Congo
: Visite francophone belge
Les talents méconnus
de la coopération
L'un des moments forts de la visite à Kinshasa, la semaine prochaine,
du président de la Communauté française, Hervé Hasquin, sera l’inauguration
officielle du Centre de documentation universitaire de Kinshasa,
Cedesurk. Depuis juillet, ce centre est devenu le lieu et l’instrument
de travail de milliers d’étudiants des universités et des hautes
écoles de Kinshasa : il leur donne accès à une documentation
centralisée, et, via internet, aux meilleures bibliothèques du
monde, aux revues scientifiques de haut niveau, à des ressources
documentaires jadis inaccessibles.
Cet outil, à la fois pédagogique et informatique, est aussi l’exemple
d’un talent, souvent méconnu, de la Communauté française de
Belgique ses capacités en matière d’ingénierie institutionnelle ! On sait en effet qu’en matière de coopération, les moyens des
communautés et des régions sont limités. Mais de plus en plus, la faiblesse des
budgets est compensée par l’inventivité,
la faculté de découvrir de bons projets, de les soutenir et de
convaincre d’autres partenaires de se joindre à l’effort commun.
C’est ainsi qu’à Kinshasa, le Cedesurk représente un modèle de
partenariats, car beaucoup de «parrains» ont conjugué leurs
efforts l’Apefe (Association pour la Promotion du français) fournit
deux coopérants de longue durée, le CGRI (Commissariat aux relations
internationales) prend en charge les frais de fonctionnement du
centre, la Division des relations internationales a assuré la réhabilitation du vaste bâtiment de
1300 m2 qui avait été fourni, lui,
par la partie congolaise.
La coopération «fédérale» n’est pas absente de l’initiative :
ce sont ses budgets qui ont permis à la Commission Universitaire
pour le Développement (CUD) de la communauté française de Belgique
d’acquérir les outils documentaires, le matériel informatique, le
mobilier tandis que l’Agence universitaire de la francophonie dotait le
Cedesurk d’un «campus numérique» (accès, via internet,
à toutes les banques de données du monde francophone).
De telles synergies, où se retrouvent les universités belges
francophones, le CGRI et l’Apefe ne sont pas propres au Congo. D’autres
pays bénéficient aussi de cette conjonction des efforts, avec
quelquefois des apports de la région wallonne et une ouverture vers
des acteurs multilatéraux, des agences de l’ONU à Ouagadougou a
été créée une chaire Unesco des droits de l’homme, fréquentée
par des universitaires de toute l’Afrique de l’Ouest, et au
Burkina Faso toujours, où l’Université de Liège appuie depuis
vingt ans le département de pharmacie de l’Université de
Ouagadougou, un antibiotique a été mis au point, dont l’application
par gel (une opération simple et peu coûteuse) permettra de
traiter une affection peu connue, mais qui affecte un africain sur
vingt, l’ostéomyélite, une infection bactérienne des os, qui s’attaque
le plus souvent aux bras et aux jambes.
En matière de développement également, l’ingénierie
institutionnelle francophone fait désormais ses preuves...
Colette
Braeckman
Source
: Le Soir, journal du 2 octobre 2003