----- Message d'origine -----
Envoyé : lundi 6 juin 2005
 

 

 

objet : Loi Toubon en danger

 

 

Monsieur le Délégué Général, cher Collègue,

 

 

Nous vous sommes reconnaissants de nous avoir reçus le 3 juin, avec SGCI et DGCCRF, pour parler de cette malheureuse affaire de la compatibilité de notre loi Toubon avec les directives de l'Union favorables au grand marché.

 

Nous vous remercions aussi de nous avoir envoyé ensuite, en réponse à l'une de nos questions, le document relatif aux programmes de numérisation envisagés en réseau entre 23 bibliothèques de divers pays d'Europe.

 

Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint une copie d'une lettre adressée par le FFI-France à Monsieur le Premier Ministre. Vous savez combien toutes nos associations tiennent à la réaffirmation des droits de la langue française dans le fonctionnement de l'Union et le respect de la propre réglementation d'icelle. La DGLFLF se souvient de nos interventions auprès des deux Premiers Ministres précédents.

 

Nous avons le sentiment qu'aujourd'hui notre nouvelle démarche se présente sous de meilleurs auspices.

 

En effet, d'importants évènements politiques se sont produits récemment, tant en France qu'ailleurs en Europe.

Et surtout, comme vous nous le disiez vous-même, et comme nous l'écrivons avec la plus grande sincérité dans la lettre jointe, le nouveau Premier Ministre nous paraît avoir la fibre, le caractère et l'envergure, de prendre l'initiative salutaire demandée.

Enfin, c'est vous qui êtes maintenant à la tête de la DGLFLF.

 

Veuillez prendre cet envoi comme un nouveau signe de notre inlassable espoir et un témoignage de notre confiance, à quoi j'ajoute l'expression de ma gratitude et de mes sentiments les plus cordiaux.

 

Salon Albert

 

 

De :

M. Albert Salon
Président du FFI-France (Forum francophone international)
Salon Albert

 

 

 

 

À  :  Monsieur Dominique de Villepin, 

        Premier Ministre

        Hôtel de Matignon

        57, rue de Varenne

       75700 Paris

 

                                                 Paris, le 4 juin 2005

objet : Loi Toubon en danger

 

 

Monsieur le Premier Ministre

 

Dans toutes les associations de France, du Québec, de la Wallonie et de Bruxelles, de Suisse romande et jurassienne, qui militent ensemble pour le français et la Francophonie, votre nomination a été saluée avec la sympathie et l’espoir que justifient votre personnalité, vos écrits lus avec émotion, et vos actions passées pour la France.

Nous vous sentons très désireux – et fort capable – de mieux affirmer, au sein des intérêts français, ceux de notre langue et de notre culture, tant sur la vaste scène internationale qui vous est familière que sur les théâtres de Bruxelles et de Paris.

Or, vous savez bien que l’Union européenne, avec le consentement plus ou moins résigné de trop d’ « élites nationales », impose de plus en plus l’anglais comme langue commune de l’Europe, tant dans les institutions bruxelloises que dans les pays membres eux-mêmes, au mépris de nos intérêts fondamentaux comme de sa propre réglementation.

Cette attitude opiniâtre se manifeste notamment par l’envoi aux administrations centrales de tous les pays membres de nombreux documents de travail exclusivement en anglais.

Ces administrations centrales, dans nos diverses capitales, notamment à Paris, se sont résignées, voire soumises.

Chez nous, le SGCI a maintes fois invoqué l’urgence et les priorités politico-économiques, et rappelé aux récalcitrantes qu’il fallait cesser d’espérer et de réclamer l’envoi de versions françaises et se mettre au travail, sans plus protester, à partir des textes en anglais.

Cette attitude, peu digne de la France, n’est pas admise par nos associations françaises.

Elle n’est comprise ni par les associations francophones hors de France, ni par nos partenaires étrangers qui défendent l’allemand en Allemagne, l’italien en Italie, etc. et qui attendent que la France donne l’exemple

Depuis l’an 2001, nous avons prié les premiers Ministres français de bien vouloir enjoindre à leurs administrations centrales de retourner systématiquement à Bruxelles tous documents de travail qui leur parviennent uniquement en anglais et de subordonner leurs réponses à la réception de documents en français.

Nous n’avons pas reçu de réponse écrite. Les cabinets et le SGCI, apparemment gênés par notre demande, nous ont oralement laissé entendre que jamais le gouvernement français ne donnerait une telle injonction, qui isolerait notre pays, et en ferait une sorte de « mouton noir » de l’Union.

Pourtant, il nous semble qu’un tel geste, qui n’aurait pas pour autant la dimension dramatique - mais très efficace - de la politique de la « chaise vide » du Général de Gaulle en 1966, serait salvateur. Il ramènerait les dirigeants et fonctionnaires de l’Union au respect de leurs textes, et surtout des peuples qui montrent en ce moment leur attachement à leurs identités et à la diversité linguistique et culturelle inhérente à l’Europe.

Il aurait un retentissement considérable dans tout le continent, d’abord dans l’Union, où beaucoup de citoyens supportent de plus en plus mal cette insidieuse, mais vigoureuse, « Gleichschaltung » linguistique et culturelle. On y applaudirait à nouveau cette même France retrouvée un moment lors de l’opposition à la guerre américaine en Irak.

Le geste français redonnerait espoir à tous les membres de la Communauté francophone. Nos partenaires privilégiés se sentent en effet ces temps-ci abandonnés par une France qui a la légèreté de négliger son grand large, alors même que, comme vous le constatez, la Grande Bretagne soigne le Commonwealth, et mène une véritable offensive de charme en direction de l’Afrique.

Enfin, le geste de votre Gouvernement montrerait à tous les Français, quel qu’ait été leur vote le 29 mai, qu’une autre Europe est possible et que les intérêts vitaux de la France y sont enfin défendus efficacement.

Si un Premier Ministre en France peut être capable de relever ces deux défis si intimement liés : celui, européen, de la diversité linguistique et culturelle du continent et du monde, et l’autre, français, de l’affirmation du français et de la Communauté francophone, à nos yeux vous êtes ce Premier Ministre.

Dans la foulée du 29 mai, rappeler Bruxelles au respect en donnant à vos propres administrations l’injonction évoquée, qui n’a besoin d’aucune autorisation étrangère et ne ferait qu’appliquer la propre réglementation européenne existante, aurait une efficacité certaine et un retentissement considérable.

Cet important symbole qui, au demeurant, n’alourdirait pas le déficit de nos finances publiques, vous gagnerait à nouveau bien des cœurs, en France et ailleurs.

Dans cet espoir et cette attente, je vous prie, Monsieur le Premier Ministre,

au nom du FFI-France et des 52 associations qui ont signé l’appel lancé par lui en octobre 2001, du balcon du château de François Ier, à Villers-Cotterêts, avec l’appui de plusieurs parlementaires, dont trois devinrent ministres en juin 2002, et dont l’un, M. Renaud Dutreil, l'est encore,

de bien vouloir agréer l’expression de notre très haute considération.

 

 

Albert Salon, docteur d’État ès lettres,

 Président du FFI-France (Forum francophone international)