De :  

M.  Paul MIEDAN-GROS
Pour le Bureau Air France

À :

M. Jean-Cyril  SPINETTA

Président d’AIR FRANCE

45, rue de Paris

95747  ROISSY CDG  CEDEX

 

 

 

Le 10 juin 2003

 

 


objet utilisation de la langue française

PJ : Circulaire du 14/2/03 relative à l’emploi de la langue française.



 

Lettre recommandée avec AR

 

 

 

 

Monsieur le Président,

 

 

 

Il y a quelques temps, nous avons attiré l’attention des représentants de la Direction sur une dérive constatée en matière d’utilisation de la langue française.

 

Vous n’êtes pas sans savoir qu’il est fait obligation à toute entreprise de droit français d’utiliser le français pour toute communication, information, instruction à fournir aux salariés. Si nécessaire, il est fait appel, en complément, à une autre langue. Cette obligation trouve ses fondements légaux dans la loi 94-665 du 04 août 1994 qui a été déclinée dans le Code du Travail par l’article 122-39. En outre, il est fait maintenant mention dans l’OPS 1 (art. 1.025), pour les Compagnies aériennes françaises, de la nécessité pour celles-ci de faire appliquer ce point.

 

Après quelques réunions avec le Directeur Général des Opérations Aériennes, un travail en profondeur devait être effectué par vos services pour faire un état des lieux et apporter les corrections nécessaires. Le premier résultat de cette action a été l’édition de la partie descriptive du manuel de vol A 330…en anglais ! (Heureusement depuis, ce manuel a été édité en français).

 

En pratique, rien n’a avancé sur le sujet. Pourtant les carences sont nombreuses. Nous pouvons notamment citer :

 

- Qualification de type des A340 et B777 avec support de formation et questionnaires en anglais (EAO),

- Manuel descriptif du B777 en anglais,

 

 

- « RC étapes » fourni dans le dossier de vol en anglais,

- Divers stages avec support documentaire en anglais 

(ex. : stages de connaissances pertinentes),

- Cartons de décollage B747 en anglais,

- Fiches de terrain en anglais.

 

Malheureusement cette liste n’est pas exhaustive et nous devrons faire ensemble un inventaire détaillé des carences ou non-conformités en la matière. De la même manière, il est remarquable et navrant de constater que différents documents édités en français par la compagnie sont truffés de termes anglais qui n’apportent rien à la compréhension de ceux-ci, bien au contraire.

 

Nous ne pouvons plus nous satisfaire de cette situation.

 

Nous précisons que nous ne prônons en aucun cas un monolinguisme français, mais bien un bilinguisme nécessaire dans le cadre de nos opérations internationales. (Nous sommes, au demeurant, demandeurs d’une action permettant d’améliorer le niveau général d’anglais de notre corporation).

Par contre, il est grand temps d’arrêter cette tendance au monolinguisme anglais. Outre son caractère illégal, l’utilisation de l’anglais apporte une charge de compréhension supplémentaire pour tout pilote dont le français est la langue maternelle.

Certains points techniques ou procéduraux peuvent être mal compris, sources de difficultés dans l’exercice de notre métier.

 

Il est d’ailleurs intéressant de noter que, dernièrement, notre Premier Ministre a donné des consignes fermes en la matière aux différentes administrations (voir document joint). Nous ne comprendrions donc pas qu’Air France ne donne pas l’exemple. La compagnie avait d’ailleurs « parrainé » l’un des derniers Festival de Cannes, en y soulignant son attachement à la Francophonie. Il ne peut donc y avoir une autre politique au sein même de notre entreprise.

 

Nous sommes persuadés que vous aurez à cœur de défendre notre langue. Nous souhaitons une démarche partenariale et rapide. Nous ne comprendrions pas qu’il ne soit pas mis un terme à cette situation, ce serait un gâchis de résoudre cela par la voie judiciaire, qui resterait alors pour nous l’une des seules voies de recours. Celle-ci est prête et beaucoup trop de temps s’étant écoulé, nous nous verrions obligés, en cas de réponse négative de votre part, de la démarrer.

Mais nous croyons en votre écoute, car nous vous savons attaché au respect de ces valeurs.

 

Dans l’attente d’une réponse que nous espérons favorable, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations distinguées.

 

 

 

 

  

Pour le Bureau Air France

Paul MIEDAN-GROS

 

PAS  DE  RÉPONSE  À  CE  JOUR.