A.FR.AV.

Association FRancophonie AVenir

 

 

 

De :

M. Régis RAVAT

Président de l'A.FR.AV

Parc Louis Riel

2811, chemin de Saint-Paul

30129 MANDUEL

 

 

À : Hôtel de Région

      À l'attention de M. Georges Frêche,

      Président du Conseil régional

      201, avenue de la Pompignane

      34064 Montpellier Cedex 2

 

 

 

Manduel, le 04 juillet 2004

                                                   


objet :Lutte contre l'anglomanie et promotion de la Francophonie.

 

 

Monsieur le Président,



J'étais présent le jeudi 23 juin à Nîmes, à l'auditorium de la Maison du Département, lors de la rencontre « Culture, identités régionales », présidée par M. Patrick Malavieille.

Hélas, je n'ai pas eu le temps d'attendre que l'on me donne la parole, car j'ai dû quitter la séance à 16h30 pour reprendre mon travail. Aussi, permettez, par la présente, que je vous fasse part de la problématique qui m'anime depuis plusieurs années déjà, à savoir : comment lutter contre l'omniprésence de la langue anglaise dans notre système scolaire et, plus généralement encore, comment lutter contre l'omniprésence de la langue anglaise dans notre vie de tous les jours ?

Force est de constater que dans notre région, à chaque réunion portant sur la culture, des voix s'élèvent en faveur des langues régionales, mais, force est de constater aussi, que tout le monde se tait, et fait l'autruche, devant l'anglais qui prédomine et devant la langue française qui, par voie de conséquence, perd de son influence tant sur le plan européen que sur le plan international.

J'ai l'impression que plus on parle du fait régional, plus on parle des cultures régionales, plus on parle des langues régionales, plus il y a d'anglais, plus l'anglais s'installe dans notre vie de tous les jours.

90% de nos enfants qui entrent en 6e prennent l'anglais en première langue vivante étrangère, alors que notre région est placée entre l'Espagne et l'Italie et que tout naturellement on pourrait s'attendre à ce que l'espagnol ou l'italien soient pris en priorité, ne serait-ce que par politesse vis-à-vis de nos voisins transalpins et transpyrénéens. Que fait-on face à cette omniprésence de l'anglais dans nos écoles ? - Rien.

J'ai trois enfants, tous les trois ont été scolarisés à Manduel, et tous les trois ont eu une initiation à l'anglais dès le CE1, alors que j'avais demandé l'espagnol. MM. Gillet et Montagné, respectivement instituteur et directeur de l'école, m'ont dit, face à mes protestations, que de toute façon je n'avais pas le choix et que c'était l'anglais obligatoire. Face à ce diktat, j'ai alors écrit par deux fois au recteur d'Académie, M. William Marois, pour dénoncer cet abus d'anglais, il ne m'a jamais répondu.

Hormis ce cas précis, et quand on y regarde de plus près, l'anglais n'en est pas moins partout présent dans notre vie de tous les jours et les exemples ne manquent pas. Que dire de l'hymne de l'équipe française de ballon pour l'Euro 2004 qui était « Can you feel it ?  », une chanson tout en anglais ? Que dire de nos chercheurs scientifiques, si prompts à demander de l'argent public à l'État et qui publient pourtant leurs travaux en anglais ? Etc.

À l'échelon européen, l'anglais est tout autant présent. Le concours de l'Eurovision de la chanson a montré récemment combien était importante la colonisation par l'anglais des populations, la plupart des pays européens - 18 sur 24 - s'étant fait représenter par des chanteurs qui chantaient en anglais. Là aussi, qui a protesté contre cela ? - Personne.

Sait-on que les dix pays qui viennent d'entrer dans l'Union européenne ont dû faire leur demande d'adhésion en anglais selon l'ordre et la volonté de la Commission européenne ? Sait-on que cette même Commission à Bruxelles publie la plupart de ses rapports d'abord en anglais, puis ensuite dans les autres langues de l'Union ? Sait-on qu'il y a, au sein de la Commission, un nombre croissant d'annonces de recrutement s'adressant tout spécialement à des anglophones de naissances, des « English native speakers », comme ils disent ? Sait-on que le gouverneur général de la Banque Centrale Européenne, le Français Jean-Claude Trichet, ex-gouverneur de la Banque de France, s'exprime en anglais au Parlement européen et que la langue de travail de la BCE, banque basée pourtant à Francfort en Allemagne, est l'anglais.

Bref, on a l'impression, autant à l'échelon français qu'à l'échelon européen, qu'on nous parle de régionalisme, de Charte pour les Langues Régionales ou Minoritaires, notamment, pour mieux nous imposer l'anglais. Le discours officiel prône le plurilinguisme et le multiculturalisme, mais la réalité du terrain nous le prouve, c'est l'imposition du tout anglais qu'on nous prépare.

Puisque l'anglais, c'est avant tout la langue des américains, est-il normal, au nom de notre indépendance et de notre fierté européennes, d'adopter la langue des Américains comme langue de l'Europe ?

Est-ce notre avenir, à nous, descendants des Dante, des Cerventès, des Goethe, des Rousseau et Cie, de nous rassembler autour de la langue de Mickey ?

S'il m'est permis, je voudrais donc faire le souhait que notre région s'oppose à l'anglomanie et pour cela, puisqu'elle a la chance d'être située au Sud, sur les rives de la Méditerranée, j'aimerais qu'elle s'oriente vers la Francophonie, la Francophonie du Maghreb, la Francophonie du Sud saharien. Il y a là des populations amies à aider à se développer, il y a là des débouchés pour notre industrie et notre commerce.

Puisse la Septimanie, lutter contre l'anglomanie ;
Puisse la Septimanie se tourner vers la Francophonie.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de toute ma considération.


Régis Ravat,
Président de l'A.FR.AV.





Copie : à M. Patrick Malavieille, conseiller régional, président de la Commission culturelle.
               à M. J.-P. Boré, conseiller régional (Nîmes), membre de la Commission culturelle.

 

Post-scriptum. Merci de bien vouloir faire quelque chose contre l'hégémonie de l'anglais qui sévit depuis plusieurs années déjà dans les classes de primaire de Manduel.


  Réponse de M. Boré, 

Vice-Président

 

 

Jean Paul BORÉ
Vice-Président
Délégation :
Personnes handicapées
Mise en place Office Foncier

  

 

 

Monsieur Régis RAVAT 

Président de 1’A.FR.AV

Association culturelle et d’aide au développement

Parc Louis Riel

2811 chemin de Saint Paul

30129 MANDUEL

 

 

 

                                                   Montpellier, le 15 juillet 2004


 

 

 

Monsieur le Président,



J’ai lu avec attention votre courrier en date du 04 juillet 2004, par lequel vous me faîtes part de votre inquiétude concernant le développement de l’utilisation de l’anglais dans notre vie quotidienne, tout autant que dans les écoles.

 

Je comprends tout à fait vos préoccupations, je suis moi-même très attaché au patrimoine linguistique dont dispose notre pays, et le développement de la Francophonie au niveau du Maghreb et du Sud Saharien me paraît être effectivement une idée à étudier, ce que nous ferons certainement dans le cadre de nos discussions sur les relations internationales.

 

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées.

 

 

Hôtel de Région

20, av. de la Pompignane - 34064 Montpellier Cedex 2  -  Tél. 04 67 22 80 00  -  www.cr-languedocroussillon.fr 

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