Monsieur
le Commissaire,
Les
récents scrutins sur le projet de ratification d'une
"constitution européenne" démontrent à l'évidence,
même pour l'observateur le moins averti, la distance qui s'est
établie entre les institutions de Bruxelles et la majorité des
citoyens dans un nombre de plus en plus élevé de pays de la
Communauté Européenne .
À
l'heure où le "déficit démocratique" souvent
dénoncé, mais aujourd'hui élargi jusqu'à la rupture, se
traduit brutalement dans les urnes, il paraît clair qu'une des
raisons fondamentales en est l'incompréhension radicale qui se
manifeste entre les peuples et les organismes de l'UE, en premier
lieu la Commission, dont les décisions en matière de langues
sont lourdes de conséquences.
Les
textes en vigueur au plan européen, à commencer par le
règlement N° 1 de 1958, au lendemain de l'entrée en vigueur du
traité de Rome, sont particulièrement formels sur la question
des langues, et prévoient expressément que toutes les langues
nationales officielles des États Membres sont langues officielles
et langues de travail de la Communauté Européenne. De ce fait,
il n'est pas prévu d'établir une quelconque hiérarchie entre
les langues de travail de l'Union.
C'est
pourquoi nous nous alarmons des projets de réorganisation des
services de traduction de la Commission faisant l'objet de la
Communication sur le multilinguisme qui doit être adoptée
prochainement par la Commission elle-même.
Sans
exclure de pouvoir faire appel à des professionnels
indépendants, il nous semble essentiel de doter la
Commission des moyens nécessaires pour qu’elle puisse disposer
de services linguistiques d’excellence pour bien servir le
citoyen et des moyens nécessaires pour assurer une
communication multilingue et de qualité constante dans les
diverses langues officielles de l'Union.
En
particulier, le développement des services destinés aux nouveaux
pays adhérents (EUR-2) ne saurait en aucune manière se faire au
détriment des prestations réservées aux anciens États membres
(EUR-15).
Soyez
assuré, Monsieur le Commissaire, que nous exercerons une
vigilance particulière sur ces questions, dont le caractère
crucial ne saurait vous échapper, et qui conditionnent, à
l'évidence, le degré d'acceptation par les citoyens de l'Union
même, dans son principe, et par conséquent la pérennité de
celle-ci.
Dans
l’attente d’un signal de prise de conscience, de votre part,
quant au rôle qui vous incombe, nous vous prions d’agréer,
Monsieur le Commissaire, l'expression de notre haute
considération.
Signé :
Avenir
de la langue française, par le Président Albert Salon, docteur
d'État ès lettres
Allarme
Lingua, par Giorgio Bronzetti Coordinatore del Comitato Allarme
Lingua
Impératif
français, par le Président Jean-Paul Perreault
Association
mondiale pour l'espéranto (UEA) par le Président Renato Corsetti
Fraternité
francophone internationale (FFI), par le Président Albert Salon,
Association
Accent Grave, par le Président Marc Molkhou
Le
droit de comprendre, par le Président de l'association Thierry
Priestley
Linguarum-democratia,
par Anna Maria Campogrande moderateur du Forum