Le fameux exemple du plurilinguisme suisse prend encore du plomb dans l'aile ... Une seule réaction de résistance citée dans l'article (à la fin)

AK

 

Les fonctionnaires priés de se mettre à l’anglais

 Deux chercheurs estiment que les administrations doivent s’adapter à leur clientèle étrangère.

© Florian Cella | Accueil au Palais fédéral. Depuis 2002, le site de la Confédération existe en anglais. Alors que Genève et Vaud ont déjà traduit nombre d’informations dans des sites destinés aux anglophones.

Les administrations suisses doivent se mettre à l’anglais. Tel est l’avis de deux juristes, auteurs d’une étude du Fonds national suisse de la recherche scientifique. Leur thèse : pour assurer l’égalité des chances, inscrite dans la nouvelle Loi sur les étrangers, les administrations publiques doivent apprendre à mieux communiquer avec les non-Suisses. Pour ce faire, l’anglais pourrait devenir « une langue officielle partielle », conclut l’étude.

Nombre d’administrations pratiquent déjà la langue de Shakespeare. Depuis 2002, le site de la Confédération existe en anglais. Genève et Vaud ont déjà traduit nombre d’informations dans des sites destinés aux anglophones. Mais on pourrait aller plus loin: alarme en cas de catastrophe, campagne de prévention contre le sida, etc.

« Je n’attends pas que tout le personnel des administrations parle anglais. Mais il y a des efforts à faire là où c’est vraiment utile, comme au Contrôle des habitants », explique Alberto Achermann, un des auteurs de l’étude. En faisant de l’anglais une langue officielle partielle, la Suisse suivrait « une bonne politique pour attirer les gens les plus qualifiés ». Des expatriés qui ne restent que quelques années et à qui on aurait tort de demander la maîtrise d’une langue nationale.

Des politiques sceptiques

Dans les cantons qui comptent d’importantes communautés étrangères, l’idée a parfois déjà fait son chemin. C’est le cas de Genève, où de nombreux fonctionnaires internationaux ne maîtrisent pas le français. L’Office cantonal de la population s’est adapté à sa clientèle. « Nous pratiquons l’anglais chaque jour à nos guichets », explique le directeur Pierre-Alain Reimann. « Sans être un critère d’engagement, de bonnes connaissances d’anglais sont souhaitées dans notre service.» L’Hôpital cantonal de Genève est lui aussi polyglotte. « Notre personnel parle souvent anglais et nous faisons régulièrement appel à des interprètes, notamment pour l’albanais », précise Patricia Hudelson, responsable de l’interprétariat.

L’administration communale de Lutry, où se sont établis beaucoup d’expatriés, pratique elle aussi l’anglais. « Ces étrangers sont souvent perdus », témoigne une employée. Tous les politiques ne montrent pas la même compréhension. Didier Berberat, conseiller national (PS/NE) et grand défenseur de la francophonie, explique : « Si je vis un jour aux États-Unis, le jour où les Américains m’enverront ma déclaration d’impôts en français, je serai prêt à leur rendre la pareille.»

CÉDRIC WAELTI avec SERGE GUMY

 

Source : tdg.ch, le 18 février 2009

http://www.tdg.ch/actu/suisse/fonctionnaires-pries-mettre-anglais-2009-02-17