De :

M. Daniel De Poli

67- ILLKIRCH

FRANCE

daniel.depoli(chez)voila.fr

 

 

À : philippe.etienne@diplomatie.gouv.fr,

      marie-christine.vergiat@europarl.europa.eu,

      odile.quintin@ec.europa.eu,

      olga.cosmidou@europarl.europa.eu,

      quatremer@liberation.fr

 

                                    le 20 novembre 2009


 

 

Mesdames, Messieurs,

 

Je me permets de vous écrire, car je suis Français, membre de plusieurs associations de défense du français, et ai appris avec grand intérêt la tenue de la conférence intitulée :

« Le français dans les institutions européennes, un déclin inéluctable ? » :

http://51959387.fr.strato-hosting.eu/plurilinguisme/index.php?option=

com_content&task=view&id=2747&Itemid=48

Vu que je ne pourrai être présent à  cette conférence, je souhaiterais faire part de quelques réflexions concernant le français dans les institutions européennes.

Je pense tout d'abord qu'il n'y a pas lieu d'être pessimiste, car les évolutions géopolitiques à venir vont très certainement favoriser le français et desservir l'anglais :

 1) Tout d'abord, la prédominance de l'anglais dans les institutions européennes est tout à fait anormale, car ces dernières sont sises à  Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg, qui sont toutes trois des villes officiellement francophones. La langue de travail des différents agents, ainsi que celle de rédaction des documents devrait donc être principalement le français. Cette prédominance de l'anglais n'a pas lieu d'être, car cette langue n'est officielle ni à  Bruxelles, ni à  Strasbourg, ni à  Luxembourg (et le Royaume-Uni n'a même pas adopté l'euro !).

 2) Le Royaume-Uni, seule puissance anglophone d'Europe, va très certainement éclater dans les années qui viennent du fait de l'indépendance programmée de l'Écosse. Cet éclatement affaiblira très certainement l'anglais en Europe et aura des conséquences géopolitiques majeures. Entre autres, le siège de membre permanent à  l'O.N.U. du Royaume-Uni - réduit à  la petite Angleterre - sera très certainement remis en question. Voir la page suivante pour en savoir plus sur l'indépendance de l'Écosse :

http://www.taurillon.org/L-independance-de-l-Ecosse-L-heure

3) Parallèlement à  cet éclatement probable du Royaume-Uni, la Wallonie et Bruxelles ont de fortes chances d'être rattachées à  la France dans les années qui viennent. L'heure de vérité approche concernant l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (le fameux BHV) et un éclatement de la Belgique est une hypothèse de moins en moins fantaisiste. Ce rattachement augmenterait le poids géopolitique de la France et aurait fatalement des conséquences linguistiques à  Bruxelles. En effet, si la loi Toubon s'applique un jour à  Bruxelles, tous les documents de travail des institutions européennes devront légalement être rédigés en français (y compris les logiciels). Des entreprises ont été lourdement sanctionnées en France ces dernières années pour usage illégal de l'anglais : par exemple la société américaine GEMS, condamnée à  570 000 euros d'amende pour avoir refusé de traduire en français ses documents de travail :

    http://www.novethic.fr/novethic/entreprise/ressources_humaines/conditions_travail/general_

electric_medical_systems_condamne_en_francais/88938.jsp

De même pour les sociétés Europ-Assistance et Nextirone, condamnées pour avoir voulu imposer des logiciels en anglais sans traduction :

http://www.mef.qc.ca/nouveau_succes_entreprises_francais.htm

http://www.daily-bourse.fr/primaute-du-francais-dans-les-entreprises-francais-Feed-AFP080516175041.dkxxu5sl.php

Enfin, il faut bien avoir présent à  l'esprit que la France deviendra la première puissance économique et démographique de l'Europe dans quelques décennies. Selon un institut allemand, elle supplantera l'Allemagne sur le plan économique au plus tard en 2035, grâce à  sa croissance démographique. Cette enquête montre également que la population française devrait atteindre la barre des 78,9 millions d'habitants à  l'horizon 2050, alors que celle de l'Allemagne ne dépassera pas 71,4 millions d'habitants : 

http://www.geostrategique.net/viewtopic.php?t=4419&sid=6c2ee0949f9892776057678e6cd7bbe2

C'est cette différence de poids géopolitique qui avantagera le français à  terme. Entre une France première puissance économique et démographique de l'Europe et cinq petits pays anglophones éclatés dans les Îles britanniques, je suis convaincu que la balance linguistique penchera en faveur de la première. D'ailleurs, le recul de l'anglais a déjà  commencé : le journal Le Monde a annoncé ce mois-ci qu'il cessait de diffuser son supplément hebdomadaire en anglais, supplément qu'il diffusait depuis sept ans :

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/11/20/so-long-par-veronique-maurus_1269879_3232.html

Pour conclure, je pense qu'il n'y a aucune raison d'être pessimiste concernant le français dans les institutions européennes. Non seulement son déclin est parfaitement évitable et ne sera certainement à  terme plus qu'un mauvais souvenir, mais si le Royaume-Uni éclate, faisant ainsi disparaître la seule puissance anglophone d'Europe, ce sera le déclin de l'anglais qui sera inéluctable.

Bien à  vous

 

Daniel DE POLI

Courriel : daniel.depoli(chez)voila.fr