A.FR.AV
ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR
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M.
Loïck Le Floch-Prigent
PDG
de la S.N.C.F.
88,
rue Saint-Lazare
75436
Paris Cedex 09
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Objet : demande de l'application de la loi
n° 94-665 du 4 août 1994 sur le respect de la langue
française. |
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Manduel, le 14 juin 1996
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Monsieur le Président,
C’est en tant que militants pour la Francophonie et
défenseurs de la langue française que nous nous permettons de
vous adresser aujourd'hui cette lettre.
Considérant notre langue -- la langue française -- comme
l'élément premier de notre culture, de notre identité et de
notre pensée, nous sommes très affectés et très attristés de
la voir si malmenée aujourd'hui. Force est de constater que
l'anglais et le franglais viennent, tels des cancers ou des
sangsues, se greffer sur notre langue jusqu'à lui en aspirer sa
substantielle moelle, lui enlevant ainsi de son génie et de sa
clarté. Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas se rendre
compte de l'omniprésence quasi permanente de la langue anglaise
dans notre vie de tous les jours, que cela soit à la radio, à la
télévision, dans les journaux, au bureau, à l'atelier ou dans
la rue.
Comme si l'anglais dans le français ne suffisait pas à
l'infraction, il s'instaure désormais dans notre pays une
situation de bilinguisme. Rappelons-nous que le dernier
assujettissement de la France au bilinguisme, remonte après la
débâcle de 39, sous l'occupation allemande. Aujourd'hui il
semblerait que, du bilinguisme forcé, on soit passé au
bilinguisme complaisant, passif et inconscient.
La S.N.C.F. dont vous présidez actuellement la destinée
n'échappe pas, hélas, à la règle, le bilinguisme
français-anglais y est bien étable : billets de transport avec
notes en anglais, système Socrate de réservation en version
française ou anglaise et dans bon nombre de gares, voir photo
ci-jointe pour celle de Nîmes, l'anglais n'y est plus considéré
comme une langue étrangère, mais semble s'y installer comme la
seconde langue des Français !
Pour tenter d'empêcher ce suicide culturel, M. Jacques Toubon,
Ministre de la Culture et de la Francophonie dans les années 94,
a fait voter, à la même époque, une loi sur le français pour,
comble de paradoxe, l'imposer en France partout où il en avait
été chassé ou malmené. Cette loi, et notamment son article 4,
condamne le bilinguisme, en voici les termes exacts :
« Lorsque des traductions ou annonces..., apposées ou
faites par des personnes morales de droit public ou des personnes
privées exerçant une mission de service public font l'objet de
traductions, celles-ci sont au moins au nombre de deux. »
Moralité, il ne doit plus y avoir de bilinguisme
français-anglais à la S.N.C.F., mais des inscriptions
multilingues lorsqu'il y a traduction en langues étrangères.
Vous trouverez ci-joint l'avis de M. Toubon qui dit clairement
que la S.N.C.F., avec ses inscriptions français-anglais, est désormais
hors-la-loi.
En espérant que vous daignerez user de votre autorité pour
faire avancer les choses afin que la S.N.C.F. prenne en compte la
nouvelle réglementation linguistique de ce pays, et en vous
remerciant de votre attention, nous vous prions, Monsieur le
Président, d'agréer nos plus profondes civilités.
Régis
Ravat
Président
de l'A.FR.AV.