Royal présidente de l'Association internationale des régions francophones

PARIS, 28 octobre 2010 (AFP)  

La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes a été élue à l'unanimité à la tête de l'Association internationale des Régions francophones (AIRF), a annoncé jeudi un communiqué de cette organisation regroupant 140 régions dans 26 pays.

« Cette élection est la reconnaissance d'une autorité morale et de l'efficacité de son action pour défendre les valeurs du développement durable et de la diversité culturelle », a estimé le président sortant Thierry Cornillet, cité dans le communiqué.

Il a également salué « l'exemplarité des actions de coopération que mène la Région Poitou-Charentes ».

Composée de présidents de collectivités ou territoires régionaux où la langue française est en vigueur, l'association a pour but d'établir entre les communautés régionales francophones des coopérations et de mettre en œuvre « une francophonie de proximité ».

Elle vise notamment à mettre en place « des actions concrètes pour l'écologie, l'éducation et l'emploi », selon le communiqué.

L'élection de Mme Royal s'est faite à l'issue des premiers états généraux de la francophonie décentralisée, qui ont rassemblé mercredi et jeudi à Lyon plus de 600 participants de 30 pays francophones.

 

© 2010 AFP

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Communiqué de l’AIRF à l’issue de l’élection à l’unanimité de Ségolène Royal, le jeudi 28 Octobre à Lyon lors des premiers États Généraux Décentralisés de la Francophonie.

« L’Association Internationale des Régions Francophones (AIRF) est fière et honorée de l’élection à sa tête de Ségolène Royal, Présidente de la Région Poitou-Charentes, ancienne ministre et candidate à l’élection présidentielle en 2007.

Elle a été sollicitée par de nombreuses régions du monde et cette élection est la reconnaissance d’une autorité morale et de l’efficacité de son action pour défendre les valeurs du développement durable et de la diversité culturelle. L’élection de Ségolène Royal à la tête de cette instance récompense l’excellence des actions de coopération décentralisée menées par la Région Poitou-Charentes qu’elle préside, avec ses régions partenaires situées au Québec, au Sénégal, au Vietnam et en Inde. »
 

 

Chers amis,

C’est avec plaisir et honneur que j’ai accepté de prendre la présidence de l’AIRF, qui regroupe aujourd’hui 140 régions dans prés de 30 pays du monde.

Composée de présidents de collectivités ou territoires régionaux où la langue française est en vigueur, l’association a pour but d’établir entre les communautés régionales francophones des coopérations et de mettre en œuvre « une francophonie de proximité ». Elle vise notamment à mettre en place « des actions concrètes pour l’écologie, l’éducation et l’emploi. »

J’ai été élue à l’unanimité le jeudi 28 Octobre à Lyon, à l’issue des premiers États Généraux décentralisés de la Francophonie . J’ai été touchée par les nombreuses déclarations de respect et de considération des délégations qui m’ont élue et je mesure tout ce que cette unanimité porte en elle de confiance et de désirs d’aller ensemble encore plus loin.

Pour moi, la Francophonie n’est pas un combat d’arrière garde. Bien au contraire, elle peut devenir un modèle dans le nouvel équilibre du monde, comme je le disais, le 21 septembre 2007, à l’Université de Montréal , au Québec :

« Il y aura en 2050, 300 millions d’hommes et de femmes qui parlent français. Nous souhaitons qu’il y en ait davantage encore. Tous les Francophones sont de cultures, de continents différents et, pourtant, ils ne s’opposent pourtant pas. Et c’est en cela que la Francophonie peut devenir modèle d’un nouvel équilibre mondial (…) Or je sais aussi que pour certaines élites, en France, promptes à épouser les conformismes dominants, la francophonie serait dépassée, hors de la modernité. Quel contresens ! Je crois, moi, à la modernité de cet espace dessiné par le partage d’une langue et la volonté de la défendre, de la promouvoir, dans le concert du monde. (...) Le français est, avec l’anglais, la seule langue parlée sur tous les continents : que de fenêtres ouvertes sur le monde ! La langue n’est pas qu’un vernis ou une marchandise, elle est ce qui porte et structure la pensée. Et au risque de vous surprendre, je vous dirais que la monoculture appauvrit la pensée comme elle appauvrit les sols. Et c’est pourquoi je crois qu’il y a un lien d’ailleurs très direct entre le combat culturel et le combat environnemental, c’est-à-dire entre la diversité culturelle et la biodiversité, toutes les deux étant en quelque sorte des sciences du vivant. »

Voilà ce que j’avais dit à nos amis québécois en 2007.

