BeNeLiga : Harry van Raaij, le président du PSV, frappe fort

Le PSV Eindhoven veut une ligue unilingue

L’idée d’un championnat belgo-néerlandais refait surface. Le président du PSV veut y imposer sa langue. 
Michel Verschueren plaide pour l’anglais.


Depuis quelques mois et la promesse d’une refonte de la Coupe de l’UEFA sur le modèle de la Ligue des champions, on croyait l’idée morte et enterrée comme celle d’une Euroligue (Belgique, Pays-Bas, Écosse, Portugal, Scandinavie) ou d’une réduction de la Dl à 14 clubs. Pourtant, ce jeudi, le projet de BeNeLiga, à savoir un championnat belgo­néerlandais (projet présenté jadis par le président du PSV, Harry van Raaij, et le manageur d’Anderlecht, Michel Verschueren), a été relancé par l’interview de van Raaij publiée par le quotidien flamand «De Standaard ». Voici quelque temps, le G5 belge (Anderlecht, Bruges, Genk, Gand, Standard), dont l'unanimité est du reste de plus en plus souvent mise à mal, avait chargé un intermédiaire néerlandais de reprendre contact avec les trois grands clubs hollandais pour évoquer la question.
Dans l’interview au « Standaard”, en effet, Harry van Raaij relance l’idée d’une compétition commune aux trois pays du Benelux. Les multiples cas de faillite en Belgique, les problèmes financiers des clubs néerlandais ont poussé le patron du PSV Eindhoven à réinitialiser le processus à l’heure où les clubs autrichiens et suisses envisagent eux aussi de créer une «Ligue des Alpes ».
Avec un championnat belgo­néerlandais à 16, estime van Raaij, on peut construire une épreuve peut-être aussi compétitive que le championnat de France. Ni en Belgique ni aux Pays-Bas, nous ne pouvons continuer de la sorte. Les clubs de football sont devenus des entreprises et ils ne peuvent survivre aujourd’hui : les championnats belge et néerlandais sont devenus beaucoup trop faibles. Nos marchés sont trop restreints pour abriter autant de clubs professionnels.
Le diagnostic n’est pas nouveau. Le remède avancé ne l’est pas non plus. Il consiste, on le sait, à créer un championnat dont Bruges, Anderlecht, l’Ajax, Feyenoord et le PSV seraient en quelque sorte les garants de la qualité.
Reste que si le projet n’a jamais suscité d’enthousiasme delirant de la part des «petits clubs » et sûrement pas en Wallonie, la discussion prend un tour nouveau quand on sait que Harry van Raaij se dit prêt à accueillir dans "sa" compétition deux clubs francophones et même un club grand-ducal, mais à une condition évidemment inacceptable : Il faut que la langue véhiculaire de cette nouvelle compétition soit le néerlandais. Les francophones et les Luxembourgeois devront s’adapter à cette donnée. Chez Philips (NDLR : la maison mère du PSV Eindhoven), tout le monde parle anglais, même aux Pays-Bas. Je ne veux rien savoir des problèmes linguistiques de la Belgique. Si toute l'organisation et tous les documents doivent être réalisés en deux langues, cela coûtera dix fois trop cher...
On pourrait rétorquer que, si tout peut se faire en anglais au siège central de Philips, on ne voit pas pourquoi ce ne serait pas le cas dans la BeNeLiga. Il est évident que les propos du président du PSV (ponctués par le «Standaard» d'un commentaire titré Walen buiten) ne déclenchent la folie ni aux Pays-Bas ni en Belgique. Même Michel Verschueren, promoteur de l’idée à son départ, refuse d’embrayer sur la position de van Raaij : Entre être favorable à une idée et la voir se réaliser, on sait qu’il y a de la marge. Quant à la question de la langue, vous connaissez le tempérament néerlandais à vouloir tout contrôler. Que l’on adopte l’anglais dans ce type de structure est tout à fait normal, mais y imposer le néerlandais comme seule langue officielle, non. 

Jean-François Lauwens

Source : Le Soir, journal du 9 mai 2003