Francophonie :

Publications multilingues contre science « unitariste »

Il faut multiplier les publications scientifiques multilingues « sinon on va vers un modèle unitariste de la science », a lancé vendredi à Montréal le commissaire général du Forum mondial de la langue française, Michel Audet*.

« On doit avoir des revues scientifiques multilingues », a affirmé M. Audet lors d'un colloque international intitulé « La francophonie des savoirs, moteur du développement » et marquant le 50e anniversaire de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF).

« Même si les chiffres sont un peu dévastateurs - moins de 2% des articles dans le monde sont publiés en français -, il ne faut pas lancer la serviette parce que sinon on va vers un modèle unitariste de la science » a-t-il précisé, remplaçant par une expression québécoise le traditionnel « jeter l'éponge ».

Il faut, a-t-il poursuivi, faire attention à l'hégémonie de la langue anglaise, véritable « véhicule de communication », car au-delà de la langue, c'est « une façon d'appréhender les progrès scientifiques dans le monde ».

Un propos qu'appuie le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton : « devant l'homogénéité de la culture et l'omniprésence de l'anglais, notre langue (...) constitue plus qu'une valeur commune, mais une valeur ajoutée ».

Mais attention, a conclu Michel Audet, si l'AUF doit rester la « locomotive du français dans les publications scientifiques », il ne faut pas s'enfermer dans le monolinguisme et s'ouvrir au portugais, au mandarin...

« Il y a beaucoup à refaire au niveau de l'Agence », a déclaré à l'AFP Jean Crépin Nyamsi, chercheur à l'Université du Québec à Montréal. Il fait ses recherches en français mais publie en anglais parce que « c'est plus porteur ».

Il souhaite pourtant continuer à travailler en français mais il déplore l'attitude des universités francophones qui ne font pas confiance aux jeunes chercheurs et la difficulté pour avoir des bourses. Les chercheurs vont donc « trouver refuge dans les pays anglophones (...) où l'ouverture dans la recherche est plus grande ».

« Les étudiants africains, par exemple, obtiennent plus facilement des titres de séjour pour étudier dans certains pays anglophones que dans certains pays francophones importants, il faut donc faciliter la mobilité internationale », a indiqué de son côté Michel Audet.

En dix ans, le nombre d'adhérents de l'agence a doublé. Près de 800 établissements en sont membres.

Avant de devenir membre de l'AUF, « nous nous sentions isolés », a dit à l'AFP le ministre de l'Education nationale de Djibouti, Adawa Hassan Ali, qui cherche à développer la « francophonie dans l'océan anglophone ».

Et pour cela, a-t-il assuré, l'AUF les aide beaucoup et surtout, Djibouti se sent moins seule.

 

Montréal © 2011 AFP

 

* Michel Audet est le représentant du gouvernement du Québec au sein de la Délégation permanente du Canada auprès de l’UNESCO. Avant d’entrer en fonction, le 5 février 2007, il était professeur titulaire au Département des relations industrielles de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval. À ce titre, il a dirigé l’Institut Technologies de l’information et Sociétés (ITIS), voué à la production et au transfert des connaissances sur l’usage des technologies de l’information dans toutes les sphères de la société. Il a également été directeur innovation et transfert au Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO) en plus d’y avoir occupé le poste de directeur scientifique pendant de nombreuses années.

En tant que représentant du gouvernement du Québec à l’UNESCO, M. Audet œuvre à faire connaître, à promouvoir et à valoriser les compétences du Québec afin de contribuer aux grands chantiers de l’éducation pour tous dans le cadre des objectifs du millénaire, de la lutte à la fracture numérique dans le contexte de la société de l’information, de la mise en œuvre de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ainsi que de la réforme et de réorientation des grands programmes des sciences.

M. Audet est titulaire d’un doctorat en relations industrielles de l’Université de Montréal. Ses nombreuses publications sur le monde du travail et des organisations lui ont valu le Prix du Ministre de l’éducation, le prix François Albert Angers de l’École des HEC, ainsi que le prix de Professionnel émérite de l’Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles (ORHRI).

 

 

Source : tv5.org, le 23 septembre 2011

http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1911-francophonie-publications-multilingues-contre-science-unitariste.htm?

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