ANALYSE

 

Des maïeurs rebelles comme en 60...


Depuis 40 ans, la Flandre, toutes tendances confondues, veut scinder l’arrondissement Bruxelles- Hal-Vilvorde. Une manière d’isoler les francophones de la périphérie sur le plan fédéral... Jusqu’ici le monde politique francophone a tenu bon. Jusques à quand ? L’adoption de la réforme électorale pour les élections du 13 juin a fait resurgir la question à la Chambre. Malgré la pression de l’opposition, les partis flamands de la majorité n’ont pas voté la scission mais 14 députés VLD, Spirit et SP.A se sont quand même abstenus Pour le VLD, ce ne serait plus qu’une question de mois, le dossier devant atterrir sur la table du grand forum communautaire programmé après le prochain scrutin. L’ex-bourgmestre de Vilvorde, Willy Cortois n’a pas caché qu’il avait bon espoir de trouver aussi une majorité francophone pour scinder l’arrondissement. Selon lui, il n’y a plus que le président du FDF, Olivier Maingain qui s’y oppose... Une autre prise de position devrait faire réfléchir le camp francophone : les bourgmestres de 25 communes flamandes de l’arrondissement ont menacé de boycotter l’organisation des élections européennes si Bruxelles-Hal -Vilvorde n’était pas scindé.
Incontestablement un acte de désobéissance civique mais... le ministre flamand de l’Intérieur, Paul Van Grembergen (Spirit) a annoncé qu’il ne sanctionnerait pas les échevins desdites communes. Parce qu’il partage leur combat ! Le ministre n’est pour l’heure compétent que pour les échevins, les bourgmestres dépendant toujours du ministre fédéral, Patrick Dewael,  mais Van Grembergen est persuadé que ce dernier qui habite en Flandre et qui doit y être élu sera aussi très sensible à l’action des maïeurs réfractaires.
Un scénario qui rappelle, furieusement la révolte des «300 bourgmestres flamands» au début des années soixante. Il n’y en avait pas tout à fait 300,  mais ils furent assez puissants pour faire supprimer le volet linguistique du recensement décennal. Celui-ci permettait d’adapter la frontière linguistique depuis 1932. Et octroyait un statut de facilités à celles qui comptaient des minorités linguistiques d’au moins 30 %. Les rebelles ne furent pas punis ; au contraire, une loi suivit leur demande. En 1963, l’absence de données objectives permit ainsi de limiter le régime de facilités à six communes au lieu de la vingtaine qui eussent mérité un statut spécial....

 

Christian Laporte

 

Source : Le Soir, journal du lundi 26 janvier 2004