12e  SOMMET  DE  LA FRANCOPHONIE

(À Québec au Québec)

(Photo officielle du XIIe Sommet © OIF)

12e  SOMMET  DE  LA  

FRANCOPHONIE

À QUÉBEC 

 LES  17 AU 19 OCTOBRE  2008

 

À la veille du 12e Sommet de la Francophonie…

Le professeur Michel Guillou fait le point. La Francophonie est-elle à bout de souffle ? Pourquoi ? Que peut-on faire ?

 

Sans l’intention aucune de vouloir faire procès au professeur Guillou ou à bon nombre de nos amis qui défendent la Francophonie, mettons courtoisement le fer au feu…
Se réjouir quant la Francophonie est inscrite dans la constitution ? Soit ! Bravo !

Mais tant et tant de bonnes intentions figurent en lettres d’or dans la constitution... Une constitution qui dans bien des domaines n’est plus qu’un tissu d’oripeaux !

Que retiennent les pays francophones ? Cette petite gâterie constitutionnelle ou les propos du chef de l’Etat ? N’entendent-ils pas aussi  les propos de nos ministres ? N’ apprécient-ils pas les virages de notre politique étrangère ?

En toute courtoisie.

Simon de Quoisiry, le 8 octobre 2008

 

La Francophonie est-elle à bout de souffle ? Beaucoup le pensent. Les appels en faveur d’un nouveau départ se multiplient à la veille du 12e Sommet de la Francophonie qui s’ouvrira à Québec le 17 octobre prochain. Elle a besoin d’ambitions affichées, d’innovations annoncées. La décision soudaine du Canada, pays hôte, d’organiser, le mardi précédant le Sommet, ses élections fédérales, ajoute au désenchantement.

Situation paradoxale car sous l’impulsion de son Secrétaire général, le Président Abdou Diouf , l’institutionnel francophone a fait des progrès considérables. L’Organisation internationale de la Francophonie et ses opérateurs sont en état de marche et un débat d’idées s’est amorcé sur le rôle et l’utilité de la Francophonie. Son cœur de métier a été précisé, des pistes tracées, des chantiers prioritaires identifiés.

Il a été montré que cette Francophonie, la troisième après les francophonies coloniale et post-coloniale, s’inscrit dans les défis de la mondialisation ; qu’elle constitue un pôle privilégié de dialogue interculturel pour la paix. Ses valeurs, son engagement pour la diversité et la solidarité qu’elle sait tisser, montrent la voie pour bâtir une mondialisation maîtrisée construite autour d’une synthèse des différences et non autour d’un modèle unique et dominant.

Il a été montré aussi que le temps n’est pas venu d’une langue unique. Le 21e siècle sera plurilingue. Dans la mondialisation, de nouvelles langues « monde » émergent. La force de l’espagnol, l’importance de l’arabe, ainsi que la rapide montée en puissance des langues des futurs géants économiques, ne peuvent plus être niées. Ainsi, dès 2010, le chinois sera enseigné dans plus de mille instituts « Confucius » répartis dans le monde entier. Le multilinguisme est à l’ordre du jour. C’est le combat de la Francophonie.

Alors pourquoi la Francophonie est-elle en panne ? Pour deux raisons majeures :

*          la rémanence des Francophonies d’hier. Les regards restent fixés sur le rétroviseur. Le passé colonial occupe encore les têtes.

*          la pensée dominante qui la « ringardise » et présente la mondialisation non comme une chance mais, au contraire, comme un obstacle à son développement.

Il n’est pas certain que les États et gouvernements veuillent aller plus loin. Souvent, leurs élites ne perçoivent ni l’intérêt de la Francophonie comme pôle géopolitique dans la mondialisation, ni celui du multilinguisme comme antidote au repli identitaire. On est abasourdi par le déficit de visibilité de la troisième Francophonie ; l’ignorance est générale, abyssale. Cette méconnaissance a pour conséquence sa marginalisation par les décideurs. Faute d’être perçue comme une force, elle se trouve en position de faiblesse.

Il est certain que les peuples et leurs dirigeants ne peuvent avoir envie de Francophonie que s’ils en partagent le concept. Il faut lancer à grande échelle un plan « marketing » et de formation pour mettre en pleine lumière sa modernité et sa pertinence.

La France, pour sa part, vient d’inscrire la Francophonie dans sa Constitution. Ce faisant, elle a retrouvé ses deux jambes : l’Europe et la Francophonie ; elle a réaffirmé sa double ouverture inscrite dans son histoire, vers le continent et vers le Grand large. C’est une formidable avancée. Par ailleurs, le Président Sarkozy a affirmé avec force le 20 mars dernier lors de la Journée internationale de la Francophonie à la Cité universitaire de Paris, que la Francophonie était une priorité de la diplomatie française et s’est ouvertement engagé en faveur d’une Francophonie innovante, vivante et populaire.

