Vous
admirez nos sœurs pour haïr nos couvents,
Vous
détestez nos séminaires
Autant
que nos missionnaires.
Et
moi je vous ai vu rire de nos savants.
Vous
détestez tous ceux qui, dans le sacerdoce,
Combattent
vaillamment les effets du poison
Que
vous donnez à grosse dose
En
mettant, dans chaque maison,
Cette
soif de l'argent et de la jouissance
Qui
fait tomber le corps en dégénérescence
Et
qui fait aussi perdre à l'esprit sa raison.
J'ai
voulu consacrer plusieurs de mes journées
À
sonder, comme il faut, quelques intentions
Vous
avez, en faisant vos fréquentes tournées
Aux
belles institutions
Du
Canada français. Visiteurs à maudire,
Vous
y venez toujours pour trouver à redire.
La
plupart d'entre vous, vous vous souciez peu
D'être
même polis. Vous entrez l'œil en feu,
Vous
partez sans laisser le moindre bon sourire,
Car
vous ne savez pas aimer.
Lorsque
vous me croyiez pris de folie extrême,
Mes
oreilles cent fois vous ont ouï blâmer
Les
établissements de la charité même.
Quand
vous vous croyez seul, votre bonheur suprême
Est
de nous mépriser et de nous diffamer.
Dans
le Bas-Canada, la classe gouvernante
Dit
généralement qu'elle est fière et contente
D'obéir
à l'Anglais ; qu'il est pour nous, courtois
Et
bon de nous laisser faire nos propres lois.
Mais
croit-on que l'Anglais fera jamais outrage
Aux
Canadiens français qui font bien son ouvrage,
L'Anglais
est égoïste et plein d'ambition,
Il
faut pour agents des âmes aussi viles
Qu'habiles.
Aussi,
s'applique-t-il, dans notre nation,
À
gagner les plus forts d'entre les plus serviles.