(À Versailles en France) |
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Sommet francophone en février à Paris
Le premier sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays francophones se tiendra à Paris les 17, 18 et 19 février prochains, a annoncé hier le ministre des Relations extérieures, Roland Dumas, à l’issue de la conférence ministérielle préparatoire qui s’est tenue dans la foulée du sommet franco-africain. Trente-trois chefs d’État ou de gouvernement représentant 31 pays
(le Canada étant représenté par le gouvernement fédéral et les
provinces du Québec et du Nouveau-Brunswick) lanceront ainsi une
sorte de Commonwealth d’expression française. Le sommet devra prendre des décisions pour défendre et développer le français. et permettre aux pays les plus industrialisés d’aider les moins favorisés, a déclaré M. Dumas, en soulignant que les pays membres souhaitaient que la conférence de février ait une prolongation et soit suivie d’autres réunions. D'autres pays pourront éventuellement s'y joindre, a-t-il indiqué. Une réunion d’ultime
préparation du sommet, au niveau des
ministres des Affaires étrangères et de leurs experts, se Les pays participant sont : Belgique (représentée par le ministre de
l'Éducation nationale et par un ministre de la Communauté française),
Bénin, Burkina Faso, Burundi, Canada, Canada-Québec, Canada
Nouveau-Brunswick, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Égypte,
France, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Hatti, Liban, Luxembourg, Mali,
Maroc, Maurice, Mauritanie, Monaco, Niger, Rwanda., Sénégal,
Seychelles, Tchad, logo, Tunisie, Zaïre, Vietnam. Refus de la Suisse
La Suisse n'est pas pays francophone et n’a pas de raison d’assister
au sommet des pays francophones, estime le gouvernement fédéral
helvétique
Source : Midi Libre, journal du 15 décembre 1985
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SOMMET DE LA FRANCOPHONIE : OUVERTURE AUJOURD'HUI
Quel avenir pour le français ?
L‘ÉCLAT donné par le président Mitterrand au Premier Sommet des quarante-deux États ou communautés francophones (17-19 février) est le trait marquant de la cérémonie inaugurale qui se déroule ce matin à Versailles. L' organisation des travaux aurait exigé de plus longs délais mais l’Élysée voulait frapper un grand coup avant les élections du 16 mars. Il a donc fallu aller vite et, disons-le, trop vite. Plusieurs délégations regrettent la hâte du gouvernement socialiste. Elles auraient préféré dissocier des préoccupations politiciennes du P.S. Cette première mondiale qui rassemble les représentants des 150 millions d’hommes et de femmes ayant en commun, sur les cinq continents, l’usage du français. Un rassemblement allant du Québec au Zaïre, du Maroc aux Seychelles, d’Haïti à la Belgique, du Vietnam à la Suisse et au Liban. Mais, ces réserves étant faites, deux facteurs plus fondamentaux méritent l’attention. D’abord le choc entre
un prestigieux héritage culturel partagé
par les participants et les impératifs techniques de notre époque. Jusqu'ici, en effet, l’informatique, les
télécommunications,
l’électronique, l’espace, etc. semblaient le domaine exclusif des
savants. En réalité, poursuit notre interlocuteur, ces techniques
véhiculent la langue et la civilisation de ceux qui les inventent ou
les utilisent, D’où la nécessité "d’élargir la vieille notion
d’héritage culturel aux disciplines pour lesquelles ont réfléchit en
français". Seconde donnée
fondamentale : sur 150 millions de francophones,
près de la moitié vivent dans le Tiers-Monde, notamment en Afrique
arabe et noire. L’essor démographique de ces régions et les progrès
de la scolarisation font prévoir une part encore plus large du sud par
rapport à l’hémisphère nord d’ici l’an 2000.
René DABERNAT
Source : Midi Libre, journal du lundi 17 février 1986
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« Quarante-et-un États membres de l’O.N.U. sur centsoixante-six utilisent le français exclusivement » : c’est par ces mots que le secrétaire général de l’Organisation internationale a salué, dans un télégramme de félicitations, les participants au premier sommet francophone qui se tient depuis hier au château de Versailles. Les travaux de l’assemblée, dont l’objectif est le renforcement de la concertation économique, culturelle et politique entre les centvingt millions de francophones, se poursuivront jusqu’à demain soir. Hier, après François Mitterrand, MM. Martens pour la Belgique, Mulroney pour le Canada, Abdou Diouf pour le Sénégal, Mzali pour la Tunisie, Ratsiraka pour Madagascar et Cu Huy Can pour le Viêt-Nam sont intervenus.
