A.FR.AV.

Association FRancophonie AVenir

 

 

De :  

M. Régis RAVAT

Président de l'A.FR.AV.

Parc Louis Riel

2811, chemin de Saint-Paul

30129 Manduel

 

 

À : D.G.L.F.
      Monsieur Bernard Cerquiglini,
      Délégué général
      6, rue des Pyramides
      75001 Paris

 

 

Manduel, le 10 février 2003

 

 

Monsieur le Délégué,

 

À la fin du mois de novembre, vous présidiez à Béziers une journée d'études organisée par le ministère de la Culture et de la Communication, une journée d'études dont le thème était « la promotion d'une langue interrégionale : l'occitan. »

Par le biais de divers échos qui ont été rendus de votre prestation ce jour-là, nous avons constaté toute l'importance que vous portiez à la défense et à la promotion des langues régionales.

Faut-il le dire, cela nous a heurté, heurté, car aussi belles que puissent être nos langues régionales, il n'en demeure pas moins que la priorité des priorités, en ces temps de forte anglicisation (voir notre tract ci-joint), c'est la défense et la promotion de notre langue nationale, langue de la République, langue non-ethnique, langue de la Francophonie, langue internationale.

Viendrait-il à l'idée à un chirurgien, devant un grand accidenté, d'intervenir d'abord sur les bras ou sur les jambes, tandis que le cœur du blessé lui-même menace de s'arrêter ?

En intervenant sur les langues régionales, vous êtes le chirurgien qui préfère soigner les jambes ou les bras, laissant de côté l'essentiel : le cœur, c'est-à-dire notre langue nationale, le français.

- Vous parliez de défolkloriser la langue occitane, que voulez-vous en faire alors ?

- Une langue nationale ?

Par contre, que faites-vous pour empêcher que ne se folklorise la langue française dans les grandes instances internationales , à l'ONU, , à Bruxelles au sein de la Commission, etc.?

Que comptez-vous faire au juste pour que la langue des Américains ne devienne pas la langue de   l'Europe ?

- Vous voulez aider l'occitan à se moderniser, à créer des mots pour qu'il se mette à l'heure de l'Internet, mais que faites-vous pour que le français soit respecté sur l'Internet, pour que les sites du Service public, notamment, cessent leur bilinguisme illicite français/anglais ; pour que, par exemple, les Français adoptent le mot “COURRIEL” qui pourrait remplacer si justement l'affreux anglicisme “e-mail” que l'on voit partout, même à la Poste ?

- Vous parlez de créer une radio en langue occitane, mais ne serait-il pas plus urgent d'en créer une qui respecte la langue française pour remplacer celles qui anglicisent notre jeunesse telles les NRJ (avec ses “Only music”, ses “Awards music”), les Sky Rock, les Fun Radio et compagnie ?
- Vous voulez demander à France3 de faire des films en occitan, avez-vous demander à Besson, Annaud, Polansky, Costa-Gravas d'arrêter de faire leurs films “français” en anglais ?

- Vous voulez encourager publication en occitan, la  mais que faites-vous pour que nos savants et nos chercheurs aient une grande revue scientifique internationale en langue française digne de ce nom où ils pourraient publier enfin en français ? Est-il normal, qu'au lieu de cela, ils soient obligés de rendre leurs travaux en anglais pour le plus grand profit des Américains d'ailleurs, qui, à l'image de l'affaire Montagner/Gallo, en profitent pour nous voler nos brevets.

- Vous parliez aussi de devoir repenser l'aide publique, dont bénéficient les Occitanistes, mais pour nous Occitans francophones, militants pour la langue française, langue de la République qui unit tous les Français quelles que soient leurs origines ethniques, linguistiques ou régionales, militants pour la Francophonie, solidaire et fraternelle, que comptez-vous donner ?
Il est vrai : nous ne vous avons rien demandé jusqu'à présent, mais, vu la grande générosité que vous semblez montrer à l'égard de ceux qui veulent ré-injecter dans nos vies les idiomes régionaux, tel celui du comte de Toulouse pour la région Sud, nous pensons que nous, qui défendons l'idiome de la République, l'idiome qui a contribué à libérer nos ancêtres du joug féodal, méritons quelques deniers de l'État.
Recevez donc, ci-joint, une demande d'aide pour l'année 2003, une demande d'aide de 3121,12 euros (20473,21 francs) : une goutte d'eau dans votre budget, un océan pour le nôtre.

