De :

 M. Adam Valency
 multilinguisme@gmx.net  

   À : 

 

M. Hubert Paesmans   Hubert.Paesmans@cec.eu.int

M. André Dagneaux

andre.dagneaux@cec.eu.int

M. Agustin Jimenez  

agustin.jimenez@cec.eu.int

 

 

 

le 14/08/03


 

objet : Le site (http://europa.eu.int/eurodicautom/edic/response_DG.jsp) présente le fait de faire la promotion du multilinguisme, alors que lui-même est en anglais uniquement.

 

 

Monsieur le chef d'unité,



Vous avez déjà du recevoir de nombreuses plaintes à l'égard de la politique linguistique d'Eurodicautom. Celle-ci ne fera que s'ajouter aux précédentes.
Je m'étonne que vous puissiez sans rire parler de "diversité et de richesse linguistique de l'Europe quand votre site est exclusivement anglophone.

Je crois que votre site est l'un des seuls de la Commission européenne a ne même pas "faire semblant" de pratiquer le multilinguisme. Tous les sites disposent au moins d'une page d'accueil en plusieurs langues.

L'argument fallacieux qui ne manquera pas de survenir, selon lequel Eurodicautom est un service interne de la Commission, qui n'a donc pas à respecter le principe de l'égalité des langues dans l'Union européenne, doit être rejeté.

Il implique d'une part que tous les fonctionnaires de la Commission  de l'UE, maîtrisent assez l'anglais pour comprendre l'historique d'Eurodicautom (http://europa.eu.int/eurodicautom/Controller?ACTION=about), le guide de l'utilisateur (http://europa.eu.int/eurodicautom/Controller?ACTION=guide), les dernières nouvelles (http://europa.eu.int/eurodicautom/Controller?ACTION=whatsnew), alors que ceux-ci ne sont tenus que de parler une autre langue de l'UE (et non nécessairement l'anglais) en sus de leur langue maternelle. On ne voit pas pourquoi les personnes parlant un anglais courant devraient être favorisées par rapport à ceux qui parlent d'autres langues. Cela participe également de l'anglophonie grandissante de la Commission, et tend à accréditer la thèse qu'au fond, les autres langues sont bien inutiles, l'anglais étant la lingua franca. On n'utilisera désormais plus les langues nationales que pour communiquer avec les citoyens. Entre soi, parlons juste anglais, faisons fi, justement, de la diversité linguistique qui n'est bonne qu'à être défendue à l'extérieur, mais aucunement à être mise en pratique en interne. C'est là une autre manifestation de la fermeture du monde communautaire. Vous participez ainsi au mouvement qui fait, par exemple, qu'un nombre croissant de fonctionnaires européens, incapables d'aligner trois mots en néerlandais ou en français, vivent reclus à Bruxelles, sans le moindre contact avec la population locale. "Rapprocher l'Europe des citoyens" : une belle expression ! Mais quant à tenter de la mettre en pratique...

Cela m'amène, d'autre part, au fait qu'Eurodicautom n'est pas seulement utilisé par les services de la Commission, mais est très utile à de nombreux autres citoyens qui travaillent dans un environnement multilingue, et qui sont passablement irrités que le service ne soit pas fourni dans leur langue (ou, à tout le moins, qu'ils n'aient pas le choix entre plusieurs langues).

On souhaiterait donc que la diversité linguistique s'applique en premier lieu à ceux qui s'en font les chantres officiels.

J'attends avec impatience votre réponse (en français, s'il vous plaît : article 41, paragraphe 4, de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et article 21 du TCE).

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le chef d'unité, l'expression de ma considération distinguée.

Adam Valency

 

PS : je ne suis pas un de ces nationalistes invétérés, mais un fédéraliste européen, qui aimerait bien que l'UE soit un peu plus qu'un creuset anglo-saxon.


    

 

 

RÉPONSE

 

 

De :

 M. Josep Bonet-Heras
 Josep.Bonet-Heras@cec.eu.int

   À : 

 

M. Adam Valency

multilinguisme@gmx.net

 

 

le 21/08/03




Monsieur Valency,

Permettez-moi que je vous écrive dans une langue qui n'est pas la mienne, mais que je pratique largement chaque jour. Vous devrez excuser mes fautes de français, que j'aimerais maîtriser convenablement sans y parvenir.
Je crois que vous avez raison en presque tout ce que vous dites. Toutefois, je crois que vous méritez quelques explications.

Eurodicautom se présente, comme vous avez remarqué, seulement en anglais. Et cela a des raisons partiellement techniques -- à une époque ce n'était pas facile de générer des interfaces dynamiques multilingues ; il est beaucoup plus difficile à maintenir, etc.-- et aussi pratiques. Comme vous signalez,
la base est à usage interne de nos traducteurs et tous les traducteurs connaissent l'anglais. J'ajoute que tous connaissent aussi le français.
Comme on dit dans la langue de ma mère: "en casa del herrero, cuchillo de palo", affirmation qui contredit le dicton français selon lequel "on n'est mieux servi que par soi-même". En fait, la population traductrice est la moins nécessitée de traductions, étant elle-même traductrice. Cela s'applique aussi, je pense, au monde extérieur.

En deuxième lieu, si Eurodicautom se présente en anglais, c'est peut-être à cause d'un hasard. En effet, l'ancien Service de Traduction, devenu Direction générale de la Traduction le 1 juillet dernier, est considéré comme une Direction générale largement francophone et rares sont les applications informatiques internes qui ne sont pas en français. Cela ne laisse pas de causer des problèmes à certains secrétaires des nouvelles langues, qui connaissent tous l'anglais, mais plus rarement le français. En
théorie ils pourraient connaître seulement le grec et le finnois. En pratique, ce n'est pas le cas, car il faut pouvoir communiquer. Mais cette communication se fait surtout en français, mais aussi en anglais, allemand ou espagnol. Il existent des cas où d'autres langues sont utilisées.

Mais revenons à Eurodicautom. Maintenant il est, je crains, un  peu tard pour changer les interfaces, car Eurodicautom devra bientôt se dissoudre dans une base plus large reprenant celles de toutes les institutions européennes. Comme il est en phase de fermeture, on ne peut pas y toucher. Mais des discussions sur la future base sont en route en ce qui concerne les langues. Personnellement je pense que l'urgence est plutôt aux fichiers à lire, dont il faut disposer dans les vingt langues officielles. Mais qu'on
devrait analyser la possibilité de tout avoir multilingue. J'espère que les conclusions soient satisfaisantes pour tous.

Finalement je vous signale que l'unité de M. Paesmans a été fortement remaniée et que la nouvelle unité A-1 prend en charge les bases terminologiques.

Bien à vous,


Josep Bonet
Chef de l'Unité DGT-A-01
Traduction et outils multilingues
Bâtiment Jean Monnet JMO A2/101
L-2920 Luxembourg
Tél. : ++352 4301 34759
Fax : ++352 4301 34309

 

RÉPONSE  DE  M. ADAM  À  M. BONET-HERAS

 

 

Cher Monsieur Bonet-Heras,

 

Votre maîtrise du français est parfaite, et j'espère pouvoir un jour atteindre un niveau équivalent en espagnol.

 

Je vous remercie de votre aimable réponse et en prends bonne note. J'attends avec impatience le nouvel interface succédant à Eurodicautom et suis persuadé que les informaticiens de la Commission européenne trouveront le moyen de faire coexister plusieurs langues dans ce service.

 

Bien cordialement,

Adam Valency