De : |
M. Régis RAVAT
Président de l'A.FR.AV
Parc Louis Riel
2811, chemin de Saint-Paul
30129 MANDUEL |
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À
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Délégation
Générale à la Langue Française (DGLF)
M. Michel Alessio
6, rue des Pyramides
75001 PARIS
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Manduel, le 18 septembre 2003 |
objet : Journées de l'Université Occitane de Nîmes.
Monsieur,
J'étais
présent lorsque vous étiez à Nîmes au collège de la
Révolution, aux Journées de l'Université Occitane, le 28 août
2003.
J'ai été le premier à prendre la parole parmi les personnes qui
composaient l'auditoire et j'en ai profité pour dénoncer le tout
anglais, tant sur le plan européen que sur le plan français.
J'ai même dit que la promotion qui est faite actuellement des
langues régionales avec, du côté européen, la Charte
Européenne des Langues Régionales ou Minoritaires et avec, du
côté français, la DGLF qui a été transformée pour l'occasion
en Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues
de France, n'était en fait qu'un leurre pour mieux nous
angliciser.
J'ai donné alors des exemples précis telle la discrimination
linguistique faite par la Commission européenne lorsqu'elle
recrute des “Native English speaking*” ou des “Mother
English speaking*”, tel le favoritisme pro-anglais de l'Eurocorps,
la future armée européenne, qui a adopté la langue des
Américains comme langue opérationnelle, tels les sites de l'interréseau
de la CEE qui, comme celui de la BCE, la Banque Centrale
Européenne, ne sont pour la plupart qu'en version anglaise.
J'ai dit aussi que la loi Toubon n'était pas appliquée ou tout,
du moins, appliquée que du bout des doigts.
J'ai alors donné l'exemple d'une manifestation qui allait se
dérouler à Arles le 14 septembre et qui s'appelait la “HAIR
CUP”. Vous m'avez répondu que la loi Toubon n'était pas
applicable pour des faits relevant d'entreprises privées. Certes,
mais j'aurais pu vous répondre, si la tenue de la réunion avait
permis le débat, qu'à regarder de plus près cette
manifestation, l'on se rend compte que le Conseil général et la
mairie d'Arles sont impliqués dans cet événement.
Ainsi,
aurais-je pu vous demander si vous trouvez normal que le Service
Public cautionne une entreprise privée qui ne respecte pas la
langue française ?
J'ai
dénoncé également le fait que plus de 90% des élèves qui
entrent en 6e prennent l'anglais en 1ère langue étrangère,
alors que tout naturellement - notre région étant située au sud
de la France entre l'Espagne et l'Italie -, c'est plutôt
l'espagnol ou l'italien que nos enfants devraient apprendre, ne
serait-ce que par politesse vis-à-vis de nos voisins espagnols et
italiens.
Vous m'avez répondu, là encore, que l'on ne pouvait rien faire
contre le souhait des parents et des enfants face à l'envie
d'anglais.
Encore une fois, s'il y avait eu débat, je vous aurais répondu
que si une armée étrangère traversait nos frontières, nous
mobiliserions aussitôt nos forces pour aller l'arrêter.
Pourquoi, face à la colonisation des Esprits ne mobilise-t-on pas
nos forces pareillement ? Il est indéniable que si les parents et
les enfants ont envie d'anglais plus que d'espagnol, d'italien,
d'allemand ou de russe, c'est que des intérêts autres que
français font en sorte qu'il en soit ainsi ? Votre rôle, celui
des citoyens éclairés sur le problème, celui des politiciens,
est d'essayer, par tous les moyens, de les désaliéner, de les
libérer. L'Éducation nationale ne doit pas servir les intérêts
des angliciseurs, mais au contraire, elle doit participer à
ouvrir les yeux de nos enfants en leur disant notamment que
d'autres mondes sont possibles en dehors de la vision américaine
du monde et que, par conséquent, d'autres langues, autres que
l'anglais, sont possibles aussi.
Enfin, je note que vous vous êtes excusé lorsque vous avez pris
la parole parce que vous avez pris la parole en français et non
en occitan. Il est intéressant de constater qu'un représentant
de l'État se sente obligé de s'excuser parce qu'il parle
français en France à des Français ! Nous sommes tombés
vraiment bien bas ! Fort de cela, on peut même imaginer, dans un
futur proche, en admettant que les ethno-régionalistes viennent
à prendre la main, que votre successeur, incapable de connaître
et de parler tous les idiomes de France et ne voulant vexer
personne en utilisant le français qui rappellerait à certains
les dures lois républicaines et jacobines de Liberté, de
Fraternité et d'Égalité entre Français, finisse par
s'exprimer, en définitive, en anglais. Et je n'exagère pas, car
c'est ce qui se passe en Belgique face à la querelle entre
Flamands et Wallons et en Suisse devant la complication d'avoir
quatre langues officielles.
Bref, la politique linguistique actuelle de la France, consistant
à réveiller et à promouvoir les langues ethniques au détriment
du renforcement, de la promotion, de la défense et du rayonnement
de notre langue de citoyenneté, le français, est mauvaise.
Cette politique tourne le dos au vrai problème : L'ANGLICISATION.
De plus, il ne nous faudrait pas oublier que s'il nous reste
encore un rôle à jouer dans le monde, c'est bien celui de
résister au totalitarisme du tout anglais.
Vouloir se faire les chantres du plurilinguisme et du
multiculturalisme est une idée noble, mais défendre cela en ne
contestant pas que l'anglais en soit le dénominateur commun,
c'est être fier de prôner la liberté des mains sans se soucier
de nos pieds enchaînés.
En espérant que vous vous rendrez compte de tout cela avant que
l'anglais devienne la seconde langue de France, la langue
officielle de l'Union européenne et la seule langue
internationale de par le monde, je vous prie d'agréer, Monsieur,
mes meilleures salutations
* anglophones de naissance
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Régis Ravat, |
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Président de l'A.FR.AV. |
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Note : ci-joint, pour information, le
numéro 33 de FRATERNIPHONIE, notre journal associatif.