L'intégration des langues régionales :
« Un premier pas qui
devra être suivi d'une politique volontariste
»
Françoise Olivier Coupeau

Roparzh. À quoi cela va-t-il
servir de déclarer les langues comme mobilier national? Seront-elles
plus enseignées, plus médiatisées? Il n'y a pas de radio en breton pour
toute la Bretagne, (seules des radios locales), pas de télévision en
breton, pas de soutien à la création, aux auteurs, à la presse (sauf en
français), pas de diffusion de chansons en breton.
Françoise Olivier Coupeau. Je ne suis pas d'accord avec
votre analyse. Il y a TV Breizh, des chansons en bretons, des radios en
bretons, par contre c'est loin d'être suffisant. Cette intégration des
langues régionales au patrimoine de la France dans la Constitution est
un premier pas fondamental, mais qui devra être suivi d'une politique
volontariste des pouvoirs publics, y compris dans les moyens mis en
œuvre pour développer l'enseignement, la culture, etc.
Hercules. Quel est le but de l'inscription des langues
régionales dans la Constitution ? Quelles en seront les manifestations
dans la vie quotidienne? Ne craignez-vous pas des conséquences
discriminatoires comme en Espagne: un citoyen andalou ne peut aller
travailler dans l'administration ou une grande entreprise en Catalogne
s'il n'en connaît pas la langue ?
Le premier but de l'inscription des langues régionales dans la
Constitution, c'est leur protection. Elles sont désormais reconnues
comme un élément de notre patrimoine national. Ensuite, il faudra
d'autres textes, d'abord la ratification de la charte des langues
régionales, qui incite à la mise en place d'un certain nombre de moyens
et, d'autre part, une loi au niveau nationale qui définit ces moyens et
leurs mises en œuvre. Je ne crains pas les risques de discrimination,
ce n'est ni dans notre culture nationale, ni dans l'intérêt ou les
projets des défenseurs des langues régionales.
Sans. Certaines langues de l'UE, comme l'allemand et l'Italien,
sont déjà victimes de la dictature de l'anglais. Les langues régionales
ne vont-t-elles pas aggraver le phénomène? Et pour servir à quoi sur le
marché du travail, alors même que nos jeunes ne peuvent déjà plus
postuler pour travailler outre Rhin par exemple car ils ne parlent pas
la langue de Goethe?
Au contraire, le bilinguisme français-langue régionale, est un
formidable vecteur de multilinguisme. Les enfants qui parlent une langue
régionale tout petit, apprennent sans aucune difficulté une, voire
plusieurs, langues étrangères par la suite. La finalité de la protection
des langues régionales n'est pas purement économique, elle va bien
au-delà, puisqu'elle est culturelle, et touche à nos racines les plus
profondes.
Valery. La France a mis du temps à reconnaître la diversité de
son patrimoine linguistique. N'est-il pas trop tard ?
Il n'est jamais trop tard pour bien faire! Vous avez raison, nous avons
perdu des langues et beaucoup de locuteurs, mais nous avons gagné des
militants des langues régionales, prêts à se battre pour qu'elles
survivent et se développent.
Melan. Comment faire accepter aux municipalités que l' étude
d'une langue doit commencer dès le primaire, chaque citoyen devant
connaître sa langue d'État, sa langue régionale, et une langue
étrangère, il se pose le problème de la formation des maîtres, qu'en
pensez-vous ?
Ce n'est pas aux municipalités seules de travailler sur cette question,
c'est un problème de l'éducation nationale, qui ne met pas assez
d'enseignants dans nos écoles, et qui refuse quasi systématiquement
d'ouvrir des classes bilingues français-langues régionales. En Bretagne,
les écoles Diwan, se sont constituées en associations qui vivent de
subventions publiques et privées, ce sont des écoles gratuites pour les
enfants. Personnellement, je suis pour leur intégration au service
public de l'enseignement, mais je crains que monsieur Darcos ne soit pas
d'accord avec moi.
Clelia. En quoi la reconnaissance des langues régionales
alimente, pour certains, le "communautarisme" ?
Pour moi il n'y a aucun lien entre langue régionale et communautarisme,
au contraire, s'ouvrir sur sa culture, c'est s'ouvrir vers les autres.
Amalcis. les langues régionales incluent-elle celles des
collectivités d'outre-mer, la dizaine des langues de Guyane par exemple?
Oui tout à fait. Il y a 75 langues régionales reconnues comme telle,
selon la définition de la Charte européenne des langues régionales.
Parmi elles les créoles. La charte attache la notion de langue régionale
à un territoire, et à une population d'origine française, ce qui élimine
les langues de l'immigration. Concernant la Guyane par exemple, n'est
pas reconnu comme celle des Mong, l'ethnie asiatique qui est venue
s'installer il y a déjà très longtemps en Guyane.
Bene. C'est très bien de faire vivre les langues régionales,
mais j'ai peur que le français disparaisse, au profit de l'anglais,
langue internationale et du commerce?
Je crois pour ma part que lutter pour les langues régionales, c'est une
autre façon de lutter contre l'omniprésence de l'anglais. Le risque de
se faire canibalisé par la langue anglaise existe nous devons lutter
fermement contre cela, et tous les moyens sont bons, y compris les
langues régionales. Le risque de se faire canibalisé par la langue
anglaise existe nous devons lutter fermement contre cela, et tous les
moyens sont bons, y compris les langues régionales.
BobodeCaviar. Qu'apportent les "langues régionales" aux valeurs
de la République?
Elles participent du patrimoine de la République. Récemment, j'assistais
à une messe en l'honneur des fusillés commandos, et des fusillés marins
morts au combat. J'ai constaté que ces hommes qui ont donné leur vie,
qui risquent encore aujourd'hui leur vie pour les valeurs de la
République priaient aussi en breton (ils ont chanté le chant Saint
Anne D'Auray). Je me suis dis qu'il y avait vraiment une symbiose
entre les valeurs de la République et nos langues régionales.
Source : Liberation.fr, le lundi 2 juin 2008
Vous pouvez réagir directement sur le site :
http://www.liberation.fr/interactif/chats_home/chats/chat_actu/329400.FR.php
Réaction de M. Ravat
Désolé, mais nos ancêtres les Gaulois ne parlaient ni le français ni les
langues régionales actuelles. Le prétexte qui consiste à dire que les
langues régionales doivent revivre aujourd'hui au nom de nos identités
refoulées et donc faux.
La vraie cause du retour en grâce des langues régionales aujourd'hui réside dans le fait que
les euro-mondialistes ont décidé que dans le monde de demain tout un
chacun devra parler sa langue ethnique et l'anglais.
Pour finalement finir, après quelques générations, à tous parler
anglais.
Le combat pour les langues régionales fait donc le jeu de la politique
du tout anglais, de la globalisation et de la gouvernance mondiale.
Ne soyons donc pas dupes, plus que jamais, Aimons et Défendons la langue
française, une des rares langues à portée internationale à pouvoir
encore résister à la dictature de... l'anglais mondial.