En vous remerciant de votre attention, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de ma meilleure considération.

 

Régis Ravat

Occitan francophone,
Président de l'A.FR.AV.


 

 

Demande d'aide publique pour l'année 2003
pour l'Association FRancophonie AVenir (A.FR.AV.)

adressée à M. Bernard Cerquiglini,
Délégué général à la langue française (D.G.L.F.)

 

Hébergement de notre site et nom de Domaine  chez Espace 2001. 
(www.francophonie-av.com)

 

 

93,24 euros par an

( 611,61 francs par an)

Fournisseur d'accès à l'inter-réseau
et adresses électroniques :

Courriels de l'A.FR.AV. :

afrav@tiscali.fr

fraterniphonie@tiscali.fr

francophonie@tiscali.fr

dossiers.ass@tiscali.fr

contact.sy@tiscali.fr

louis.riel@tiscali.fr

299,88 euros par an

(1967,08 francs par an)

Photocopies pour le journal FRATERNIPHONIE,
journal de l'association.
1200 journaux de 12 pages, par trimestre, soit 
57600 photocopies par an. 
À 0,03 euro la photocopie, cela fait :

1728,00 euros par an

(11334,94 francs par an)

 

Éditions de tracts, autocollants, affichettes
(voir notre site à la rubrique “Nos armes” dans l'A.FRA.V en action). 
Forfait arrondi à : 

1000,00 euros par an

(6559,57 francs par an)

TOTAL DE L'AIDE DEMANDÉE : 

3121,12 euros
(20473,21 francs)

Avec nos meilleures salutations.  

                                                                                                               Le Président, Régis Ravat
                                                                                                               La Trésorière, Sylvie Costeraste

 

 

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RÉPONSE  DE  M. CERQUIGLINI


 

 

 

 

 

 

Monsieur Régis RAVAT
A.FR.AV
Parc Louis Riel
2811, chemin de Saint-Paul
30129 MANDUEL

                                       

          Délégation

       générale à la 

  langue française

     et aux langues

            de France

 

 

 

 

Paris, le 24 AVR. 2003

        Le délégué

 

                 Michel Alessio

 

                01.40.15.36.62.

      MA/mam/n°3411-372

 

          6,rue des Pyramides

          75001 Paris France

 

 Téléphone 01 40 15 73 00

  Télécopie 01 40 15 36 76

          dglf@culture.gouv.fr

 


Monsieur le Président,

 

Vous avez bien voulu me communiquer vos réactions à la politique linguistique menée sous ma responsabilité au ministère de la culture.

Je souhaite d'emblée rappeler un principe propre à écarter bien des malentendus : la diversité des langues est la forme première de la diversité culturelle et, comme l'a affirmé avec force le Président de la République, elle est souhaitable et doit être préservée.

Il en découle que dans notre pays le français ne doit pas s'imposer sur la ruine des autres langues, mais dans le respect de leur diversité : les intérêts bien compris de la langue nationale amènent à encourager la promotion des langues régionales ou minoritaires, comme celle des «langues partenaires» au sein de la Francophonie internationale. L'encouragement au plurilinguisme est le fil directeur de notre action.

Conscient des dangers d'une langue unique quand il s'agit de l'anglais, vous souhaitez à juste titre l'élargissement de l'offre d'allemand, d'italien ou de portugais à l'école j'ajouterais que, la diversité ne s'arrêtant pas aux langues étrangères, on doit se féliciter, dès lors qu'elle répond à une demande démocratiquement exprimée, que cette offre porte également sur d'autres langues comme l'occitan, qui, loin de menacer l'unité nationale, sont porteuses de culture et de valeurs qui font la richesse et la créativité de notre pays.

En réponse aux questions précises que vous m'adressez, je vous fais parvenir le rapport au Parlement établi par mes services sur l'emploi de la langue française. Vous y verrez l'importance des moyens mis en œuvre par la France pour renforcer le plurilinguisme et la place de notre langue dans les institutions internationales.

