De :

  M. Paul Humblet

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objet : Problème des langues en Europe

            (et dans le monde)

 

 

 

AU : quotidien@nouvelobs.com

         cbrizard@nouvelobs.com,

         vradier@nouvelobs.com

 

                             Bruxelles, le 5 novembre 2007

 

 

 Monsieur le Rédacteur,

 

J'ai lu avec intérêt l'article de Mmes Brizard et Radier, intitulé « My English is poor » pour lequel je voudrais féliciter les auteurs d'avoir soulevé le problème des langues et donc de la communication entre personnes qui ne partagent pas la même langue maternelle ou usuelle.

Si je suis d'accord avec le problème des langues en général soulevé dans cet article, ce qui m'irrite par contre, c'est que, malgré le souci avéré de connaître au moins 2 langues étrangères, ce problème se résume trop souvent à ce que d'une part certaines personnes apprennent une langue ou plusieurs et d'autres non et que, de l'autre, il se limite à ne connaître QUE l'anglais.

Il me semble aussi que l'obligation faite à tous d'apprendre une langue étrangère va déboucher sur l'utilisation d'une seule langue qui va supplanter toutes les autres et que cette langue sera l'anglais. J'en voudrais pour preuve l'usage qui s'en impose sournoisement, voyez les publicités sur les chaînes francophones où le fond musical, texte compris, est en anglais ; voyez également ces feuilletons francophones comme « Sur le Fil » passé récemment sur A2 où la chanson finale est en anglais. Comme si nous autres francophones en étions devenus les portefaix. J'ajouterai l'exemple d'une photo parue dans un toute-boîte bruxellois qui insère dans un article consacré aux transports publics bruxellois (la STIB, l'équivalent de la RATP) une photo montrant un point de vente avec une enseigne rédigée... en anglais, faisant fi de montrer les enseignes rédigées dans les deux langues nationales, laissant croire que l'anglais fait déjà son office de grand nettoyage : je veux bien que Bruxelles (dont j'en arrive à me demander si elle n'est pas devenue un faubourg de Londres ou de Washington) soit cosmopolite du fait de la présence d'institutions internationales et, de ce fait, de personnes dont les langues locales ne sont pas les langues maternelles, mais tout de même ! Ne devrait-on pas justement y pratiquer le plurilinguisme par l'exemple en installant des panneaux en plusieurs langues, du moins les principales (quelles murailles d'informations si l'on devait utiliser les 25 langues de l'Union)

Ne serait-il pas normal que les personnes qui viennent s'installer dans un pays ou une ville en apprennent la langue, ne fût-ce que les rudiments nécessaires pour s'y débrouiller ? À deux reprises dans des transports en commun, j'ai posé une question à un passager concernant ce transport, je n'ai pas pu avoir de réponse parce que les personnes à qui je m'étais adressé ne connaissaient pas le français : je me suis senti étranger dans mon propre pays, un pays réputé pour ses querelles linguistiques, mais où personne ne réagit pour que ses hôtes en respectent au moins les langues ! Où est le bilinguisme, à quoi rime-t-il s'il n'est qu'une obligation à sens unique et en faveur de la langue-universelle-que-tout-le-monde-connaît (enfin, paraît-il, parce que je n'ai jamais vu personne se presser au portillon pour venir en aide à une personne posant la question rituelle « Do you speak English ?») ?

Certes, la mondialisation aidant, les gens se rapprochant de plus en plus et de plus en plus vite, les problèmes linguistiques se posent avec d'autant plus d'acuité qu'un outil de communication s'impose. Faut-il pour autant en déduire que tout le monde jusque dans les moindres recoins de notre planète se doivent de connaître au moins une langue étrangère ? Et pourquoi cette obsession du seul anglais comme si c'était la panacée ? Que fait-on du cas des personnes qui n'en n'auront jamais besoin qui ont des difficultés à apprendre une langue étrangère ou une langue spécifique alors qu'ils n'en auront pas besoin ?

Certes, il faut prévoir le cas où ces personnes pourraient être amenées à communiquer, ne fût-ce que brièvement, avec une autre personne dans une autre langue que les leurs propres. Le problème ne me paraît donc pas si simple que l'on puisse croire, en tout cas pas au point d'imposer à tous l'apprentissage d'une langue étrangère, et cela sans pouvoir s'opposer à une décision du prince. C'est le genre de décision qui me fait penser aux décision des Bureaux du plan des économies d'État où il faut produire les quantités décidées en haut lieu au mépris total des lois du marché.

Je vais en rester là de mes considérations, mais il me semble que le problème peut trouver d'autres solutions et qu'une réflexion bien plus sérieuse doit être menée. En vous remerciant d'avoir accordé votre temps à la lecture de mes réflexions, je vous prie d'agréer, Monsieur le Rédacteur, l'assurance de ma parfaite considération.

 

Paul Humblet,

Bruxelles.