L’avenir de la langue française
Avec toutes sortes de conséquences, que rappelle un récent article de la revue Internet « Slate » : le français en Afrique va évoluer vers une version « tropicalisée ». C’est désormais une langue soumise à des transformations profondes dues à une utilisation « aussi imparfaite que succulente » dit l’article. Je cite le commentaire de Damien Glez, dessinateur burkinabé, qui dirige le Journal du Jeudi, le plus connu des hebdomadaires satiriques d'Afrique de l'Ouest. C’est dans les zones francophones d’Afrique que la langue française évolue; ou peut-être faudrait-il dire “les” langues françaises. Certains Africains restent fidèles à la syntaxe la plus ampoulée et au vocabulaire le plus désuet. D’autres malaxent les idiomes jusqu’à les acclimater en un argot changeant, tel le « nouchi » de Côte d’Ivoire »
La présence du français en Afrique est une conséquence de la colonisation. L’avenir et le sort du français sont donc, toutes proportions gardées, peut-être en train de rejouer après deux millénaires, ce qui s’est passé avec la langue latine : son extension autour du bassin méditerranéen, liée à l’extension de l’empire romain, a fait éclater le latin en divers rameaux dont sont sorties les langues justement appelées « romanes ». Elles sont toutes issues de différents latins parlés dits « vernaculaires », mot qui signifie « propre à la maison, familial, indigène ». Le latin classique est devenu une langue savante, une langue d’église, ou de diplomatie, de moins en moins parlée. Ça a tout de même pris des siècles. Le français « classique » a peut-être donc devant lui un avenir comparable à celui du latin, celui de devenir comme le latin classique, une langue de culture, et une norme de régulation, indispensable à la création linguistique. Le latin a joué ce rôle auprès des langues romanes tant qu’il a été enseigné. Le français serait conduit à le jouera auprès des langues qui en sortiront. Car Léopold Sédar Senghor l’a bien dit : « pour pouvoir bousculer, sans dommage, la langue française, il faut, d’abord, l’avoir maitrisée dans de longs exercices, comme le cavalier qui a dompté une pouliche rebelle ».
Source : franceculture.fr, le vendredi 4 avril 2014
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La langue française en 2050 La langue française deviendra la 2e ou 3e langue internationale à l'horizon 2050. Et le nombre de francophones devrait tripler. En déclin ces dernières décennies, le français, longtemps langue de la diplomatie et de la culture, va-t-il prendre sa revanche sur l'anglais et devenir la langue la plus parlée au monde en 2050 ?
La réalité est plus complexe La méthodologie du rapport est toutefois contestée par de nombreux sites : « Il compte comme francophone tous les habitants des pays dont la langue officielle est le français, ce qui n'est probablement pas le cas », estime par exemple Forbes. Les projections de Natixis ne tiennent également pas compte de la pratique de plusieurs langues dans un certain nombre de pays considérés comme francophones, précise à L'Express, Alexandre Wolff, responsable de Observatoire de la langue française ; « dans d'autres, le français est la langue nationale, mais pas la plus parlée. Il n'empêche que le français est souvent la langue commune dans des pays aux nombreux idiomes. C'est la langue des médias, de l'administration et des échanges économiques », explique-t-il.
760 millions de francophones en 2060
Aujourd'hui, quelque 220 millions de personnes répartis sur plus de 75 pays et territoires parlent la langue de Molière, selon l'organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Merci l'Afrique Pour Alexandre Wolff, le français, pour l'instant la quatrième langue internationale, se classera certainement au deuxième ou au troisième rang en 2050. La langue de Shakespeare « restera très probablement la langue la plus usitée du monde à cette échéance ». Il ne met en revanche pas le mandarin, la langue parlée par la majorité des Chinois, sur le même registre, puisqu'il ne s'agit pas d'une langue transnationale comme l'anglais, l'espagnol, l'arabe ou le portugais. Cette belle performance ne sera en tout cas possible que grâce à l'Afrique : 85% des francophones seront en Afrique en 2050, estime l'OIF. Compte tenu du vieillissement prévisible de la population en Europe, l'Afrique comptera plus de 90% des jeunes francophones de 15-29 ans en 2050.
Estimé à 220 millions en 2010, le nombre de francophones pourrait atteindre les 715 millions en 2050, dont 85% en Afrique selon l'Observatoire de la langue française.
Reuters/Unicef/Finnbar O'Reilly
Source : lexpress.fr, le mercredi 26 mars 2014 Possibilité de réagir à cet article sur :
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