Dans le domaine essentiel des publications scientifiques, la délégation générale à la langue française et aux langues de France, s'appuyant sur l'expertise de l'Académie des sciences, apporte son aide à la création et au développement de revues de synthèse en physique, chimie, mathématiques, informatique, sciences de la vie, etc. L'intérêt des éditeurs pour ce programme se confirme chaque année. Elle subventionne également l'interprétation en français dans les colloques scientifiques internationaux qui se déroulent en France. D'autres dispositifs publics contribuent à la diffusion de la pensée scientifique en langue française : le Centre national du livre aide à la publication de revues, le fonds d'aide à l'expansion de la presse française à l'étranger permet de soutenir la diffusion de publications scientifiques dans de nombreux pays et le ministère des affaires étrangères prend en charge des abonnements au profit de bibliothèques.

Pour ce qui est de la modernisation de la langue, le travail des diverses commissions ministérielles de terminologie produit plusieurs centaines de mots nouveaux par an. Ainsi, parmi d'autres, le mot «courriel » que vous citez, approuvé par l'Académie française, sera incessamment publié au Journal officiel. Mes services se préoccupent aussi de contenus, en veillant notamment à étendre l'emploi du français sur l'internet, ou à ce que les caractères français particuliers (lettres à accents et autres signes diacritiques) soient utilisés.

Comme vous le voyez, le français est bien au cœur d'une politique linguistique qui, en faisant aussi leur place légitime aux autres langues des Français, se veut ouverte et équilibrée pour aborder dans les meilleures conditions la complexité du monde moderne.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, mes salutations distinguées.

 

Le délégué général
P. J. Rapport au Parlement sur l'emploi de la langue française



RÉACTION  DE  M. DANIEL  DE  POLI

 

Date :

 

12/05/2003 

De :  

Daniel.De Poli  

À :  

Bernard.Cerquiglini

 

 

Monsieur le Délégué général,

 

En tant qu'ardent défenseur de la langue française, j'ai lu avec grand intérêt votre réponse à l'A.FR.AV, disponible à la page suivante : http://www.francophonie-av.com/Info%20lettre%20cerqui.htm

Je souhaitais juste commenter certains points :

>(...) la diversité des langues est la forme première de la diversité culturelle et, comme l'a affirmé avec force le Président de la République, elle est souhaitable et doit être préservée.

Ce que vous écrivez là tient plus du vœu pieux que de la réalité. Les « langues de France », qui sont en fait nos patois, sont en phase terminale d'extinction. Et je sais de quoi je parle car je vis en Alsace, dans la région qui est censée avoir la « langue régionale » la plus parlée et la plus dynamique de France. Or que constate-t-on ?

Tout d'abord que « l'alsacien » n'est qu'une vue de l'esprit car l'émiettement dialectal est très fort en Alsace (on pourrait dire la même chose du « breton » ou du « corse »). Ensuite, que les parlers alsaciens sont en chute libre et, d'après une revue sur le bilinguisme, auront totalement disparu en 2025. Les autres patois et dialectes de France sont certainement à un stade encore plus avancé d'extinction. Dans ce cas, à quoi bon une politique linguistique pour ces parlers ? Pour toute personne connaissant la sociolinguistique, il est évident que les conditions politiques ne se pas réunies en France pour que les patois survivent. Toute la jeunesse alsacienne, corse ou bretonne s'est assimilée au français et seules les personnes d'un certain âge continuent encore à parler les patois quotidiennement. Dans ces conditions, il me paraît absurde de continuer à gaspiller des fonds publics pour des parlers en voie de disparition totale. Cet argent devrait plutôt être orienté vers la défense de la langue française, qui en a bien besoin et qui est la seule langue qui fasse vraiment contrepoids à l'anglais dans les organisations internationales.

>Il en découle que dans notre pays le français ne doit pas s'imposer sur la ruine des autres langues,

Je crois que l'action que vous voulez entreprendre est bien trop tardive. Il fallait agir en 1850.

> (...) les intérêts bien compris de la langue nationale amènent à encourager la promotion des langues régionales ou minoritaires, comme celle des «langues partenaires» au sein de la Francophonie internationale.

