La désinformation et la crise en Côte d'Ivoire

La tyrannie et ses mensonges

Le calvaire que le grand capital assoiffé de pétrole et de profits fait vivre au peuple ivoirien est une immense injustice qui est d’autant plus intolérable qu’elle se produit dans l’indifférence d’une grande partie de mes compatriotes québécois. Depuis bientôt cinq mois, malgré toute ma bonne volonté et mes efforts personnels pour sensibiliser en particulier la classe politique et les médias, j’observe impuissant les Ivoiriens, admirables résistants, se battre seuls contre l’argent des maitres du monde et les fusils de leurs valets. Je pleure et je me réveille la nuit en les entendant gémir, appeler à l’aide.

Une multitude de blogues, de pages Facebook, de canaux Twitter et de sites Web ivoiriens et africains sont parcourus de cris d’indignation et de hurlements de douleur qu’efface sans peine le vacarme assourdissant de la machine de guerre occidentale. À peine audibles, les lamentations des victimes de Duékoué, de Gagnoa, de San Pedro, d’Abidjan et du reste de la Côte d’Ivoire se perdent dans les abysses cybernétiques, tandis que les vampires qui boivent goulument le sang des Africains perpètrent tranquillement leurs crimes sous un déluge de média-mensonges. Avez-vous remarqué le silence de Radio-Canada depuis que l’affaire est prétendument réglée ? Avez-vous remarqué comme cette bande de journalistes à gages se tient coite depuis l’enlèvement de Laurent Gbagbo par les Français, qui l’ont remis à de sombres brutes pour qu’il soit humilié et séquestré avec sa femme, Simone ?

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Le gros mensonge initial

La crise provoquée volontairement par l’ONU en Côte d’Ivoire a été déclenchée par un mensonge initial, c’est-à-dire le mensonge de la victoire électorale d’Alassane Ouattara. Ni Ouattara, ni l’ONU n’ont accepté que l’on recompte les voix, comme l’a constamment demandé Laurent Gbagbo, et ce, pour une raison évidente : un examen impartial de ce qui s’est passé lors du second tour aurait clairement mis en évidence le mensonge et aurait démontré la victoire de Laurent Gbagbo.

Compte tenu des énormes pressions exercées sur Laurent Gbagbo, l’élection a eu lieu même si les rebelles n’avaient pas désarmé comme convenu dans les accords de paix. (Après le feu d’artifice de la destruction des armes des forces ivoiriennes, en quelques jours, on voit bien maintenant que la France et l’ONU auraient eu amplement les moyens de désarmer les rebelles sur une période trois ans, si elles avaient voulu.) Le premier tour se tient le 31 octobre 2010 et le second, le 28 novembre. Laurent Gbagbo est premier le 31 octobre avec 38 % des voix, contre 32 % pour Alassane Ouattara et 25 % pour Henri Konan Bédié.

Au premier tour, Young-Jin Choi, le représentant de Ban Ki-moon en Côte d’Ivoire, attend la proclamation par le Conseil constitutionnel pour attester, au nom de l’ONU, que l’élection s’est tenue dans le respect des règles. Le second tour entrainera un imbroglio. M. Choi n’attendra pas la proclamation du Conseil constitutionnel et attestera plutôt le résultat fictif donné par le président de la Commission électorale indépendante.

Les membres de la Commission électorale indépendante (CEI) n’arrivent pas à s’entendre, car des irrégularités importantes entachent les résultats dans la zone occupée par les rebelles (zone CNO). Après trois jours, le délai de la CEI est expiré et elle doit remettre le dossier au Conseil constitutionnel, comme le prévoit le Code électoral de la Côte d’Ivoire. Mais, après l’expiration du délai, le 2 décembre, coup de théâtre, le président de la CEI, Youssouf Bakayoko, se rend au QG d’Alassane Ouattara pour y annoncer la victoire de ce dernier.

M. Bakoyoko est emmené au QG de M. Ouattara par les ambassadeurs des États-Unis et de la France. Il n’est accompagné d’aucun autre membre de la CEI. Seuls des journalistes étrangers sont présents au moment de l’annonce. Aucun journaliste ivoirien n’est sur place. Serait-il normal que le lieutenant-gouverneur du Québec arrive dans une voiture de la GRC au QG de campagne du Parti libéral du Québec, pour y annoncer le résultat des prochaines élections générales québécoises, sans égard aux prérogatives du directeur général des élections, en présence uniquement de journalistes du Globe and Mail, de l’Ottawa Citizen et du Calgary Herald ?

Sans attendre la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, qui est le seul habilité à le faire selon la Constitution de la Côte d’Ivoire, Young-Jin Choi atteste les résultats annoncés par Youssouf Bakayoko. Selon M. Choi, de nombreux agents de l’ONUCI avaient été déployés sur l’ensemble du territoire national pour rendre compte du déroulement du scrutin. Ils ont pu constater que l’élection s’est tenue dans de bonnes conditions et que, s’il y a eu des irrégularités, elles sont mineures et ne justifient pas une remise en question du résultat. Voilà le gros mensonge fabriqué par l’ONU qui est à l’origine de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire.

