De : |
M. Alain PICHOT |
|
87 rue de Bezons |
|
78420 CARRIÈRES-sur-SEINE
|
|
|
|
|
|
À
: MICHELIN
Monsieur Jacques-Henri THONIER
12, cours Sablon
63040 CLERMONT-FERRAND CEDEX 9
|
|
|
Carrières-sur-Seine, le 26 juillet 2000
|
objet : L'anglomanie de nos entreprises.
Cher Monsieur,
Michelin est-il dans un secteur facile ?
À ce que je sache :
non.
Il est la référence dans le domaine des pneumatiques. Est-il le
premier par hasard ?
Croyez-vous que j’ai choisi Michelin et que je reste actionnaire
«uniquement» pour les dividendes ?
Être à la mode comporte un risque certain : se
démoder !
Une association ne peut-elle pas permettre de créer une
société qui comporte des risques ? Deux ou plusieurs sociétés
ne peuvent-elles pas s’associer pour mettre en commun des
moyens, prendre des risques, faire des bénéfices ou des pertes
en ayant un pourcentage plus ou moins important dans une société
commune ?
À moins de vouloir consciemment ou inconsciemment favoriser l’hégémonisme
culturel et le «colonialisme» linguistique, s’inventer pour
se donner bonne conscience de fausses bonnes raisons ou vouloir
être à tout prix «à la mode» : il n’y a aucune raison pour
qu'association ou partenariat disparaissent au profit exclusif de
«joint-venture»*.
Je sais, comme vous, qu’une langue qui n’importe pas de
mots lorsque c’est vraiment nécessaire ou indispensable : c’est
une langue morte !
La mode qui consiste à cesser d’utiliser ou qui refuse de
créer des synonymes francophones et qui n’importe que des
termes et des mots anglo-américains quasiment «toujours
inutiles» : c’est une mode qui dégrade la langue française,
qui favorise ou accepte l’hégémonisme et le colonialisme
culturels et linguistiques anglo-américains.
Un document joint à cette lettre vous convaincra, je pense, de
la gravité de la situation.
Je suis viscéralement contre une seule langue pour tous les
habitants du monde.
Je suis viscéralement pour l’indépendance, la liberté, la
diversité, pour le plurilinguisme et le «droit de choisir»
trois ou quatre langues internationales en plus de la langue
officielle du pays où l’on se trouve ou avec lequel on
commerce.
Les langues internationales sont-elles obsolètes ou démodées
? Doit-on participer à la pérennisation de cette «forme de
colonialisme»?
La langue française et les autres langues internationales
sont-elles des langues pour les sous-hommes ou les esclaves
? Y-a-t-il eu un vote de l’ONU plus ou moins secret stipulant qu’il
faut parler «la» langue du seigneur ou du maître :
l’anglo-américain?
Après le colonialisme, le racisme, le communisme, le nazisme
et le fascisme, on veut nous imposer à tout prix ou nous vendre de
gré ou de force «l’achat obligatoire» du colonialisme
culturel et linguistique anglo-américain.
Résister
: c’est à chacun d’entre nous de le faire, dès
à présent, pour ne pas être un laquais ou un collaborateur plus
ou moins zélé, actif ou complice de cet hégémonisme ou de
cette forme insidieuse et inexorable de colonialisme linguistique
qui est «actuellement» anglo-américain.
En vous remerciant pour votre lettre du 13 juillet et en vous
souhaitant bonne réception de ce courrier,
Je vous adresse, Cher Monsieur, mes respectueuses salutations
francophones et vous assure de toute ma sympathie.
* NDLR : Le mot "joint venture" a son
correspondant officiel qui est "coentreprise"