Ces phrases relèvent du discours bien-pensant et n'ont aucune prise sur la réalité. Comment voulez-vous encourager la promotion des patois alors que le français est omniprésent et omnipotent et que l'assimilation au français est quasiment arrivée à son stade terminal ? Votre discours est en décalage total avec la réalité. Dans les rues des villes alsaciennes, on n'entend pratiquement plus parler que le français.

Un autre exemple très parlant prouve que votre politique sera de toute façon inefficace : le cas du Val d'Aoste. Je suis allé cet été au Val d'Aoste, en Italie, région où il y a deux langues officielles : l'italien et le français. Ce dernier, considéré là-bas comme une langue régionale, a un statut extrêmement fort (langue officielle), très supérieur à celui de nos parlers régionaux.

Beaucoup d'indications sont bilingues (noms de rue, signalisation routière, etc.). Eh bien, malgré cela, personne ne communique en français dans les rues d'Aoste ! Alors que le français a un statut on ne peut plus fort et qu'il est obligatoirement appris à l'école, il n'est plus du tout parlé par les gens, qui sont tous passés à l'italien. Cela n'est qu'un exemple, mais il y en aurait beaucoup d'autres. En fait, il est extrêmement difficile de faire cohabiter deux langues à long terme sur le même territoire sans qu'il y ait assimilation de l'une par l'autre. Pour que les parlers régionaux de France puissent revivre, il faudrait faire comme en Catalogne : s'attaquer vigoureusement à la langue nationale (là-bas, le castillan). Les Français sont-ils prêts à s'attaquer à la prédominance de leur langue nationale pour faire revivre les patois ? Rien n'est moins sûr.

Enfin, concernant la langue française, beaucoup de travail reste à faire, comme le montrent les questions suivantes :

- Quand va enfin cesser l'unilinguisme anglais scandaleux de nombreux sites d'organismes européens officiels ?
 

http://www.eea.eu.int/

http://gats-info.eu.int/

http://eif.eu.int/

http://www.eeb.org/

http://www.claiu.org

http://www.emea.eu.int/

http://www.cenorm.be/

http://www.cedefop.eu.int

http://www.iue.it/

http://www.etf.eu.int/

http://www.jrc.it/

http://europa.eu.int/comm/dgs/justice_home/index_en.htm

http://europa.eu.int/comm/dgs/economy_finance/index_en.htm

http://europa.eu.int/comm/external_relations/index.htm

http://www.eurofinas.org/

http://www.eadp.be/

http://www.cenelec.be/

http://www.colipa.com/

 

- Quand va enfin cesser le bilinguisme illicite français/anglais de nombreux services publics français ?
 

http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/

http://www.ifn.asso.fr

http://www.injep.fr/

http://www.greffe-tc-paris.fr/

http://www.polytechnicum.org/

http://solcidsp.upmf-grenoble.fr/oip/oip_home.htm

http://www.ofce.sciences-po.fr/

http://www.cetih.fr/

http://www.cefres.cz/

http://www.cea.fr/

https://selectra.info/actualite/acteurs/IAURIF

http://www.inrs.fr

http://www.afnor.fr/

http://www.anvar.fr/

http://www.afd.fr/

http://www.insee.fr/fr/home/home_page.asp

http://www.inria.fr/

http://www.cnrs.fr/

http://www.ina.fr/

http://www.bnf.fr/

http://www.ineris.fr/

 

- Quand va-t-on enfin sanctionner les organismes qui bafouent la loi Toubon ? (Entre autres, les publicités unilingues anglaises continuent à fleurir et on ne daigne traduire en français qu'en minuscule et sur le côté alors que la loi Toubon impose que l'inscription en français soit aussi visible que celle en langue étrangère).

Pour conclure, je déplore l'extension des missions de la DGLF aux « langues de France » , qui sont pour la plupart des langues artificielles. Cette extension me semble pour le moins déplacée, car la mission principale, la défense de la langue française, est loin d'être remplie convenablement. Preuve en est les violations de la loi Toubon qui ne sont même pas sanctionnées.

En vous souhaitant bonne réception du présent courriel, je vous prie d'agréer, Monsieur le Délégué général, mes salutations distinguées.

 

Daniel DE POLI

 


RÉPONSE  DE  M. CERQUIGLINI 

À  M. DE  POLI

 

Bonjour,

 

Vous trouverez ci-après la réponse de M. Cerquiglini à mon long message concernant sa politique linguistique. Comme vous le constaterez, sa réponse tient en une ligne et ne contredit en rien mes arguments.

