elle devient alors constructive.

La section SORG2 est longue, puisqu'elle fait 40 paragraphes ; aussi, j'aurais aimé savoir :

- quels sont ceux qui te choquent et pourquoi ; ce que tu dirais à la place

- la liste des données fausses et leur correction

- la signification de "psycho-virus"

 

Merci.

 

Nath VdH

 

Contacts :

nath@anglais-online.com

http://www.anglais-online.com

    06 08 04 14 18

+33 6 08 04 14 18

 

 

RÉPONSE  DE  M. BOREL  À  NATH

 

 

De :

 M. Adrien Borel
 adrienborel@yahoo.fr

 

 

À : Nath VdH

       nath@anglais-online.com
 

 

       le 15/10/03


objet : 

 

Chère Madame,

 

J’ai bien reçu et lu vos commentaires qui ont retenu toute mon attention. Avant de répondre à ces derniers, je tiens à souligner (ou plutôt répéter) que le but de mon message précédent était de protester contre vos techniques de promotion de l’anglais et non contre l’anglais en soi, c’est pourquoi, je rejette vos accusations de « racisme anglophobe exacerbé ».

 

Lorsque l’on estime qu’une personne se trompe dans ses propos, et qu’on lui fait savoir (même très maladroitement), ce n’est pas par racisme ou par haine; c’est, au contraire, parce que l’on souhaiterait que cette même personne comprenne ce qui n’irait pas dans ce qu’elle a dit ou écrit.

 

En fait, vous vous êtes offensée, parce que vous avez vécu mon message comme une véritable attaque contre votre travail et donc contre votre personne. J’en suis désolé pour vous et je vais vous fournir des explications.

 

Vous avez écrit :

 

J'ai bien reçu ta critique et je l'accepte, bien qu'elle consiste en une agression violente envers quelqu'un dont tu n'as pas essaye de connaître plus en avant les intentions. En effet, bien que j'ai fait viser mes textes par des personnes qui ne sont ni du milieu linguistique ni du milieu de la formation a la recherche de réactions candides, il est fort possible que certaines formulations restent encore mal tournées et donc mal interprétées. Il se peut également que je me sois trompe en saisissant certaines données.

En relisant, d'ailleurs, je viens de me rendre compte qu'il y a une erreur au paragraphe SORG2-40 : il faut lire "20eme" et non pas "21eme" ; je modifierai cela des que possible.

  Je me réjouis de votre bonne volonté affichée.

 Aussi, comme mon but n'est pas de conforter les anglophobes dans leur racisme exacerbe, mais bien de lutter contre l'incompréhension, si tu penses que certains extraits ne vont pas dans ce sens, il serait très intéressant que tu me les listes. La critique peut à la rigueur être agressive, mais elle n'est utile que lorsqu'elle propose autre chose et qu'elle devient alors constructive. La section SORG2 est longue, puisqu'elle fait 40 paragraphes ; aussi, j'aurais aimé savoir :

- quels sont ceux qui te choquent et pourquoi ; ce que tu dirais à la place.

- la liste des données fausses et leur correction.

 Au bas du présent message, vous trouverez une sélection de paragraphes directement tirés de votre page web « SORG2» suivi de mes commentaires et explications. 

 - la signification de "psycho-virus"

 Un psycho- virus, c’est tout simplement un virus psychique. Les psycho-virus déguisent les faussetés en vérités. En général, les psycho-virus se présentent sous des réponses (ou des affirmations) qui n’ont absolument rien à voir avec la question (ou le sujet) posée et qui cherchent, par cet effet, à ne pas répondre à la question initiale en inventant d’autres questions (pour tout embrouiller et/ou faire oublier) ou en déguisant une fausse réponse en vraie. 

 

 

Des paragraphes discutables :

j’ai mis en italique les parties contestables.

 

SORG2-04

Comment une langue devient internationale

(…) La domination linguistique de l’anglais par des actions militaires a eu lieu par exemple en Irlande, où deux millions d’Irlandais furent exterminés par les Anglais au 19e siècle. On peut aussi rappeler la liquidation irréversible de nombreuses langues amérindiennes. Mais les conquêtes militaires ne se traduisent pas toujours par des génocides. Ainsi, les Anglais, en 1760, n’ont pas éradiqué le français en occupant le Canada. Mais seuls les antécédents historiques ne sont pas à l’origine de la suprématie de l’anglais. Excellent outil de communication, simple, efficace, précis, tolérant, et souple, il a su s'adapter à tous les terrains et à toutes les situations au cours de l'histoire.

 



Ici, vous faites un rapide inventaire de quelques événements historiques liés à l’expansion de l’anglais. Il me semble que ce passage est directement tiré du site "L’aménagement linguistique dans le monde" de M. Jacques Legendre (Université Laval, Québec), que je connais bien.

