BHV / Relier Bruxelles et la Wallonie : le scénario a été évoqué  

L'idée du « couloir » francophone se discute
 

L'acronyme sur lequel bute notre monde politique - BHV (Bruxelles-Hal-Vilvorde) -, et qui peut « sigler » (régler)  le sort du pays, est-il soluble dans un compromis à la belge ? Un compromis mi-bricolage, mi-stratégie fine ? C'est ce dont il est question dans cette « option » (entre autres) qui figure sur la table des négociateurs, qui nous a été soufflée, et par laquelle on établirait un lien territorial entre Bruxelles et la Wallonie via la chaussée de Waterloo, en englobant une part de la forêt de Soignes : voyez la carte ci-dessous.


Rappelons le contexte... Yves Leterme s'est donné jusqu'au 15 juillet pour trouver un accord, au sein de la majorité, sur un nouveau programme gouvernemental en matière socio-économique et, plus largement, pour faire un pas dans la réforme de l'État et régler le sort de l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Ce dernier dossier, BHV, est l'objet actuellement d'une série de contacts bilatéraux, sous la houlette des présidents de la Chambre et du Sénat, Herman Van Rompuy (CD&V) et Armand De Decker (MR). Les deux ont rencontré l'un après l'autre les partis flamands et francophones, et ont rendu compte une première fois de leurs travaux au Premier ministre, Yves Leterme.


Se prémunir contre les velléités d'indépendance de la Flandre, en se ménageant la possibilité de créer un espace francophone


Si tout va bien, une réunion « plénière» des représentants de l'ensemble des partis de la majorité et des verts (Ecolo et Groen participent aux discussions institutionnelles) devrait avoir lieu la semaine prochaine, pour faire le point sur ces prénégociations.
Rien n'est joué. On est très loin d'un compromis global qui pourrait satisfaire francophones et Flamands. Didier Reynders (MR) et Jo Vandeurzen (CD&V), les deux ministres des Réformes institutionnelles qui pilotent les discussions sur la réforme de l'État, se heurtent notamment aux prétentions du CD&V, qui veut notamment revoir fondamentalement la loi de financement des Régions et Communautés. Cela étant, « on avance quand même », (r)assure-t-on. À savoir, par exemple : des experts des partis se penchent sur le transfert de compétences en matière d'emploi.

Tout comme celui de la réforme de l'État et du transfert de compétences du fédéral aux entités fédérées (et vice-versa), le dossier BHV est loin d'être réglé.
Plusieurs scénarios tournent parmi les négociateurs, dont l'un prévoit d'ouvrir un « couloir », ou« corridor », entre Uccle et Waterloo, cela depuis le carrefour entre la drève Pittoresque et la chaussée de Waterloo (près de la drève de Lorraine), sur une distance de 3,5 km environ, et une largeur de 2,5 km, à gauche de la chaussée de Waterloo, en incorporant une partie de la forêt de Soignes ...

L'idée (saugrenue 7, chacun jugera ... ) de « relier » Bruxelles et la Wallonie est défendue par les francophones, partisans plus largement d'un « élargissement » de la Région bruxelloise. Il s'agit ainsi de se prémunir contre les velléités d'indépendance de la Flandre, en se ménageant la possibilité de créer demain, s'il le fallait, un espace francophone à part entière, composé de l'ensemble: Wallonie + Bruxelles + couloir Uccle­Waterloo.

Cette formule d'une bande de territoire de 3,5 km sur 2,5 est, nous dit-on, un « minimum minimorum » pour les francophones.

Cette formule d'une bande de 3,5 km sur 2,5
est un « minimum minimorum » pour les francophones

 

Elle s'insérerait dans un « paquet » global comportant différents paramètres: des garanties pour le droit de vote des francophones dans les six communes à facilités (qui pourraient continuer à voter à Bruxelles) et, au-delà, dans la périphérie bruxelloise; la consolidation du régime des facilités; l'abolition de circulaires qui génèrent des tracasseries en cascade pour les francophones en Flandre, comme la circulaire Peeters qui oblige à utiliser le néerlandais dans tous échanges avec les administrations.

À ce prix (le couloir + les paramètres évoqués), les francophones pourraient accéder à la demande flamande de scinder l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Et l'acronyme BHV deviendrait d'un coup moins barbare.

Tout cela constitue-t-il un véritable scénario ? Un ballon d'essai ? La formule soumise ici (rappel : un plan de travail parmi d'autres) témoigne en tout cas, s'il le fallait, de la complexité, du dossier, et des enjeux stratégiques derrière la scission de BHV. Et, à propos d'un possible compromis avant le 15 juillet, nous laisse croire qu'on est loin du compte ...  

David Coppi

 

 

 

UN COULOIR RELIERAIT BRUXELLES ET WALLONIE


L'IDÉE D'UN LIEN territorial reliant l'espace francophone se discute dans un paquet visant à régler BRV. Un bout de forêt.

 

Le scénario apparaît improbable. Mais il se trouve bel et bien sur la table des négociations en vue d'une nouvelle réforme de l'Etat. Un « couloir » ou un« corridor » reliant Bruxelles et la Wallonie : l'option a été évoquée par les partis francophones auprès des présidents de la Chambre et du Sénat, Herman Van Rompuy (CD&V) et Armand De Decker (MR), chargés de déminer la bombe BHV.

Ce couloir serait en réalité un bout de territoire de 2,5 kilomètres de large entre Uccle et Waterloo, essentiellement prélevé sur la forêt de Soignes. Le transfert de cet espace inhabité constituerait un « minimum minimorum » pour les francophones.

La scission de l'arrondissement électoral Bruxelles-Hal-Vilvorde aurait d'autres contreparties, dont des garanties pour le droit de vote des francophones de la périphérie, la consolidation des facilités et l'abolition des circulaires sources de tracasseries administratives. Bespreekbaar pour les partis flamands ? Rien n'est joué. Et l'on est sans doute encore loin d'un compromis global. 

 

 

Source : Le Soir, journal du samedi 14 et dimanche 15 juin 2008