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M. Albert Salon |
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Président du FFI-France (Forum
francophone international) |
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Salon
Albert
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À
: Monsieur Dominique de Villepin,
Premier Ministre
Hôtel de Matignon
57, rue de Varenne
75700 Paris
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Paris,
le 4 juin 2005
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objet : Loi Toubon en danger
Monsieur
le Premier Ministre
Dans
toutes les associations de France, du Québec, de la Wallonie et
de Bruxelles, de Suisse romande et jurassienne, qui militent
ensemble pour le français et la Francophonie, votre nomination a
été saluée avec la sympathie et l’espoir que justifient votre
personnalité, vos écrits lus avec émotion, et vos actions
passées pour la France.
Nous
vous sentons très désireux – et fort capable – de mieux
affirmer, au sein des intérêts français, ceux de notre langue
et de notre culture, tant sur la vaste scène internationale qui
vous est familière que sur les théâtres de Bruxelles et de
Paris.
Or,
vous savez bien que l’Union européenne, avec le consentement
plus ou moins résigné de trop d’ « élites
nationales », impose de plus en plus l’anglais comme
langue commune de l’Europe, tant dans les institutions
bruxelloises que dans les pays membres eux-mêmes, au mépris de
nos intérêts fondamentaux comme de sa propre réglementation.
Cette
attitude opiniâtre se manifeste notamment par l’envoi aux
administrations centrales de tous les pays membres de nombreux
documents de travail exclusivement en anglais.
Ces
administrations centrales, dans nos diverses capitales, notamment
à Paris, se sont résignées, voire soumises.
Chez
nous, le SGCI a maintes fois invoqué l’urgence et les
priorités politico-économiques, et rappelé aux récalcitrantes
qu’il fallait cesser d’espérer et de réclamer l’envoi de
versions françaises et se mettre au travail, sans plus protester,
à partir des textes en anglais.
Cette
attitude, peu digne de la France, n’est pas admise par nos
associations françaises.
Elle
n’est comprise ni par les associations francophones hors de
France, ni par nos partenaires étrangers qui défendent l’allemand
en Allemagne, l’italien en Italie, etc. et qui attendent que la
France donne l’exemple
Depuis
l’an 2001, nous avons prié les premiers Ministres français de
bien vouloir enjoindre à leurs administrations centrales de
retourner systématiquement à Bruxelles tous documents de travail
qui leur parviennent uniquement en anglais et de subordonner leurs
réponses à la réception de documents en français.
Nous
n’avons pas reçu de réponse écrite. Les cabinets et le SGCI,
apparemment gênés par notre demande, nous ont oralement laissé
entendre que jamais le gouvernement français ne donnerait une
telle injonction, qui isolerait notre pays, et en ferait une sorte
de « mouton noir » de l’Union.
Pourtant,
il nous semble qu’un tel geste, qui n’aurait pas pour autant
la dimension dramatique - mais très efficace - de la politique de
la « chaise vide » du Général de Gaulle en 1966,
serait salvateur. Il ramènerait les dirigeants et fonctionnaires
de l’Union au respect de leurs textes, et surtout des peuples
qui montrent en ce moment leur attachement à leurs identités et
à la diversité linguistique et culturelle inhérente à l’Europe.
Il
aurait un retentissement considérable dans tout le continent, d’abord
dans l’Union, où beaucoup de citoyens supportent de plus en
plus mal cette insidieuse, mais vigoureuse, « Gleichschaltung »
linguistique et culturelle. On y applaudirait à nouveau cette
même France retrouvée un moment lors de l’opposition à la
guerre américaine en Irak.
Le
geste français redonnerait espoir à tous les membres de la
Communauté francophone. Nos partenaires privilégiés se sentent
en effet ces temps-ci abandonnés par une France qui a la
légèreté de négliger son grand large, alors même que, comme
vous le constatez, la Grande Bretagne soigne le Commonwealth, et
mène une véritable offensive de charme en direction de l’Afrique.
Enfin,
le geste de votre Gouvernement montrerait à tous les Français,
quel qu’ait été leur vote le 29 mai, qu’une autre Europe est
possible et que les intérêts vitaux de la France y sont enfin
défendus efficacement.
Si
un Premier Ministre en France peut être capable de relever ces
deux défis si intimement liés : celui, européen, de la
diversité linguistique et culturelle du continent et du monde, et
l’autre, français, de l’affirmation du français et de la
Communauté francophone, à nos yeux vous êtes ce Premier
Ministre.
Dans
la foulée du 29 mai, rappeler Bruxelles au respect en donnant à
vos propres administrations l’injonction évoquée, qui n’a
besoin d’aucune autorisation étrangère et ne ferait qu’appliquer
la propre réglementation européenne existante, aurait une
efficacité certaine et un retentissement considérable.
Cet
important symbole qui, au demeurant, n’alourdirait pas le
déficit de nos finances publiques, vous gagnerait à nouveau bien
des cœurs, en France et ailleurs.
Dans
cet espoir et cette attente, je vous prie, Monsieur le Premier
Ministre,
au
nom du FFI-France et des 52 associations qui ont signé l’appel
lancé par lui en octobre 2001, du balcon du château de François
Ier, à Villers-Cotterêts, avec l’appui de plusieurs
parlementaires, dont trois devinrent ministres en juin 2002, et
dont l’un, M. Renaud Dutreil, l'est encore,
de
bien vouloir agréer l’expression de notre très haute
considération.
Albert
Salon, docteur d’État ès lettres,
Président
du FFI-France (Forum francophone international)