De :

Courrier Sud                                                              

Association Francophone des Professionnels de l’Aéronautique

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31130 Balma

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À : Monsieur Dominique PERBEN,

      Ministre des Transports, de l’Équipement,

      du Tourisme et de la Mer   

      246, boulevard Saint-Germain

      75700 Paris

 

                                                Balma, le 20 mars 2007

 

 

Objet :

langue anglaise, langage de communication international dans l’aviation

et opinion de certaines organisations sur le sujet.

 

 

Monsieur le Ministre,

 

 Nous avons constaté un amalgame fréquent entre la langue anglaise et l’outil de communication mondial imposé par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (l’OACI). De nombreuses voix affirment en effet qu’une bonne connaissance de la langue anglaise de la part des pilotes et des contrôleurs aériens est indispensable pour la sécurité du transport aérien. En réalité personne, à notre connaissance, n’a jamais fait d’études sur les qualités supposées de la langue anglaise par rapport aux autres langues et encore moins par rapport à un langage construit. Si une bonne connaissance du moyen de communication imposé par l’OACI est en effet indispensable, il faut laisser à cette organisation la possibilité de recommander un outil de communication autre que la langue qui lui a été imposée à sa création, pour des raisons historiques, lors de la conférence de Chicago en novembre et décembre 1944. L’OACI, c’est son rôle, doit encourager la création de technologies améliorant la sécurité, l’efficacité, la rentabilité et l’égalité du transport aérien, et notamment dans les communications.

Or pour les communications, il y a des marges de progrès considérables dans tous les domaines par rapport à la langue anglaise.

La sécurité

La langue anglaise n’a été ni construite ni certifiée et est à l’origine de nombreux accidents dus à une mauvaise compréhension. Sa prononciation et son vocabulaire ne sont même pas définis, et varient d’un pays à l’autre. Elle comporte de nombreux homonymes, homophones et homographes, 12 sons vocaliques différents, un grand nombre de verbes irréguliers, différentes formes de pluriel et des expressions idiomatiques très variées qui font que des doutes ou des confusions nuisibles à la sécurité auront toujours lieu en langue anglaise.

L’économie

L’anglais, langue difficile, est très coûteux et long à enseigner. D’autant plus que pour avoir un niveau correct, l’enseignement doit débuter très jeune, à la totalité des enfants. L’outil de communication mondial devra être simple, tout en étant fiable et polyvalent. C’est à dire utilisable dans plusieurs domaines, avec un vocabulaire et une grammaire tels que son enseignement soit rapide et bon marché, et uniquement dédié aux personnes qui en auront besoin.

L’égalité

Malgré les efforts financiers et intellectuels considérables, les non anglophones n’atteindrons jamais le niveau d’anglais des anglophones. Ces derniers sont considérablement avantagés lors des négociations dans leur langue. Ils sont plus facilement embauchés que les autres dans de nombreux métiers. Les frais de formation, de traduction ou d’édition sont exclusivement supportés par les gouvernements, les salariés et les entreprises non anglophones.

De plus, une langue est, selon le dictionnaire, un système de signes verbaux propres à une communauté, à un groupe, à un individu. Or il n’est pas nécessaire que l’outil de communication soit rattaché à une communauté particulière. Bien au contraire, il ne devrait favoriser aucune communauté ou groupe grâce à une parfaite neutralité.

On voie bien que si la langue anglaise ne manque pas de défauts, aucune langue naturelle ne peut convenir pour jouer le rôle d’outil de communication international.

Un langage ayant des qualités spécifiées doit donc être construit.

L’Espéranto (l’un des scénarios envisagés par François GRIN dans son étude de juillet 2005 sur l’enseignement des langues étrangères comme politique publique, établi à la demande du Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole) peut être une solution ou être une base à partir de laquelle construire ce langage si des imperfections étaient présentes dans l’Espéranto.

En outre, les entreprises qui recrutent incitent les jeunes à apprendre l’anglais de plus en plus tôt, jusqu’à se rapprocher du bilinguisme. Le gouvernement est ainsi invité à enseigner à grands frais cette langue à tous, alors qu’elle sera inutile pour beaucoup. Ce qui, contrairement à la volonté de diversité culturelle affichée, aide la langue anglaise à devenir LA langue mondiale, vouant les autres à jouer le rôle de langues secondaires, voir pour beaucoup à disparaître. C’est pourquoi l’outil de communication international doit être suffisamment simple pour que le très bon niveau exigé par les entreprises puisse être acquis dans les toutes dernières années d’études par ceux qui en auront besoin. Il permettra ainsi de favoriser la diversité dans l’enseignement des langues naturelles.

Nous vous demandons donc, Monsieur le Ministre, d’évoquer ouvertement sur la scène française et internationale les défauts de la langue anglaise dans tous les domaines et son inaptitude à servir de langue internationale dans l’aviation. D’insister sur le besoin d’utiliser à la place un langage neutre et sûr construit dans ce but. Et de ne pas tenir compte des critiques qui ne manqueront pas de parvenir de la part des personnes, organisations ou gouvernements anglophones ou dominés par eux : compte tenu de leurs intérêts, ils n’ont pas le droit de soutenir la langue anglaise.

Dans cette attente et vous en remerciant par avance, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre haute considération.

 

 

Guillaume CIQUERA

Président de Courrier Sud