Et comme je ne crois qu’à la politique par la preuve, en Poitou-Charentes, j’ai fait des coopérations décentralisées l’une de nos priorités, car il s’agit, à mes yeux, d’un enjeu fort pour la Francophonie.

Nous développons ainsi depuis plusieurs années des partenariats avec plusieurs régions francophones.

Avec le Québec, avec lequel nous sommes unis par des liens historiques (le fondateur du Québec Samuel Champlain était natif de notre région et un quart des migrants français aux 16e et 17e siècles venaient du Poitou-Charentes) nous avons mis l’accent sur la recherche permettant de développer les technologies agro-environnementales et les éco-carburants, les énergies renouvelables et la construction bois.

Avec la Région de Fatick, au Sénégal, nous soutenons un programme de développement des énergies renouvelables. Dans cette région qui fait face aux effets du changement climatique, soumise à des sécheresses de plus en plus fréquentes, cela permet d’améliorer durablement les conditions de vie des populations en évitant la déforestation. Nous y avons accompagné la création d’une filière de production de fours économes en énergie pour préserver les ressources en bois, grâce à la formation d’artisans et à l’implication des femmes de plusieurs villages. La diffusion de lampes solaires dans les lieux isolés de la région, à la place des lampes à pétrole, a contribué à améliorer les conditions d’éclairage des ménages isolés des zones rurales. Est également développé un programme d’expérimentation d’éoliennes, pour valoriser les ressources naturelles de cette région.

Nous avons également crée des bourses « Désirs d’entreprendre » pour l’emploi. Inspirées des bourses  » Désirs d’entreprendre » qui fonctionnent parfaitement en Poitou-Charentes, le programme a pour objectif de réduire le sous-emploi et l’exode rural des populations de la région en favorisant la création d’activités économiques, en particulier au profit des jeunes et des femmes. Il appuie financièrement des porteurs de projets et leur facilite l’accès au crédit.

L’excellence de ce partenariat a été reconnu par le PNUD avec lequel nous travaillons désormais de concert.

En 2005, après le tsunami qui a ravagé une partie de l’Asie du Sud-est, le Poitou-Charentes a lancé une grande mobilisation régionale afin d’aider à une reconstruction durable dans l’État du Tamil Nadu et l’Union territoriale de Pondichéry, notamment pour la désalinisation rapide de terres agricoles envahies par la mer dans des villages où la population vivait déjà sous le seuil de pauvreté. Mais au-delà de l’urgence, il nous a semblé essentiel d’entreprendre un partenariat au long cours avec le Tamil Nadu et Pondichéry.

Nous y soutenons des actions d’éducation et de formation et grâce à un système de microcrédit innovant, nous avons pu soutenir le développement de l’élevage caprin et bovins auprès de 640 familles vivant sous le seuil de pauvreté.

Cet exemple invite à penser les nombreuses possibilités pour renforcer la coopération Sud-Nord, comme nous le faisons également dans le domaine de l’élevage caprin, de la riziculture, de l’éco-tourisme, de la formation et de la culture, avec nos amis sénégalais, indiens, québécois, mais aussi vietnamiens et haïtiens.

Tous ces exemples nous montrent à quel point la Francophonie peut contribuer à ce nouvel équilibre mondial. Présente sur les cinq continents, elle est confrontée aux grands Objectifs du Millénaire : lutte contre la pauvreté, renforcement de l’éducation, amélioration de la santé…

Cette Francophonie qui nous anime doit désormais répondre à trois défis :

- Un monde juste

- Un développement durable et solidaire

- Une appropriation citoyenne des questions primordiales des populations

Pour cela, l’action des Régions est fondamentale, car elle a démontré qu’elle pouvait associer les réalités locales dans un environnement global. Nous devons réussir cette nouvelle étape dans un monde où la globalisation touche au quotidien des peuples.

Notre nouvelle équipe devra pour cela entamer un dialogue constructif avec les Instances de la Francophonie et les grandes Organisations internationales pour que nos membres prennent leur place à part entière.

Je m’y engage en tant que Présidente de l’AIRF, pour construire ensemble une Francophonie soucieuse d’efficacité dans des actions communes pour l’éducation, l’écologie, l’emploi et la santé. Je proposerai très rapidement des actions concrètes aux régions du monde.

 

Très amicalement

Ségolène Royal

 

Source : bsavenir.fr, le 6 novembre 2010

Possibilité de réagir sur : http://www.bsavenir.fr/?p=5222&cpage=1

 

 

 


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