 Voyons maintenant la phrase qui suit, et dont M. Legendre ne peut être l’auteur :

 « Excellent outil de communication, simple, efficace, précis, tolérant, et souple, il a su s'adapter à tous les terrains et à toutes les situations au cours de l'histoire. »

 L’anglais n’est pas plus simple, efficace ou  précis que ne le sont le français, l’espagnol ou un grand nombre d’autres langues. Pour les linguistes professionnels – comme par exemple Claude Hagège -, l’anglais compte parmi les langues les plus difficiles à apprendre, notamment en raison de sa prononciation. Par ailleurs, sachez qu’avant la chute du communisme, ce genre de faux arguments pouvait aussi parfaitement s’appliquer pour le russe dans les anciennes républiques satellites soviétiques : le russe justifiant son expansion dans ces dernières sous prétexte de constituer un "excellent outil de communication", forcément "meilleur" que les autres. Évidemment, chacun peut s’amuser à inventer (même inconsciemment) des affabulations pour "convaincre" !

Par ailleurs, il est opportun de souligner que, sauf exception, les emprunts linguistiques ne se font que quand le groupe duquel on emprunte est considéré d'un niveau égal, sinon supérieur... Cette image d'une langue anglaise “démocratique”, curieuse, ouverte à tous et gourmande de termes nouveaux et exotiques, est un exemple typique d'une affabulation coloniale.

 Si j’étais vous, je me passerais de cette phrase.

 



SORG2-10

Qu'est-ce qui contribue à l'expansion d'une langue ?

Parmi les facteurs contribuant à l'expansion d'une langue, mentionnons les facteurs démographiques, économiques, militaires, culturels, politiques. Dans le cas de l'anglais, langue particulièrement souple et adaptable,

 Non.

des facteurs proprement linguistiques jouent également leur rôle, dans la mesure où les facteurs précédents sont présents. (…)

 

 



SORG2-19

Isolement et insularité : maintient plus long

(…) Bien sûr, aujourd'hui, les Islandais ont besoin de parler anglais comme tout le monde,

 Ici, on observe un pseudo argument néocolonial typique : "besoin de parler anglais comme tout le monde".

 L’immense majorité de la population mondiale n’a nullement besoin de parler anglais ; l’anglais n’est indispensable que pour voyager dans un pays anglophone ou pour accéder à certains postes d’entreprises ou organismes.

 Par ailleurs, pour beaucoup de personnes, il est mille fois plus utile d’apprendre d’autres langues telles que l’espagnol, le français, le portugais ou encore le russe.

 

 

 

Écrivez plutôt : "Bien sûr, aujourd’hui, beaucoup d’ Islandais apprennent l’anglais comme un grand nombre de personnes de par le monde".

 

SORG2-38

L'anglais comme une opportunité professionnelle, un envol social

 (…) La circulation de l'information doit être instantanée, les réglementations claires, les contrats sans ambiguïté, les échanges efficaces. Une mentalité est particulièrement bien adaptée à ces caractéristiques des marchés modernes : la mentalité anglosaxonne.

 Ici, on observe deux affabulations néocoloniales : un premier message colonial dominant associe l’anglais (ou la "mentalité anglosaxonne") aux profits dans ce qu'il convient d'appeler notre “monde de la communication”. La connaissance de cette langue est censée nous faire faire des affaires et nous faire gagner de l'argent, beaucoup d'argent...

Un second veut nous faire croire que l’anglais est forcément "supérieur" puisqu’il est le seul "outil" qui nous ouvrirait les portes du "monde moderne" ; on retrouve exactement le même message que l’on instillait autrefois aux peuples colonisés d’Afrique et d’Asie.

En effet, dans son livre “English and the discourses of colonialism”, Routledge, 1998, le professeur australien Alastair Pennycook a mis en évidence que les politiques linguistiques coloniales britanniques s'organisent autour de quatre principes. En voici trois : les colonies doivent en premier lieu fournir des travailleurs dociles et des consommateurs qui sont susceptibles de faire croître la machine capitaliste du colonisateur. Chaque politique linguistique coloniale doit être adaptée aux conditions locales. Les idées de civilisation, de libéralisme et l'acquisition de la science occidentale - de nos jours la science "moderne"- seront fortement associées à la langue anglaise.

 Actuellement, le message (néo)colonial est surtout associé aux "merveilles" du "monde de la communication" et aux bienfaits de la "liberté d’entreprise". 

Il y a de quoi être hilare, lorsqu’on prétend que l’imposition d’un modèle de pensée étranger va nous rendre plus "libre", ou encore qu’on va "mieux pouvoir se développer" , sans parler des prétendus gains économiques à long terme, notamment.

