"In French" dans le texte

Il n’y a pas que le nombre de médailles de l’équipe de France qui a été en recul aux Jeux d’Athènes, il y a aussi le français. Intronisé « grand témoin » de l’Organisation internationale de la francophonie pour étudier la place du français, l’une des deux langues officielles des Jeux, l’ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, Hervé Bourges, a remis un rapport agacé. Il sera présenté aux 56 chefs d’État lors du 10e sommet de la francophonie à Ouagadougou fin novembre.

Si l’article 27 de la charte olympique fixe le français, à part égale avec l’anglais, comme langue officielle du mouvement olympique, et précise même qu’en cas de litige, le français doit alors prédominer, Athènes, si l’on peut dire, fut un Waterloo. 

 

Mme Gianna Angelopoulos-Daskalaki, Présidente du Comité d'Organisation des Jeux Olympiques d'Athènes 2004, en train de montrer les futures médailles d'or aux médias

 

Gianna Angelopoulos-Daskalaki, présidente du comité d’organisation, parfaite francophone, a prononcé en anglais uniquement ses discours d’ouverture et de clôture, si l’on excepte une phrase en français - de Pierre de Coubertin. Traductions défaillantes, anglais choisi même par des officiels et athlètes de pays membres de la francophonie, défense molle du français dans les instances olympiques, le rapport dresse le tableau sombre du recul de la francophonie. 3 % seulement des connexions sur le site officiel des Jeux le furent en version française. La conférence de presse de la candidature de Paris 2012 s’est également tenue en anglais. Pour Pékin en 2008, que pèseront les 170 millions de francophones dans le monde, face aux anglophones et à un milliard de Chinois ? Quel accès aux images télévisées des futurs Jeux auront les pays pauvres francophones, bien en peine d’envoyer des journalistes ? Raison de plus, pour Hervé Bourges, de prendre contact dès maintenant avec le comité d’organisation chinois.

Cette préoccupation linguistique, à l’heure où l’ancien journaliste reconnaît que les Jeux se déroulent désormais « dans une société dominée par la mondialisation et guidée principalement par des intérêts économiques, commerciaux et publicitaires » pourrait paraître désuète. Au-delà des questions de culture, voire d’identité, c’est « un vrai problème de survie» de la francophonie qui est posé, selon lui. Rappelant les conditions de naissance de cette francophonie, Hervé Bourges se défend d’un néocolonialisme et cite l’écrivain algérien Kateb Yacine, pour qui le français fut « un remarquable butin de guerre ».

L. V.

 

Source : L'Humanité, journal du samedi 23 octobre 2004

 

 

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