Source : Midi Libre, journal du mardi 18 février 1986
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SOMMET FRANCOPHONE
Pour la langue de Molière
Dans le cadre prestigieux de la salle des congrès du château aux murs de marbre, pavoisée aux couleurs de chaque pays participant, le chef de l’État français a prononcé hier matin le discours d’ouverture du premier forum international des « pays ayant on commun l’usage du français ». La francophonie est « une communauté désireuse de compter ses forces pour affirmer ses ambitions », a déclaré le président François Mitterrand. Le chef de l’État a fait valoir que la communauté francophone, «dont l’identité est menacée», se devait d’avoir « un réflexe vital contre la mortelle abolition des différences », sous peine « d’être très souvent condamnée à un rôle de sous-traitant, de traducteur ou d’interprète ». « Nous sommes là autour d’une langue porteuse d’une culture, d’une civilisation à laquelle chacun ajoute son propre apport », a poursuivi M. Mitterrand, avant d’appeler les participants à la conférence « à collaborer, coopérer, coproduire et à rendre plus fertile un patrimoine commun dont nous savons que la diversité est la première richesse ». Pour lui, la communauté francophone « libre de toute allégeance et de toute nostalgie » est « le meilleur rempart contre les menaces qui pèsent sur son identité culturelle ». De son côté, le Premier ministre canadien, Brian Mulroney, a souligné « qu’en tant que Nord-Américains, les francophones du Canada mènent le combat quotidien de la francophonie ». « Ou le français doit donner accès à l'avancement technique et économique de nos sociétés, ou il déclinera rapidement », a encore affirmé M. Mulroney, en soulignant que « le sud comme le nord risqueraient de se détourner du français si celui-ci devait cesser de s’affirmer comme instrument de communication scientifique et technique ». « C’est l’utilité qui aura le dernier mot », a conclu M. Mulroney qui avait prononcé quelques paroles en anglais au début de son intervention, comme il avait dit quelques mots en français lors du sommet du Commonwealth en octobre 1985, à Nassau, aux Bahamas. Intervenant à son tour, le chef de l’État malgache, Didier Ratsiraka, s’est livré à une violente critique de l’attitude des pays riches en soulignant que « les propositions du tiers monde, lorsqu’elles sont prises en compte, reçoivent des traitements désinvoltes ». À l’issue de leur première journée de travail, les quarante et une délégations du « sommet » francophone ont adopté hier soir une résolution condamnant le régime sud-africain, sans toutefois proposer de sanctions économiques. La France a été quelque peu mise sur la sellette avec l’intervention du Premier ministre du Vanuatu, M. Walter Lini, qui s’est exprimé dans sa langue maternelle et non en français, a reproché à Paris ses essais nucléaires dans le Pacifique, et a parlé de la NouvelleCalédonie. Le président Mitterrand a alors exposé les positions traditionnelles de la France sur ces deux points. Les problèmes de l’endettement des pays en voie de développement ont été également évoqués, et Paris a rappelé qu’il soutenait la proposition de l’organisation de l’unité africaine d’une conférence internationale sur la dette des pays africains.
Source : Midi Libre, journal du mardi 18 février 1986
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Le Val-d'Aoste et les 114000 habitants bilingues de cette vallée italienne enserrée entre le Mont-Blanc et le Mont Cervin est représenté au sommet francophone par un observateur qui souhaite bien devenir rapidement un membre à part entière du mouvement francophone. Francesco Stevenin ne cache pas sa satisfaction d’avoir pu assister au sommet car, dit-il, la francophonie est « le seul moyen pour les valdotains de conserver leur identité ». Pour qu’au prochain sommet, qui devrait se tenir au Québec dans deux ans, le Val-d’Aoste puisse être membre à part entière, il suffit que le gouvernement central de Rome l’y autorise, ce qui n’a pu être fait cette fois-ci, faute de temps pour les démarches, mais M. Stevenin ne doute pas qu’il l’obtiendra. Le Val-d’Aoste attend des francophones un soutien culturel : l’autonomie régionale de cette petite province repose en effet sur sa
particularité linguistique. LE SOMMET A PRIS FIN HIER
Francophonie : un train de mesures
Les 41 chefs d’États, de gouvernements ou de délégations venus de 39 pays des cinq continents pour fonder en trois jours le « Club francophone » ne cachaient pas leur satisfaction de voir « la francophonie apparaître comme une idée neuve ». comme l’a dit le Premier ministre québécois Robert Bourassa au cours de la séance de clôture. Les dirigeants venus d’horizons aussi divers que le Vanuatu, le Canada, Haïti ou la Côte d’Ivoire faisaient aussi preuve d’un grand contentement de « voir la langue française émerger comme l’instrument privilégié du dialogue Nord-sud et Sud-sud », comme l’a dit le président du Zaïre, Mobutu Sesse Seko au cours de cette même séance de clôture à laquelle assistaient plusieurs ministres du gouvernement français. Le prochain sommet se tiendra au Québec dans deux ans, mais un
« comité du suivi a été mis en place, léger en nombre, qui se dotera de ses propres structures tout en voulant éviter un appareil
trop lourd », a indiqué le président François Mitterrand au cours de
la conférence de presse qui a suivi le sommet. La France a décidé d’ouvrir dès le début 1987 un des quatre canaux disponibles sur son satellite de télédiffusion à des programmes francophones et de fournir 29 millions de francs pour doubler les heures de programme du réseau de télévision par câble TV5, déjà diffusé dans une partie de l’Europe, et qui étendra sa diffusion à l’Afrique et à l’Amérique du nord. Pour l’informatique, où les canadiens qui ont été les principaux promoteurs du sommet sont à la tête du combat, on va effectuer l’inventaire des banques de données existantes pour les interconnecter, et former des spécialistes dans les pays les plus démunis. Tout cela pour éviter que l’on en arrive à la situation où les Américains et les Japonais traduisent leurs propres banques de données pour inonder le marché francophone d’informations purement anglo-saxonnes. Un groupe de travail va être constitué sur les banques de données et se réunira au cours de cette année. En ce qui concerne le livre, le sommet a décidé de favoriser l’édition de livres scolaires, de lancer une collection de poche pour des œuvres d’auteurs d’expression française (sur proposition du Vietnam) et de fonder un salon du livre francophone qui se tiendra tous les deux ans à Paris. Il a enfin créé un « prix international d’innovation » dans le domaine des industries de la langue.
Source : Midi Libre, journal du jeudi 20 février 1986
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