 

De : M. Bernard CERQUIGLINI   (bernard.cerquiglini@culture.gouv.fr)

À : M. Daniel de Poli  (daniel.depoli@voila.fr)

Date :  13 mai 2003 

Objet : Réaction concernant la réponse à l'A.FR.AV

 

Merci, cher Monsieur, pour vos remarques que j'ai lues avec beaucoup d'intérêt.

 

Cordialement,

B. Cerquiglini

____________

Bernard Cerquiglini
Délégué général à la langue française et aux langues de France
Ministère de la Culture et de la Communication
6, rue des Pyramides 75001 Paris
tél. : 01 40 15 36 70 - tlcp. : 01 40 15 36 76
_____________________

 


RÉPONSE  DE  M. RAVAT 

À  M. CERQUIGLINI

 

A.FR.AV.

 

Association FRancophonie AVenir

 

 

De : 

M. Régis RAVAT

 

Président de l'A.FR.AV.

Parc Louis Riel

2811, chemin de Saint-Paul

30129 Manduel

 

  À : 

 

Délégation Générale à la Langue Française

Monsieur le Délégué,

Monsieur Bernard Cerquiglini,

6, rue des la Pyramides

75001 Paris

 

 

                                      Manduel, le 24 juin 2003


  Objet : Pour une politique volontariste forte en faveur de la langue française.


Monsieur le Délégué général, 

 

J'ai pris bonne note de votre lettre du 24 avril 2003, lettre qui faisait réponse à la mienne du 10 février 2003.

Je constate, hélas, que vos réponses sont loin d'atténuer les craintes que j'ai pour la langue française et que votre politique en faveur de la langue française est loin d'être volontariste, battante et rayonnante. Chacun des paragraphes de votre lettre peut être aisément contredit.

Ainsi, dans le deuxième paragraphe, vous dites que la diversité des langues est la forme première de la diversité culturelle. Bien évidemment, je suis tout à fait d'accord avec vous sur ce point, mais n'est-ce pas plutôt aux angliciseurs à qui il faudrait dire cela ? Récemment, j'ai écouté le concours de l'Eurovision et je n'y ai guère vu de traces de diversités culturelles : tout le monde, ou presque, chantait en anglais, même la Pologne et la Roumanie, pourtant tous les deux membres de la Francophonie. Où est la diversité des langues et des cultures là-dedans, et où se situent votre action, et celle du Président, pour la diversité culturelle, dans cet exemple précis ?

Dans le troisième paragraphe, vous dites que le français ne doit pas s'imposer sur la ruine des autres langues. Là, je crois que vous êtes en retard d'une bonne douzaine de guerres, car le français a commencé à s'imposer dès 1539 sous François 1er (Ordonnance de Villers-Cotterêts), puis fut déclaré langue de la République par la Constituante de 1793 et rendu obligatoire par l'enseignement sous Jules Ferry. De plus, s'il ne fallait rien construire sur les ruines, Nîmes n'aurait pas ses fameuses Arènes, puisque les Arènes de Nîmes ont été construites sur d'anciennes ruines ; et il en est du cas des Arènes de Nîmes comme de bien d'autres. L'essentiel, je crois, ce n'est pas tant de construire sur des ruines, mais c'est d'éviter de devenir une ruine. Et nous, à l'A.FR.AV, nous ne voulons pas que le français devienne une ruine, sur laquelle viendrait s'installer l'anglais.

Dans le quatrième paragraphe, vous mettez dans le même sac l'allemand, l'italien, le portugais avec l'occitan. A priori, vous ne faites donc pas la différence entre langue nationale et langue régionale, c'est-à-dire entre langue de citoyenneté et langue ethnique. Ce manque de discernement me paraît dangereux pour le poste que vous occupez. De plus, en quel honneur la langue du Sud de la France serait l'occitan. L'occitan est comme le français, c'est une langue de colonisation issue de l'invasion romaine. À Nîmes, avant la colonisation romaine, mes ancêtres parlaient le volque-arécomique, sorte de dialecte gaulois satiné de ligure, et bien avant, ils parlaient le langage des pierres dans les grottes du Gardon. Et si moi, Régionaliste de Nîmes, je réclamais, au nom de mes ancêtres, que l'on apprenne le langage des pierres à mes enfants en disant non à l'impérialisme de l'occitan de Toulouse - car en fait, c'est celui qu'on apprend à Nîmes ! - ? Ne serait-ce pas là un vrai retour aux sources, totalement dénué de toute hégémonie, celui-là ?

