Camille : « Le langage fait partie de mon histoire »
Intrevue : Trois ans après Le fil, Camille sort Music Hole
(Photo : DR)
Il y a eu Le sac des filles en 2002, puis Le fil en 2005, voici maintenant Music Hole. Trois ans après l’album qui la révéla au grand public (Prix Constantin, deux victoires de la musique et plus de 500 000 ventes), Camille revient avec un disque surprenant. Remarquée, la sortie de ce troisième album le sera pour plusieurs raisons : il est en anglais, il mêle les arts, joue avec l’environnement et accueille des invités de marque comme Jamie Cullum et Sly The Mic Buddah du Saïan Supa Crew. Rencontre dans un troquet de banlieue parisienne, à deux pas de la salle où elle répète.
Pourquoi l’anglais ?
J’espère que le public écoutera ce disque sans
se formaliser sur le choix de la langue. Pour
moi, Music hole est un travail d’exploration de
moi-même. Le langage fait partie de mon
histoire. Pour tous ceux qui sont multilingues,
il y a des enjeux à changer de langue. L’anglais
est lié à une tradition musicale et il inspire
des mélodies qui sont différentes de celles que
peut inspirer le français. Ça m’a donné
l’occasion d’explorer des rythmes, des
articulations dans des chansons pop.
Redoutez-vous les critiques de votre public
quant au choix de cette langue ?
Les langues n’appartiennent à personne. Le
public a le droit de s’exprimer, de me
critiquer, de préférer mes textes en français.
Mais ma liberté d’artiste est de faire ce que
j’ai envie de faire. Je parle l’anglais
couramment, pourquoi ne pas en profiter.
Au niveau de la voix, est-ce plus facile ?
Non, c’est différent, plus ouvert. C’est une
langue qui donne plus de place aux voyelles. Le
français à d’autres forces, il plus intime, dans
le sens de la conversation, du débat, du langage
érotique, du badinage…
Les récompenses que vous avez obtenues pour
Le fil vous ont-elle changée ?
Chaque seconde de ma vie me change. Le succès,
les prix et les concerts m’ont changés. Je suis
plus ouverte, plus mûre, je prends plus de
recul.
Quand on a vendu autant d’albums, la barre
est haute…
Si j’en vends moins, ça n’a pas d’importance.
L’humain a besoin de musique, en tous cas, moi
j’en ai besoin. Si je peux en vivre, c’est le
principal. J’espère en vivre toute ma vie et
pouvoir faire des concerts le plus longtemps
possible.
Music Hole, d’où vient ce titre ?
C’est une bonne question. Je ne sais pas comment
il est venu (rires) mais je trouve qu’il est
bien. Jeu de mots, en référence au music hall
français, allemand, anglais. Mélange de chant,
de danse, et de comédie. Le hole, trou en
anglais, c’est ici celui de l’origine, de la
bouche, le trou autour duquel on se rassemble.
Les animaux, les matières, où êtes-vous allée
chercher tout ça ?
On a enregistré ça dans une porcherie (rires).
Pas de cadre particulier, on a fait ça chez moi.
C’est vrai, il y a des moments où on avait
l’impression d’être dans une cour de maternelle.
On touchait à tout, on essayait des trucs, on
s’amusait avec la matière, les objets. Sur cet
album, tous les bruits étaient bons à prendre :
de l’eau, des pièces de monnaie, du bois, du
sable, des feuilles…
Comment se passent les répétitions pour la
tournée ?
Bien…mais je ne sais pas très bien à quoi vont
ressembler les concerts. Sur scène, j’aurai un
looper, une interface qui permet de multiplier
la voix. Et je serai entourée de sept
personnes : deux percussionnistes corporels,
deux beat-boxers, deux choristes féminines et un
pianiste.
Techniquement, y a-t-ils des choses que vous
n’arrivez pas à faire avec votre voix ?
J’ai une tessiture de voix, je ne peux pas aller
en dessous d’une certaine note, je peux monter
très haut. Mes mélodies correspondent à ma voix.
Plus je peux aller loin dans ma voix, plus mes
compositions s’enrichissent.
Vous avez de nombreux invités sur ce disque.
Tous ne pourront être là pour les concerts…
Sly sera sur scène, Magiker aussi. Les autres,
ça va être un peu plus compliqué. Jamie Cullum,
j’espère qu’il viendra sur une date, idem pour
les Barbatuques….Pour les animaux, le public
sera le bienvenu pour faire la basse-cour.
En concert du 16 au 19 avril au Printemps de Bourges, du 23 au 28 mai à la Cigale. La tournée se prolonge ensuite avec différents festivals cet été et devrait s'achever le 25 novembre au Zénith de Paris.
Aurélie Sarrot
aurelie.sarrot@publications-metro.fr
Source : Metrofrance.com, le 6 avril 2008
http://www.metrofrance.com/x/metro/2008/04/06/nFyqeUey9cgok/index.xml
Chanter en anglais, y en a marre ! À l'heure où l'on parle tant de protéger la diversité, de respecter les identités, de promouvoir les langues régionales, cette mode du tout anglais paraît vraiment comme un non sens. Même au concours de l'Eurovision, cette année, nous serons représentés par un sbire qui chantera en anglais. quelle déchéance !
A-t-on vu des chanteurs anglais ou américains faire des albums en français ? Non ! Alors pourquoi nous, nous leur ferions la politesse et l'honneur de chanter dans leur langue ? En fait, nous sommes devenus un peuple de colonisés, tout juste bons à manifester pour le Tibet libre (et encore en disant "Free Tibet"), tandis que nous laissons nos enfants à l'école s'aliéner à l'anglais dès la maternelle.
Ariba la revolucion !