 Plus d’anglais colonial(1) ó plus de gens tournés vers les produits anglo-saxons ó appauvrissement de la production nationale ó moins de bénéfices pour les nationaux. Et je vous épargne encore l’essentiel.

 Ce paragraphe est à revoir.

 Et cette logique particulière de l'efficacité simple et claire est parfaitement véhiculée par la langue anglaise, comme illustrée dans les exemples qui suivent. Bien sûr, la logique d'un peuple et sa mentalité se retrouvent dans la langue qui les expriment. Voici des exemples d'expressions que l'on trouve couramment dans la correspondance écrite, suivis de leurs équivalents en anglais :
"Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint ..." : "I enclose ..."
"Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le président Directeur Général, l'assurance de ma considération distinguée." : "Faithfully yours."
!

 Pseudo arguments absurdes.

Si je le voulais, je pourrais également inventer n’importe quoi pour vous "montrer" qu’une langue "X" ou "Y" est "vraiment apte" pour une communication "efficace" ou que l'anglais constitue un très mauvais choix pour s'exprimer, et cela, sans rien inventer.

 On ne peut pas agir ainsi.

 Argument à réexaminer, donc.



SORG2-39

Prise de conscience de la France de la nécessité de parler anglais

(…)En France aussi, malgré de lourdes réticences et un retard considérable, on prend conscience de combien l'apprentissage de l'anglais est indispensable.

 

Encore une affabulation néocoloniale. Il faudrait absolument parler anglais pour "progresser". De nos jours, l’anglais permet avant tout de favoriser la pénétration des marchandises anglo-saxonnes et d’établir une autre vision du monde chez les "convertis" aux messages néocoloniaux que peut véhiculer cette langue.

Écrivez plutôt : "de combien l’apprentissage de l’anglais peut être utile"

  De plus en plus d'entreprises considèrent la formation de leurs personnels en anglais comme une nécessaire priorité. Il faut avoir bon espoir que la France finira par parler anglais grâce à la formation de ses adultes (puisque les écoliers qui sortent de terminale ne parlent pas anglais et qu'aucune réforme de l'enseignement de l'anglais à l'école n'est à l'ordre du jour), et qu'elle pourra ainsi s'exprimer spontanément, directement et librement sur la scène internationale.


Comment pouvez-vous prétendre que la France (ou n’importe quel autre pays) parvienne à s’exprimer "spontanément, directement et librement" en s’auto-imposant une langue étrangère ?

La langue est le premier instrument du pouvoir. Le colonisateur va imposer sa langue pour CONTRÔLER et DOMINER et certainement pas pour "libérer" les esprits ! Ici, cette phrase transmet le message suivant : Aujourd’ hui, la France est incapable de s’exprimer librement parce qu’elle ne parle pas la langue de la "communication". Donc, l’anglais est une langue supérieure qui permettrait aux gens de "communiquer" directement. Mais comment pouvez-vous m’expliquer cela ?

  Quant aux entreprises, on a vu ce qui s’est passé avec Vivendi, et je ne sais plus quelle autre qui a vu sa direction devenir Étasunienne.

 Phrase à retirer absolument.

 

SORG2-40

Progrès récents de la France dans l'apprentissage de l'anglais

Est-il possible à un anglophone de ne parler qu'anglais en France ? Encore impensable à la fin du 20ème siècle, il est désormais possible de vivre en France, mais aussi d'y travailler, sans parler un mot de français, dans certaines professions, et en contact constant avec des Français au sein de compagnies françaises. Des secrétaires complaisantes prennent à leur charge les déclarations annuelles de revenus et autres formalités que l'on ne peut accomplir qu'en français. Une courte enquête a permis d'établir que seuls les anglophones, des cadres américains et anglais pour la plupart, jouissent actuellement d'un tel privilège. Ces témoignages sont de bon augure !

 

Ici, il serait de "bon augure" que des étrangers parviennent à avoir des privilèges particuliers dans un pays qui n’est pas le leur. Ce n’est que dans les pays colonisés que l’on accepterait cela. Et, pouvez-vous me dire pourquoi ce phénomène ne mériterait pas d'être réciproque ? C’est la mise en place d’un apartheid que vous encouragez, car voyez-vous, avec leurs complexes d’infériorisés, certains Français d’aujourd’hui vont jusqu’à donner la priorité à des anglophones de naissance (« native speakers » comme ils écrivent) pour les principaux postes de direction. C’est pourquoi, je doute fort que tout ceci soi de si bon augure…

 

Bien cordialement,

Adrien Borel

 

(1) « Anglais colonial » = anglais utilisé par des gens qui veulent, consciemment ou inconsciemment, manipuler, dominer et exploiter autrui; l’anglais colonial se différencie de l'anglais tout court qui ne ferait pas de mal à une mouche.

Jadis, on pouvait aussi parler de "français colonial", de "portugais colonial", de "russe colonial", etc.