On pourrait se réjouir si ce n’était l’entêtement des élites françaises à faire tout le contraire. Pas un mot dans la presse de la Francophonie introduite dans la Constitution et, de même, pas un mot de la place redonnée à la langue française aux côtés de l’anglais et du mandarin aux Jeux olympiques de Pékin. Ces élites se trompent de route, elles ne veulent rien entendre, elles persistent dans l’erreur allant même, dans certains cas, jusqu’à refuser d’utiliser la langue française, la sacrifiant sur l’autel de l’anglais.

Est-il de l’intérêt de la France de faire en sorte que demain, par sa propre faute, le français cesse d’être une langue monde ?

On ne peut qu’être atterré du souhait exprimé récemment par le Ministre français de l’Éducation nationale, de voir tous les diplômés des lycées, bilingues français anglais alors que se profile un environnement international multilingue où le français a toute sa place.

Mais les obstacles ne viennent pas uniquement de la France. Que veulent les autres États et gouvernements participants ? Ceux d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes et de l’Océan Indien, d’Europe, du Monde Arabe, d’Amérique ? Que veut le Canada ? La nécessité de réaffirmer une ambition collective forte est évidente.

Partout, les questions du rôle de la Francophonie dans la mondialisation et de son utilité pour les populations, se posent. Certes, l’engagement pour la diversité est essentiel mais il ne suffit pas. Le refus de la Francophonie de prendre en compte l’économie comme demandé, dès 1997, par le Vietnam au Sommet d’Hanoi, pèse lourd. Il est extrêmement pénalisant. Dans ce domaine un changement s’impose.

La Francophonie est au pied du mur. Il lui faut soit choisir de dépérir sans gloire, soit franchir le Rubicon.

À Québec, il est vital que des voix s’élèvent pour afficher l’ambition et tracer les chemins d’une Francophonie offensive.

Chacun s’accorde sur l’importance de nouveaux chantiers : l’éducation, l’économie, les industries culturelles, le numérique, mais pour agir il faut s’en donner les outils.

Chacun sait que la langue française est la grande oubliée, qu’il faut d’urgence s’attacher à renforcer son usage et son apprentissage ; chacun sait aussi qu’il est grand temps de renforcer, chez les jeunes en particulier, le sentiment d’appartenance à l’ensemble francophone. Encore faudrait-il pour le faire une réelle volonté politique.

Ne remettons pas à demain le combat pour le renouveau car il est déjà bien tard ; la mondialisation n’attend pas.

 

Lyon le 20/ 09/2008

Professeur Michel Guillou,

Ancien Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie,

Directeur de la Chaires Senghor de la Francophonie de Lyon

 

 

 

Michel Guillou : Docteur ès Sciences Physiques, Faculté des Sciences de Paris, Docteur Honoris Causa de l’Université de Moncton au Canada et de l’Université de Sofia en Bulgarie.
Directeur de l’Institut pour l’Étude de la Francophonie et de la Mondialisation (IFRAMOND, Université Jean Moulin Lyon 3), Titulaire de la Chaire Senghor de la Francophonie de Lyon.

La Mondialisation, une chance POUR LA Francophonie Intervention du Professeur Michel GUILLOU au colloque international «  La Francophonie, aujourd’hui et demain », les 25 et 26 mai 2006 à l’Université Saint-Joseph à Beyrouth

http://iframond.univ-lyon3.fr/pages/reflexion/2006mondialisation_beyrouth.htm

 

 

      

SOMMET DE LA FRANCOPHONIE
Communiqué du Collectif intersyndical et d'Impératif français

 

       

 

« Collectif intersyndical pour le droit de travailler en français en France »

 

 

 

Sommet de la Francophonie

Québec et France, le 16 octobre 2008 - Le Collectif intersyndical pour le droit de travailler en français en France et le mouvement Impératif français interpellent les représentants des pays participant au XIIe Sommet de la Francophonie à Québec sur la place et l’importance du français comme langue de travail et des affaires et comme langue commune d’usage public au sein de l’espace francophone.

« Il est important que, dans les pays ayant le français comme langue officielle, le droit pour les travailleurs d’exercer leurs activités en français soit reconnu, respecté et même promu », de déclarer Jean loup Cuisiniez, porte-parole du Collectif intersyndical.