Le Conseil constitutionnel, la plus haute autorité judiciaire au pays, comme la Cour suprême au Canada, n’est pas du tout du même avis que M. Choi. Lui et beaucoup d’autres observateurs constatent des fraudes massives et des violences commises dans les zones sous l’emprise des rebelles toujours armés. Yao N’dré, président du Conseil constitutionnel, annonce la décision de ce dernier. Laurent Gbagbo a remporté l’élection présidentiel. Le résultat définitif est le suivant :

Laurent Gbagbo : 51,45 %

Alassane Ouattara : 48,55 %

 

 

Il est à noter, par exemple, que, dans environ 500 bureaux de vote de la zone CNO, Laurent Gbagbo obtient 0 voix, ce qui veut dire que même ses propres représentants n’auraient pas voté pour lui, alors qu’il avait obtenu beaucoup de votes dans ces bureaux, au premier tour.

Contrairement à ce qu’affirme le menteur onusien Choi, de nombreuses délégations d’observateurs constatent des fraudes massives dans la zone CNO : des vols d’urnes par des soldats rebelles, des séquestrations d’observateurs, des votes multiples, des faux bulletins sans hologramme, des bourrages d’urnes, l’empêchement de voter des partisans de Laurent Gbagbo, des agressions physiques contre eux ainsi que de nombreux préjudices matériels. L’un des observateurs de l’Union africaine, Mohamed Aref, témoigne de l’énorme manipulation. Pour lui, c’est très simple : les chiffres de Choi sont truqués.

 

Bien que la Constitution de la Côte d’Ivoire ne prévoie aucun recours contre les décisions du Conseil constitutionnel, les partisans d’Alassane Ouattara et leurs alliés occidentaux font valoir que le président de ce conseil a été nommé par Laurent Gbagbo. Est-ce une raison pour balayer du revers de la main la décision des juges ? Au Canada, par exemple, les juges de la Cour suprême sont nommés par le premier ministre. Le Québec a-t-il demandé aux casques bleus de bombarder Ottawa lorsque la Cour suprême du Canada a invalidé de nombreuses dispositions de la Charte de la langue française ?

Les partisans d’Alassane Ouattara et leurs alliés occidentaux font aussi valoir que, selon l’article 64 du Code électoral, le Conseil constitutionnel avait l’obligation d’ordonner la reprise du scrutin dans les 45 jours s’il constatait des irrégularités graves. Or, cet argument revient à donner plus de pouvoir à la CEI qu’au Conseil constitutionnel et à nier à ce dernier sa fonction de juge suprême en matière d’application des lois. Le Code électoral est une loi de la Côte d’Ivoire, qui doit être interprétée à la lumière de la Constitution et du reste du cadre juridique du pays.

De plus, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la tenue d’un scrutin honnête dans les zones sous l’emprise des rebelles aurait été difficile sans désarmement. Vu les circonstances, la plus haute autorité judiciaire avait le droit de prendre la décision qu’elle estimait dans l’intérêt du pays.

La Côte d’Ivoire étant un État souverain doté d’institutions démocratiques, il ne revient pas à la communauté internationale, mais bien à la population ivoirienne de choisir elle-même son président. Au Canada, accepterait-on que la « communauté internationale » proclame le vainqueur des élections et exerce des pressions énormes pour que les Canadiens acceptent ce choix ? Les litiges électoraux sont courants dans le monde. Chaque fois, on laisse les autorités administratives et judiciaires du pays les régler. Pourquoi veut-on que ce soit différent en Côte d’Ivoire ? Parce que la population est de race noire ?

Pour ajouter l’insulte à l’injure, lorsque l’Union africaine a formé un comité d’experts pour se pencher sur le litige, ce comité n’a pas du tout examiné le fond de la question, c’est-à-dire les documents électoraux. Il s’est borné à interroger divers acteurs du dossier et s’est appuyé sur les résultats fictifs de Choi ainsi que sur une erreur d’appréciation grave. L’Union africaine étant financée à 80 % par l’Union européenne, elle est peuplée de menteurs qui sont sur la même liste de paye que les menteurs onusiens. Voici un extrait de la réplique du gouvernement Gbagbo au rapport du comité d’experts, réplique que l’on pouvait trouver dans le site de la présidence de la Côte d’Ivoire, mais qui s’est volatilisée puisque Ouattara a fait fermer le site. Heureusement, j’en avais conservé une copie :

« L’Union Africaine fonde […] sa décision sur une erreur d’appréciation grave commise par le groupe d’experts, à savoir que la requête en annulation du Candidat Laurent GBAGBO portait sur quatre (04) et non pas sept (07) départements. Selon eux, en annulant sept au lieu de quatre, le Conseil Constitutionnel est allé au-delà de ce qui lui était demandé. En vérité, le Conseil Constitutionnel était saisi pour annuler huit (08) départements : Bouaké, Katiola, Dabakala, BoundiaIi, Korogho, Ferké, Beoumi, Sakassou. Le Conseil a éliminé seulement sept (07) : Bouaké, Katiola, Dabakala, Boundiali, Korogho, Ferké, Séguéla soit moins que ce qui lui était demandé. Cette confusion grave apparaît comme une manœuvre délibérée pour discréditer la décision du Conseil Constitutionnel et arracher la décision des membres du Panel et du CPS en faveur d’Alassane Ouattara. »

Les lecteurs qui souhaitent vérifier dans les détails l’information ci-dessus peuvent consulter le site International Watch, où ils trouveront des documents officiels relatifs au second tour de l’élection présidentielle, y compris beaucoup de preuves des fraudes massives.

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