Dans le cinquième paragraphe, vous parlez de mise en place d'une politique pour renforcer le plurilinguisme. Pourtant, à voir la plupart des sites publics français de l'inter-réseau , je me dis que c'est plutôt le bilinguisme français-anglais (pourtant illicite) que vous favorisez et que, de plus, vous fermez les yeux sur les sites unilingues anglais de la Commission de Bruxelles pourtant tous hors la loi, eux aussi. Quant à la place de notre langue dans les institutions internationales, il faudrait peut-être d'abord exiger que nos diplomates s'expriment en français lorsqu'ils nous représentent à l'étranger. Que dire en cela de l'ambassadeur de France à l'ONU, M. Jean Rochereau de la Sablière, qui s'est exprimé en anglais devant la presse internationale, au début du mois de mai, pour dire que la France était d'accord pour la levée de l'embargo sur l'Irak ?

Dans le sixième paragraphe, vous me faites part que dans le domaine essentiel des publications scientifiques, vous apportez une aide à la création et au développement de revues de SYNTHÈSES. De “Synthèses ?” - Autrement dit, les Francophones doivent se contenter de RÉSUMÉS, tandis que les anglophones ont droit, eux, aux articles en entier. Quelle honte et quelle petitesse de raisonner ainsi ! La France et sa langue sont vraiment tombées bien bas avec une telle politique. Non, Monsieur, il ne nous faut pas des revues de “synthèses” résumant les prestigieuses revues anglophones, il nous faut des revues prestigieuses en français capables de rivaliser avec “Science”, “Nature” et Cie.
Ensuite, toujours dans ce même paragraphe, j'apprends que vous subventionnez l'interprétation en français de colloques scientifiques internationaux se déroulant en France. Mais que faites-vous lorsque le français y est carrément interdit (voir document ci-joint, où il est question d'un colloque en anglais, organisé par le CNRS, à l'École Normale supérieure - affaire traitée par M. Marceau Déchamps des associations Droit De Comprendre et DLF) et il serait bon de savoir dans la foulée, si les Américains subventionnent l'interprétation en anglais des colloques scientifiques internationaux qui se déroulent chez eux. (Ça m'étonnerait !)

Dans le septième paragraphe, vous me faites part qu'enfin le mot “courriel” va être approuvé par l'Académie française. Soit, c'est une bonne nouvelle, mais là encore, vous avez été trop long à réagir, au moins cinq ans de retard. Dans cette affaire, comme dans d'autres, on a l'impression que vous attendez que le mot anglais s'encre bien dans le cerveau des Français pour enfin intervenir. Ainsi, certaines personnes diront “courriel”, mais la majorité, l'habitude étant prise, dira “e-mail”. Il y aura en quelque sorte un bilinguisme de fait, langue nationale/langue d'invasion, comme cela se passe dans les pays colonisés.

Pour conclure, je dirais que contrairement à ce que vous dites, le français n'est pas au cœur de la politique linguistique de la France, je me demande même s'il y a encore une politique linguistique pour notre langue en France.

Je me rends compte aussi que vous n'avez pas répondu à ma demande de subvention : notre association ne répond pas, somme toute, aux critères qui vous sont dictés par les directives européennes en la matière, c'est-à-dire favoriser les dialectes régionaux sur la langue nationale, les régions sur la Nation.

Mais je vous rassure, cela n'est pas grave, je n'aurai pas à vous dire merci, et en soit, c'est déjà un contentement.

En espérant - je crois au miracle - qu'il y aura un jour dans notre pays une réelle politique linguistique en faveur de la langue française et de la Francophonie, je vous prie d'accepter, Monsieur le Délégué général, mes salutations distinguées.

 

Régis Ravat,

Président de l'A.FR.AV.

 

 

 

PAS  DE  RÉPONSE  À  CE  JOUR.