Et d’ajouter monsieur Jean-Paul Perreault, président du mouvement Impératif français : « pour que l’espace francophone ait un sens, les pays et les gouvernements se réclamant de la Francophonie doivent afficher leur portail Internet aussi en langue française et s’assurer que les sites Internet de leurs ambassades et consulats à l’étranger offrent une version complète aussi en français ».

Monsieur Cuisiniez invite également l’Organisation internationale de la Francophonie à concrétiser le projet plusieurs fois formulé dans des rapports officiels de créer pour l’espace francophone un « visa Francophonie » à délivrance rapide pour les travailleurs relevant des pays francophones.

« Promouvoir le français, c’est prendre part à la protection et à la promotion de la diversité des expressions culturelles conformément à la Convention de l’UNESCO en vigueur depuis le 18 mars 2007 », de conclure monsieur Perreault.

 

Source : Jean-Loup Cuisiniez, porte-parole du Collectif intersyndical pour le droit de travailler en français en France
Tél. : 06 67 31 80 18 et
Jean-Paul Perreault, Président d'Impératif français.

 

Source:
Impératif français
Recherche et communications
www.imperatif-francais.org
Imperatif@imperatif-francais.org
Tél. : 819 684-8460
Téléc. : 819 684-5902

 

Crise financière 

Sarkozy en visite express à Québec

 

Attendu aux États-Unis samedi, le président français devait écourter sa présence au sommet de la Francophonie, largement dominé par les thèmes économiques.

Nicolas Sarkozy a plaidé pour l'organisation d'un sommet international destiné à « refonder un capitalisme plus respectueux de l'Homme ».

Crise financière oblige, le sommet entre l'Union européenne et le Canada et celui de la Francophonie, ont été dominés vendredi à Québec par les thèmes économiques. Nicolas Sarkozy doit par ailleurs écourter sa visite au Québec et s'envoler samedi à Camp David où ils rencontrera le président George W. Bush.


 
Le président en exercice de l'UE Nicolas Sarkozy, arrivé vendredi dans la matinée avec le président de la commission européenne Jose Manuel Barroso, a estimé que
« le principe était acquis » d'un sommet international destiné à « refonder un capitalisme plus respectueux de l'Homme ». Selon lui, ce sommet devrait réunir les pays du G8, élargi au G5, c'est-à-dire les cinq pays émergents que sont la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et l'Afrique du Sud, ainsi qu'à « un pays arabe », sans quoi, selon lui, un tel sommet serait « étrange ». Le président français a également jugé que «ala plus grande erreur serait de ne voir dans (la) crise financière qu'une parenthèse et de croire qu'une fois les marchés calmés et les banques sauvées, tout pourrait recommencer comme avant ». Dans un communiqué, Nicolas Sarkozy, José Manuel Barroso et le premier ministre canadien Stephen Harper ont « salué les mesures qui ont d'ores et déjà été prises pour répondre à la crise financière et convenu de coordonner leurs actions nationales et collectives face à cette crise ».

Relayé par Fillon au sommet de la Francophonie

La tourmente financière s'est aussi invitée au sommet de la Francophonie, qui a débuté dans la soirée en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et d'une trentaine de chefs d'État et de gouvernement. En ouvrant la conférence, M. Harper a invité la communauté internationale à être attentive à l'impact de la crise financière internationale sur les pays pauvres. Et M. Sarkozy s'est demandé comment on pouvait « régler les grands problèmes du monde » sans un pays africain ou sud-américain comme membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. « La crise (financière) doit être une opportunité de bousculer les habitudes et de refuser les facilités », a-t-il plaidé. Selon le projet de déclaration finale, la Francophonie va s'engager à « soutenir la tenue d'un sommet international » pour donner une réponse « urgente et coordonnée » à la crise qui affole les marchés mondiaux. À l'issue de leur sommet, l'Union européenne et le Canada ont annoncé leur intention de lancer un processus visant à parvenir à un « ambitieux » partenariat économique « renforcé » entre eux, mais dont les négociations ne commenceront que l'an prochain.
 

La visite de M. Sarkozy a aussi eu un volet franco-québécois, avec le premier discours devant l'Assemblée nationale québécoise d'un chef de l'État français. Il a exalté la relation « unique » entre le Québec et la France, tout en exprimant son amitié pour le Canada. Le président français et le Premier ministre du Québec Jean Charest ont également signé un accord sur la mobilité professionnelle entre le Québec et la France, ce qui constitue une première mondiale entre des gouvernements de deux continents différents. En raison de son départ samedi en milieu de journée pour Camp David, Nicolas Sarkozy n'assistera qu'à la moitié du sommet de la Francophonie, mais il sera relayé par le Premier ministre François Fillon. Une absence d'ores et déjà largement critiquée par la presse québécoise.

