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M. Henri Masson

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Le 22 janvier 2008

              


 

Madame, Monsieur,

 

Pour le cas où vous ne connaîtriez pas un mot français pour "Mornings", dans l'expression « Les mornings du librea», j'attire votre attention sur le fait que vous pouvez le trouver sur http://dictionnaire.sensagent.com/morning/en-fr/

Cela dit, je vous signale que je vais informer les associations qui constituent l'Académie de la Carpette anglaise afin qu'elles envisagent de décerner ce « prix » non seulement à des personnalités qui ont fait preuve d'indignité civique, mais aussi à des société et des administrations. Dans le cas présent, l'usage d'un mot anglais était tout à fait injustifié. Il est connu que le singe imite l'homme. Manquez-vous à ce point d'imagination qu'il vous faille imiter l' « Américain » ? La lecture de « Décervelage à l'américaine » http://www.monde-diplomatique.fr/1999/08/SCHILLER/12381 , du professeur Herbert I. Schiller, ne vous serait pas inutile.

Je ne suis pas nationaliste, mais j'estime que nous sommes à une époque où il faut promouvoir un civisme planétaire. Et ce n'est pas en s'alignant servilement sur les « Américains » mal nommés,  et la langue qu'ils imposent au monde pour s'y sentir à l'aise*, que l'on fera progresser l'humanité en ce sens.

Lors d’un entretien publié dans « Le Nouveau Quotidien » (Lausanne, Suisse, 1.12.1992), le philosophe Michel Serres avait dit : « Actuellement, les savants, les publicistes, les journalistes parlent anglais. On voit sur les murs de Paris beaucoup plus de mots anglais qu’on ne voyait de mots allemands pendant l’Occupation. Tous les gens qui ont une quelconque responsabilité, dans mon pays, ne parlent plus ma langue. Par conséquent, j’appelle le français la « langue des pauvres ». Et je la soigne comme je soigne en général les idées que j’ai sur les pauvres. »


Un an plus tard, « L’Est Républicain » (26.12.1993) avait rapporté ces propos de lui : « Tout cela est notre faute, mais ça peut se réformer très vite. Il suffit que le peuple qui parle français se révolte contre ses décideurs. Moi, je suis du peuple, ma langue est celle des pauvres. J’invite les pauvres à se révolter contre ceux qui les obligent à ne rien comprendre ».

Je suis consterné qu'une entreprise comme la vôtre, une entreprise française, contribue ainsi à la pollution des esprits. Même chose pour le  slogan :

 

 

 

Le choix d'expressions équivalentes manque-t-il à ce point en français ? « Architecte d'un monde ouvert" ne serait-il pas mieux ?

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.



Henri Masson

 

 



Coauteur de « L'homme qui a défié Babel" avec René Centassi, ancien rédacteur en chef de l'AFP. Paru en première édition en 1995 chez Ramsay, en seconde édition en 2001 chez L'Harmattan simultanément avec sa traduction en espéranto. Publié en 2005 en coréen et espagnol, en février 2006 en lituanien, en octobre 2007 en tchèque.  Primé en 2002 par la Fondation Grabowski de l'UEA.  Consacré  « Livre de l’année 2005 recommandable à la jeunesse” par le monde coréen de l'édition. A été enregistré sur cassette par l'Association des Donneurs de Voix pour les déficients visuels. http://www.esperanto-sat.info/article1010.html / http://www.esperanto-sat.info/article1050.html

* "It is in the general interest of the United States to encourage the development of a world in which the fault lines separating nations are bridged by shared interests. And it is in the economic and political interests of the United States to ensure that if the world is moving toward a common language, it be English; that if the world is moving toward common telecommunications, safety, and quality standards, they be American; that if the world is becoming linked by television, radio, and music, the programming be American; and that if common values are being developed, they be values with which Americans are comfortable."
David Rothkopf :  "In praise of cultural imperialism ?", FOREIGN POLICY, SUMMER 1997