De : |
M. Paul Humblet |
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paulhumblet(chez)yahoo.fr
Mesure
anti-pourriels :
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Monsieur
le Rédacteur,
J'ai lu avec intérêt l'article de Mmes Brizard et
Radier, intitulé
«
My English is poor
» pour lequel je voudrais
féliciter les auteurs d'avoir soulevé le problème des langues et
donc de la communication entre personnes qui ne partagent pas la
même langue maternelle ou usuelle.
Si je suis d'accord avec le problème des langues
en général soulevé dans cet article, ce qui m'irrite
par contre, c'est que, malgré le souci avéré de connaître au
moins 2 langues étrangères, ce problème se résume trop souvent à ce
que d'une part certaines personnes apprennent une
langue ou plusieurs et d'autres non et que, de l'autre, il se limite
à ne connaître QUE l'anglais.
Il me semble aussi que l'obligation faite à tous
d'apprendre une langue étrangère va déboucher sur l'utilisation
d'une seule langue qui va supplanter toutes les autres et que cette
langue sera l'anglais. J'en voudrais pour preuve l'usage qui s'en
impose sournoisement, voyez les publicités sur les chaînes
francophones où le fond musical, texte compris, est en anglais ;
voyez également ces feuilletons francophones comme « Sur le Fil »
passé récemment sur A2 où la chanson finale est en anglais. Comme si
nous autres francophones en étions devenus les portefaix.
J'ajouterai l'exemple d'une photo parue dans un toute-boîte
bruxellois qui insère dans un article consacré aux transports
publics bruxellois (la STIB, l'équivalent de la RATP) une photo
montrant un point de vente avec une enseigne rédigée... en anglais,
faisant fi de montrer les enseignes rédigées dans les deux langues
nationales, laissant croire que l'anglais fait déjà son office de
grand nettoyage : je veux bien que Bruxelles (dont j'en arrive à me
demander si elle n'est pas devenue un faubourg de Londres ou de
Washington) soit cosmopolite du fait de la présence d'institutions
internationales et, de ce fait, de personnes dont les langues
locales ne sont pas les langues maternelles, mais tout de même ! Ne
devrait-on pas justement y pratiquer le plurilinguisme par l'exemple
en installant des panneaux en plusieurs langues, du moins les
principales (quelles murailles d'informations si l'on devait
utiliser les 25 langues de l'Union)
Ne serait-il pas normal que les personnes qui
viennent s'installer dans un pays ou une ville en apprennent la
langue, ne fût-ce que les rudiments nécessaires pour s'y débrouiller
? À deux reprises dans des transports en commun, j'ai posé une
question à un passager concernant ce transport, je n'ai pas pu avoir
de réponse parce que les personnes à qui je m'étais adressé ne
connaissaient pas le français : je me suis senti étranger dans mon
propre pays, un pays réputé pour ses querelles linguistiques, mais
où personne ne réagit pour que ses hôtes en respectent au moins les
langues ! Où est le bilinguisme, à quoi rime-t-il s'il n'est qu'une
obligation à sens unique et en faveur de la
langue-universelle-que-tout-le-monde-connaît (enfin, paraît-il,
parce que je n'ai jamais vu personne se presser au portillon pour
venir en aide à une personne posant la question rituelle « Do you
speak English ?») ?
Certes, la mondialisation aidant, les gens se
rapprochant de plus en plus et de plus en plus vite, les problèmes
linguistiques se posent avec d'autant plus d'acuité qu'un outil de
communication s'impose. Faut-il pour autant en déduire que tout le
monde jusque dans les moindres recoins de notre planète se doivent
de connaître au moins une langue étrangère ? Et pourquoi cette
obsession du seul anglais comme si c'était la panacée ? Que fait-on
du cas des personnes qui n'en n'auront jamais besoin qui ont des
difficultés à apprendre une langue étrangère ou une langue
spécifique alors qu'ils n'en auront pas besoin ?
Certes, il faut prévoir le cas où ces personnes
pourraient être amenées à communiquer, ne fût-ce que brièvement,
avec une autre personne dans une autre langue que les leurs propres.
Le problème ne me paraît donc pas si simple que l'on puisse croire,
en tout cas pas au point d'imposer à tous l'apprentissage d'une
langue étrangère, et cela sans pouvoir s'opposer à une décision du
prince. C'est le genre de décision qui me fait penser aux décision
des Bureaux du plan des économies d'État où il faut produire les
quantités décidées en haut lieu au mépris total des lois du marché.
Je vais en rester là de mes considérations, mais
il me semble que le problème peut trouver d'autres solutions et
qu'une réflexion bien plus sérieuse doit être menée. En vous
remerciant d'avoir accordé votre temps à la lecture de mes
réflexions, je vous prie d'agréer, Monsieur le Rédacteur,
l'assurance de ma parfaite considération.
Paul Humblet,
Bruxelles.