 

(D'après agence)

 

 

Source : Aliceadsl.fr, le 18 octobre 2008

http://aliceadsl.lci.fr/infos/monde/institutions/0,,4129079-VU5WX0lEIDUzNg==,00-sarkozy-en-visite-express-a-quebec-.html

 

Le Québécois dénonce Sarkozy

Sarko sort du placard

 

C’est fait, le président français est sorti du placard pour dévoiler ses vraies couleurs sur la question du Québec. Aux côtés du premier ministre canadien Stephen Harper, dans le cadre du Sommet de la Francophonie, il a déclaré à propos de l’avenir du Québec : « J’ai toujours été un ami du Canada. Parce que le Canada a toujours été un allié de la France. Et franchement, s’il y a quelqu’un qui vient me dire que le monde a aujourd’hui besoin d’une division supplémentaire, c’est qu’on n’a pas la même lecture du monde ». Ça ne saurait être plus clair : Sarkozy s’oppose à l’idée d’indépendance du Québec.

Par ses déclarations, le président français abandonne donc la doctrine de la « non-ingérence, non-indifférence » ou de l’accompagnement pour ainsi s’ingérer dans le débat sur l’avenir du Québec du côté des fédéralistes canadiens. Pour le mouvement indépendantiste, ce pantin de Paul Desmarais, de Power Corporation et du grand capital en général devra maintenant être considéré pour ce qu’il est : un ennemi. D’ailleurs, l’organisation du Québécois entend supporter ceux qui, en France, combattent Sarkozy, afin que celui-ci soit défait aux prochaines élections et que l’on efface ce triste épisode des relations France-Québec.

D’ailleurs, nous nous attendons à ce que la classe politique française réagisse vigoureusement au rejet de l’indépendantisme québécois effectué par Sarkozy, tout comme nous nous serions attendus à ce que les principaux porte-parole souverainistes du Québec le fassent, ce qu’ils ont omis de faire, malheureusement. Nous croyons surtout que la vision de l’actuel président n’est pas partagée par l’ensemble des politiques français, loin s’en faut. Ceux qui croient toujours à la doctrine de l’accompagnement du Québec dans le chemin de sa liberté politique doivent maintenant se faire entendre haut et fort, à défaut de quoi ils cautionneront par leur silence la vision sarkozienne du Québec.

Or, si tel devait être le cas, la France doit savoir qu’un tel abandon du Québec pourrait signifier des lendemains qui déchantent pour l’Hexagone dans les relations France-Québec. Le mouvement national québécois n’aurait plus alors qu’à raffermir ses liens avec les peuples en lutte européens, ayant été abandonné par Paris. C’est que l’indépendance du Québec se fera avec ou sans Sarkozy, et avec ou sans la France. Si le premier nous a clairement abandonnés, à espérer que la seconde ne le fera pas. Sinon, nous rejoindrons nos alliés où ils sont.

Sarkozy démontre aussi aujourd’hui au mouvement national québécois la nécessité d’engager des relations internationales avec d’autres puissances que le France. À mettre toutes ses billes sur Paris, on risque de perdre la mise. Nous avons d’autres amis dans le monde, sachons les reconnaître. Nous avons résisté deux siècles après la Conquête sans aucune aide de Paris, ou presque, nous pourrions faire l’indépendance sans elle, voire malgré elle, mais ce ne serait pas à son avantage. Elle doit le comprendre.

Enfin, cessons donc de critiquer le fait que Sarkozy quitte prématurément le Sommet de la Francophonie pour aller chez son bon ami George W. Bush à Camp David. La chose est bonne : il n’est plus le bienvenu ici, au Québec. Bon vent, petit président, tu fais honte à la République française !

 

Le Réseau de Résistance du Québécois

De l’organisation du Québécois

www.lequebecois.org

www.resistancequebecoise.org

 

Source : lequebecois.org, le 18 octobre 2008

http://www.lequebecois.org/default.aspx?page=48&NewsId=1355

 

Un début de prise conscience salutaire. Dire qu'il aura fallu attendre 2008 pour l'avoir. Mais bon, pas de quoi être optimiste, connaissant l'actuelle priorité de la France placée dans son anglicisation massive.

Et même si elle s'engageait à l'extérieur dans une politique active pour la Francophonie, quelle légitimité aurait-elle, alors que le gouvernement français met le paquet pour angliciser les jeunes, des écoliers aux étudiants, et oublie totalement les autres langues ?

Par ailleurs, je suis étonné par les chiffres des budgets de la Francophonie et du British Council donnés en toute fin de la dépêche. Sont-ils confirmés par d'autres sources ?

