Les francophones fiers de leur langue,

 c'est de l'autre côté de l'Atlantique

Le Québec serait-il devenu le conservatoire des grandes traditions et de l'inventivité de la langue française ? C’est probable, les francophones du Canada étant confrontés à la concurrence féroce de l’anglais, tout-puissant en Amérique du Nord. Les Français, eux, n ‘hésitent pas à angliciser tout ce qui bouge. Jusqu’au jour où ils finiront par s’apercevoir de l’irréparable et pleureront ce qui fait la singularité de leur culture.
Regardez le monde d’internet - qui dit « la toile » ? - et ses "e-mails". Il aura fallu aller puiser dans la créativité linguistique québécoise pour trouver à ces courriers électroniques un nom français acceptable par notre Académie : il s’agit de « courriel ». Voici des années que Québécois et Acadiens s’envoient des « courriels ». Pendant ce temps, les Français continuent d’envoyer des "e-mails", prononcer «zymeyles » sans aucune logique avec la phonétique française.
L 'Académie avait bien tenté «mèl », mais cette peureuse francisation de l’anglais a lamentablement échoué.
De même, les Québécois lisent dans le journal des « entretiens » et non des "interviews". La langue est un combat : les francophones du Canada, qui ont vécu la soumission et une impitoyable ségrégation des siècles durant, le savent et n’ont pas honte de leur vivante identité.

Source : Midi Libre, journal du vendredi 18 juillet 2003