Admirons aussi le discours défaitiste de La Dépêche, par sa comparaison indirecte « 200 millions de francophones contre 2 milliards d'anglophonesa».

Même si ces chiffres sont exacts, est-il besoin d'enfoncer le couteau dans la plaie ?

Amusant encore que soit cité Dominique Wolton, le même qui tenait des propos proches de ceux de Bernard Kouchner en acceptant la place centrale de l'anglais ... Voir son récent livre sur le sujet, citations à retrouver.

AK
 

Sommet de la Francophonie : et le français dans tout ça ?

 

QUÉBEC (AFP) — Des voix se sont élevées au XIIe sommet de la Francophonie à Québec en faveur d'un recentrage de l'organisation sur la défense du français et de la diversité culturelle, craignant une « dérive » vers une organisation politique réduite à « une Onu bis sans moyen ».

Les chefs d'État et de gouvernements ont débattu dimanche, au cours d'un sommet dominé par la crise financière, de la langue française, pour la première fois thème à part entière d'un sommet de la Francophonie, aux côtés de la gouvernance économique, de l'État de droit et de l'environnement.

Toutefois, certains participants s'interrogeaient sur le tournant politique pris depuis quelques années par l'Organisation internationale de la Francophonie, au risque de devenir, selon les termes d'un expert du sujet Dominique Wolton, « une ONU bis sans moyen ».

« On se demande parfois quelle est la pertinence de ce forum pour débattre d'un certain nombre de sujets », a déclaré à l'AFP pendant le sommet le secrétaire d'État belge aux Affaires étrangères Olivier Chastel, résumant un avis partagé par d'autres délégués.

« Que la Francophonie s'occupe clairement du développement du français, des grands thèmes généraux comme la liberté de droits, OK. Mais pour les points de politique étrangère, les conflits se règlent à l'Onu », a-t-il estimé.

Du coup, la déclaration finale de Québec est, selon lui, un texte « fourre-tout » qui comprend beaucoup de « déclarations de principes » sur les grands thèmes abordés, mais qui ne peut s'engager au-delà de ce qui est décidé dans les instances internationales « adéquates ».

« À quoi sert à l'avenir un organisme mondial de la Francophonie si la défense de la langue commune est au dernier rang de ses préoccupations ? », s'interrogeait pour sa part le quotidien québécois Le Devoir.

Pour Dominique Wolton, la Francophonie doit se recentrer sur « ce qu'elle sait faire: défendre le français c'est défendre toutes les autres langues et le pluralisme linguistique » dans un monde dominé par l'anglais.

« Si la Francophonie continue à ressembler à une ONU bis, elle y gagnera peut-être en tapis rouges mais elle y perdra son âme. À faire des grandes déclarations sur tout, elle y perd sa crédibilité », a-t-il affirmé à l'AFP.

Il critique également « l'absence de vision stratégique de la France en matière de Francophonie », alors qu'elle finance à 80% ses institutions. Il milite pour une « Académie de la Francophonie » qui intègre le « français des banlieues, de l'Outre-mer, des francophones » et pour une «aFrancophonie des affaires ».

Le Bénin a proposé au sommet la création d'un « visa francophonie » facilitant la circulation des personnes, une idée défendue dans un rapport publié en juin qui critiquait une France « repliée sur elle-même ».

Le secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf a lui estimé que la défense du français et de la diversité allait de pair avec « des choix politiques forts » visant à « l'émergence d'un multilatéralisme plus équilibré, plus solidaire ».

Dans la déclaration finale, les membres de la Francophonie s'engagent à « garantir sa pleine reconnaissance sur la scène internationale » notamment par l'application d'un vadémécum sur l'utilisation du français dans les instances mondiales.

Ils défendent « un pacte linguistique » entre l'OIF et les États et gouvernements qui le souhaitent pour favoriser l'utilisation du français.

La Francophonie compte quelque 200 millions de francophones dans le monde. Le français, en perte de vitesse, est la neuvième langue parlée dans le monde derrière le chinois, l'anglais, l'indi, l'espagnol, le russe, l'arabe, le bengali et le portugais.

La France a dépensé 410 millions d'euros en 2008 pour l'enseignement du français dans le monde en 2008. Le British Council vient de lancer un programme visant à faire passer le nombre de locuteurs anglophones de 2 à 3 milliards avec un investissement de 150 millions d'euros.

 

Source : google.com, le 20 octobre 2008

http://afp.google.com/article/ALeqM5h2UrITH8XqIpkm6Q0QbFvs_sikaQ

 

 

 

 

Haut de page